Les data en forme
Géolocalisation des plans sociaux, confiance au travail ou encore résumé de la présidentielle en data : la veille des journalistes de données d'Owni commence par du sérieux, mais ne vous inquiétez pas, on parle aussi de vin, de fromage, et de data-bijoux.
Bientôt un mois que François Hollande a été élu à la Présidence de la République : l’occasion ou jamais de se plonger dans cette vidéo de trois minutes réalisée par l’institut d’études et de sondages Opinion Way, qui retrace cette campagne présidentielle sous l’angle de la préoccupation des Français, le tout au moyen d’une mise en scène dynamique et soignée. Les candidats ont même pris un coup de jeune.
Une crise violette
On y apprend notamment que 46 % des Français ont voté en ayant en tête “la dette et les déficits”. Pour approfondir cette thématique chère aux Français, l’application “Eurozone crisis : more than debt” vaut le détour. Graphiquement, pas tellement, mais les fonctionnalités et données proposées sont intéressantes. L’application permet de visualiser, pour 12 pays européens, l’évolution de 7 indicateurs révélateurs de l’intensité de la crise (croissance du PIB, taux d’intérêt, taux de chômage, taux d’investissement…) de 2006 à 2012 au moyen d’une frise chronologique.
La sélection des pays s’effectue par une check box sur la gauche. Restent affichées, quelques soient les pays sélectionnés, une zone violette formée par les valeurs maximales et minimales obtenues par chaque indicateur et une ligne bleue indiquant la médiane.
Les évolutions entre 2006 et 2011 sont particulièrement visibles grâce à la présence de ces deux variables : la zone se déplace vers le bas au fur et à mesure des années (notamment pour l’indicateur dette) et elle est également plus étendue, montrant que les inégalités au sein de la zone euro se sont aggravées.
L’optimisme européen
Le Guardian et sa section Europa – qui regroupe des articles et des projets menés en collaboration avec six grands médias européens : The Guardian, el Pais, Le Monde, la Stampa, Gazeta et Süddeutsche Zeitung – s’est saisi de la récurrente question de l’emploi et du chômage à travers un angle résolument subjectif en réalisant un sondage à grande échelle sur la confiance en sa situation professionnelle.
Première étape : entrer sa ville, son pays, et ce que nous inspire nos perspectives professionnelles dans les deux ans à venir (très optimiste, relativement optimiste, neutre, relativement pessimiste, très pessimiste). Deuxième étape : la consultation de la carte d’Europe où à chaque réponse a été associée un point, coloré selon le choix effectué. Bien que le nombre de participations soit très supérieur au Royaume-Uni, il se dessine néanmoins des tendances, avec plus d’optimisme dans le nord de l’Europe que dans le sud (Espagne, Italie, Grèce).
Géolocalise ton plan social
La thématique de l’emploi questionne également les médias français. Le Parisien a lancé la semaine dernière une carte interactive des plans sociaux en métropole. Actuellement 63 opérations sont répertoriées, pour un total de près de 45 000 emplois menacés. La carte présente des informations précises, avec un pictogramme par secteur et une fiche regroupant nom de l’entreprise, lieu, secteur d’activité, nombre d’emplois menacés, contexte, source. Le tout donnant un point de vue global sur des situations (Florange, Aulnay…) souvent évoquées de manière isolée et individuelle.
Le tweet en mouvement
Après toutes ces applications sérieuses, il est temps de se faire un peu plaisir à la pupille. Pour cela, jetez un coup d’oeil à la visualisation des flux humains réalisée par Jeff Clark.
Inspirée de la cartographie du vent dont nous vous avions déjà parlé dans les Data en forme réalisée par les concepteurs de ManyEyes Fernanda Viégas et Martin Wattenberg, désormais à la tête du groupe de recherche sur la visualisation de Google (excusez du peu), “Movement in Manhattan” utilise les tweets géolocalisés comme matière première pour interroger le lien entre mouvements des personnes et paysage urbain.
Ce mouvement est révélé dans la transition du bleu au rouge : les traces débutent au point bleu pour graduer vers le violet puis le rouge. L’intérêt de cette visualisation réside tant dans son rendu graphique que dans l’analyse de Jeff Clark de sa propre démarche. Il détaille sa méthodologie, ses sources, ses points de satisfaction et de déception. Il alerte par exemple sur certaines zones où les données, trop peu nombreuses, risquent de dessiner des schémas étonnants qui n’auraient en fait pour seule justification qu’un manque de consistance.
Son travail est également à découvrir en vidéo :
A lire et à manger
Après nous avoir nourri les yeux, quelques liens pour nous nourrir l’esprit : l’incontournable “Pour en finir avec le mythe de la donnée brute” par Simon Chignard qui replace les données, leur construction et leur éventuelle manipulation dans leur contexte.
Puis, n’oubliez pas de jeter un oeil aux lauréats des premiers Data Journalism Awards remis la semaine dernière par Google, le Centre européen du Journalisme et le GEN.
Et pour vous nourrir, au sens propre, la data peut vous aider aussi. Le très joli site “Fat or Fiction” vous renseigne sur le nombre de calories d’une petite base d’aliments et surtout vous les classe par catégorie. Vous saurez ainsi s’il vaut mieux choisir des Twix ou des KitKat, du vin rouge ou une Guinness.
Le sujet “Data / nourriture” a même son podcast : il s’agit du sixième épisode des émissions dédiées à la data intitulées “Data stories” et réalisées par Enrico Bertini et Moritz Stefaner, deux grands spécialistes de la datavisualisation.
Un bijou de data
Nous avons le plaisir de vous annoncer que nous avons, au travers de notre veille, découvert deux nouveaux usages à la data.
Premièrement, vous pouvez vous en servir pour tester votre famille, vos amis, vos collègues de travail et vérifier qui vous a le mieux souhaité votre anniversaire. Akshan Ish, graphique designer indien a ainsi recensé sur une data vizualisation qui lui avait souhaité son 22ème anniversaire, à quel moment de la journée, et selon quel moyen. A lui ensuite d’analyser ses données, et d’en tirer toutes les conséquences…
Ensuite, vous pouvez également transformer vos data en bijoux. Ou tout du moins vous pouvez vous baser sur vos données pour créer des bijoux. C’est ce que propose la société Meshu : sur une carte, placez les points que vous souhaitez (différentes étapes d’un voyage important, vos derniers lieux d’habitation, etc.). La société génère un “meshu”, une sorte de polygone réalisé en reliant les coordonnées des différents points et que vous pouvez porter en collier, bracelet ou boucles d’oreilles. Vous pouvez même utiliser vos données Foursquare et choisir vos localisations préférées : data-style à tous les étages…
Vous souhaitant une bonne data semaine /-)
Retrouvez tous les épisodes des Data en forme !
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