Manifestation contre Moubarak à Paris

Le 29 janvier 2011

Samedi 29 janvier à 14h, des Egyptiens, mais aussi des Tunisiens et des Algériens, se sont rassemblés place de l'Uruguay à Paris pour protester contre la corruption du pouvoir et demander le départ de Moubarak et de son gouvernement.

Mourabarak, Dégage ! Moubarak, Décadence ! Moubarak, Dictateur !

Le ton est donné par les manifestants rassemblés aujourd’hui à Paris près de l’ambassade d’Egypte. Dans la foule, de nombreux Égyptiens, mais aussi des Tunisiens et Algériens, venus “défendre la cause de [leurs] frères égyptiens” et relayer l’appel à la démission du gouvernement Moubarak.

Ils font écho aux nombreux manifestants qui secouent l’Egypte depuis hier, réclamant parfois au péril de leur vie la fin du régime d’Hosni Moubarak, à la tête du pays depuis 30 ans.  A 23h30, Moubarak était intervenu sur Al Jazeera, annonçant la démission du gouvernement, effective ce matin. Aujourd’hui, la mobilisation du peuple égyptien ne faiblit pas: des milliers de personnes étaient encore dans les rues des grandes villes du pays, et massivement sur la place Tahrir, au Caire.

Sur la place d’Uruguay à Paris, le message est clair : renvoyer Moubarak pour mettre en place une démocratie en Égypte. En début de rassemblement, quelques personnes se réunissent sur la petite place. Un manifestant, réfugié en France depuis plusieurs années, se fait le porte-voix du groupe face aux caméras. Il dit n’avoir jamais eu la chance de voter, ni d’avoir eu le choix d’un parti politique et d’un projet pour son pays.

Il ne faut pas laisser quelqu’un nous voler notre révolution. Nous on ne veut pas être des imbéciles, ni jouer le jeu de l’Amérique. On attaquera les soldats s’ils sont alliés à Moubarak. Je n’ai jamais voté, je serai content de le faire. L’Egypte n’est pas une monarchie. Moubarak et son fils doivent partir.

Beaucoup souhaitent un changement radical allant au delà du simple changement de régime: le droit de vote, la liberté d’expression, les droits de l’Homme, l’égalité hommes-femmes…

Certains insistent sur le rôle d’Internet dans la mobilisation.  De nombreux Égyptiens, expulsés ou réfugiés en France, ont continué leur combat sur les réseaux sociaux dont Twitter, nous confie une manifestante. Dès qu’Internet a été coupé en Egypte, ainsi que les communications par SMS, de nombreux moyens alternatifs ont été mis en place pour  permettre aux contestataires du régime de communiquer et de s’organiser.

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Quelques dizaines de minutes plus tard, la place d’Uruguay est couverte de manifestants sous le regard du Général Artigas, le libertador de l’Uruguay. C’est une révolte et une colère contenues depuis une génération qui éclatent aujourd’hui sur cette petite place isolée du 16ème arrondissement de Paris, à deux pas des Champs-Elysées. Des drapeaux, des affichettes en format A4, ou des cartons sur lesquels on peut lire en français ou en arabe : “Solidarité avec le peuple égyptien, Moubarak assassin”, “Moubarak c’est l’heure de ta retraite, dégage”, “Bravo les jeunes pharaons”, “Solidarité avec la lutte du peuple égyptien”. On trouve également quelques mots, ici où là, pour soutenir la cause palestinienne.
Les mégaphones résonnent, au centre de la place où la foule est maintenant très compacte et électrisée. On scande des slogans en arabe, les mains et les drapeaux s’agitent dans les airs, un homme pharaon monté sur un banc interpelle les manifestants: “Moubarak doit partir !”

Plus tard, des militants du Parti de Gauche et du Nouveau Parti Anticapitaliste arrivent sur place, apportant leur soutien à ces révolutions populaires contre les pouvoirs en place.

A la fin du rassemblement, Olivier Bensancenot déclare:

Olivier Besancenot (NPA)

C’est aussi notre responsabilité de soutenir ici en France ce processus révolutionnaire contre leur gouvernement, et d’en prendre de la graine pour ce qu’on pourrait faire ici.
Je ne sais pas ce que nous réserve l’avenir mais les révolutions sont contagieuses.

D’immenses drapeaux égyptiens sont agités par des manifestants, des drapeaux palestiniens, algériens et tunisiens déploient aussi leurs couleurs dans le froid glacé de Paris. Un groupe de jeunes Tunisiens se tient aux abords de la manifestation : pour eux, c’est un combat historique qui porte déjà ses fruits en Tunisie : “On peut enfin vivre, respirer, parler…”.
Cependant, leur gouvernement provisoire ne les convainc pas. Tous attendent avec anxieté la fin de ces six mois et croisent les doigts pour que les choses changent. Nous rencontrons aussi un jeune couple : elle est Algérienne, il est Égyptien. Eux aussi sont là “pour soutenir les frères, contre la dictature de Moubarak”.

L’espoir et l’attente sont grands, les Égyptiens tiennent à leur révolution qui ne doit pas leur échapper. Leurs regards sont tournés vers leur pays d’origine, mais aussi vers les autres peuples arabes :

Il y a beaucoup d’activistes aujourd’hui qui ont quitté l’Egypte, mais ils ne peuvent pas revenir, parce que revenir, ça veut dire se faire arrêter, et peut-être être tué ! Être opposant et vouloir rester dans le pays, c’est un courage extraordinaire ! Tous les peuples arabes attendent l’Egypte. Si on réussit à dégager notre dictateur, tous les chefs arabes vont partir. C’est le bon exemple pour les pays arabes.

Selon Indymedia Paris Ile-de-France, 90 personnes auraient été interpellées à l’issue de ce rassemblement.

Suivez en direct les évènements sur notre liveblogging : Après la Tunisie, l’Egypte s’embrase.


Son : Romain Saillet
Images : Ophelia Noor

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