OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Festivals en poche http://owni.fr/2012/07/11/festivals-en-poche/ http://owni.fr/2012/07/11/festivals-en-poche/#comments Wed, 11 Jul 2012 08:39:01 +0000 Maxime Vatteble http://owni.fr/?p=115250

En 2012, le marché numérique de la musique est en pleine forme alors que les ventes physiques ne cessent de chuter. L’économie des festivals est elle encore florissante. Greencopper, entreprise basée à Montréal, qui propose depuis 2009 de développer, en natif, des applications Smartphone pour assurer la promotion des grands rassemblements musicaux en Europe, aux États-Unis et au Canada, avait eu le nez creux : elle a progressivement gagné la confiance du milieu et des sponsors et son catalogue compte aujourd’hui plus de 50 applications regroupant les principaux festivals de musiques actuelles de France. Un succès rapide au sein d’un marché en développement.

Miser sur l’expertise

Greencopper est constituée d’une petite équipe de 14 personnes, travaillant entre Montréal et Rennes. L’entreprise a acquis en trois ans d’existence un savoir-faire unique, reconnu par les organisateurs de festivals : en France, leur concurrence se limite désormais à quelques agences freelance, aux États-Unis, l’entreprise rivalise avec Xomo, qui développe, entre autres, l’application du festival geek et musique SXSW. Une réussite liée à l’adaptation : des concerts urbains aux énormes scènes de plein air, l’application proposée doit répondre à des attentes précises correspondant au lieu et au public. La stratégie principale de l’entreprise, présentée par Cécile Martin, directrice marketing, repose toutefois sur une logique de centralisation :

Nous mutualisons les besoins des professionnels. Nous vendons d’abord une licence de base à 3000 euros, comprenant le développement en natif et la maintenance, puis nous proposons une grille de tarifs pour l’ajout de services. Ces coûts peuvent être pris en charge par des partenaires privés. Les années suivantes, nous ne facturons que le coût de développement de nouvelles fonctionnalités ajoutées par les organisateurs, comme le push par exemple. Le but du jeu est de simplifier au maximum les démarches pour les responsables communication et de supporter toutes les contraintes techniques.

L’autre atout de Greencopper est sa connaissance du terrain. D’abord festivaliers avant de devenir prestataires de services, les différents membre de l’équipe assistent aux événements, cherchent de nouvelles idées à partir de leurs propres expériences et rencontrent directement leurs clients. Un lien de proximité très apprécié des organisateurs selon Lénaïc Jaguin, responsable communication du festival Rennais Les Tombées de la Nuit :

Greencopper anticipe en partie nos besoins et travaille directement avec les organisateurs et ses partenaires. L’entreprise prend totalement en charge un des moyens de promotion les plus importants aujourd’hui en matière de visibilité et d’interactivité, ce qui nous permet de réaliser des économies d’échelle. Chaque année nous pouvons également discuter de nouvelles fonctionnalités proposées par Greencopper qui apportent toujours une plus-value.

Après s’être imposée dans un marché émergent, Greencopper s’attache maintenant à fidéliser les utilisateurs en proposant des contenus impliquant davantage les publics. Un objectif qu’elle partage avec les organisateurs.

Page d'accueil des applications Rock En Seine de 2010 à 2012 (Capture d'écran)

Le prolongement communautaire

Le taux d’équipement en Smartphone en France est sur une courbe ascendante. Les applications mobiles, déjà largement utilisées par les festivaliers pour le partage de photos et de vidéo, semblent aussi être un outil prompt à la constitution d’une communauté. Lier la navigation du public aux réseaux sociaux est par exemple une des possibilités déjà expérimentées par les festivals. Dans son application 2011, téléchargée environ 40 000 fois, Rock en Seine proposait aux spectateurs de joindre leur compte Facebook au service de géolocalisation. Fleur Richard, responsable de la communication du festival, est prête à continuer dans cette direction :

Nous aimerions également aller plus loin avec l’application. Nous avons pensé à lier les tweets des festivaliers qui utilisent l’application avec un compte officiel et diffuser cette timeline sur les écrans géants. Nous n’avons pas encore l’effectif nécessaire pour gérer et modérer ce compte pour l’instant, mais c’est une idée que nous aimerions développer, à terme.

La seconde option pour animer la communauté de festivaliers est la gamification, actuellement étudiée chez l’un des principaux partenaires de Greencopper, SFR. Sander Cisinski, directeur du sponsoring, des partenariats et du programme jeunes talents de SFR, explique :

Nous aimerions développer l’aspect ludique de ces applications en proposant des rencontres ponctuelles avec les artistes sur les sites de festival ou bien des chasses au trésor. Il s’agirait d’enrichir le volet géolocalisation, de faire participer le public, de lui donner un autre rôle pendant les concerts.

La piste privilégiée par la FNAC, autre partenaire de l’éditeur d’application, est de proposer un service de billetterie complet, au-delà de la musique live et du volet communautaire des festivals, afin d’exploiter le potentiel du M-commerce, au cas où la fréquentation s’essouffle.

Les avantages retirés de ces API par les professionnels en termes de visibilité et de communication semblent évidents mais la réception de l’offre est plus difficile à apprécier. Si l’on isole les festivaliers utilisateurs d’iOS, représentant tout de même 55 à 60 % de l’activité de Greencopper, les étoiles et commentaires de l’AppStore ne peuvent donner qu’une idée partielle du taux de satisfaction des publics. Greencopper a constaté que le taux de mise à jour moyen est d’environ 40% : les applications restent souvent sur le téléphone des usagers, en attendant le festival suivant.


Photo par thqspeaks [CC-byncsa]

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La vie connectée http://owni.fr/2011/06/14/la-vie-connectee-smart-tv/ http://owni.fr/2011/06/14/la-vie-connectee-smart-tv/#comments Tue, 14 Jun 2011 14:35:26 +0000 Eric Scherer http://owni.fr/?p=67684 Le smartphone est déjà devenu le centre de notre vie numérique, supplantant l’ordinateur. Cette année, arrive dans notre salon la télévision connectée, la « smart TV », comme disent les Américains. Demain, le reste des objets importants qui nous entourent (voitures, électroménager, meubles, livres …) seront aussi reliés à l’Internet, se parleront entre eux, et utiliseront ce qu’ils sauront de nos habitudes et de nos préférences. Après demain, notre maison et nos villes seront intelligentes, grâce à un réseau qui aura gagné en QI via de multiples plateformes d’applications et de capteurs !

Nous allons donc bientôt profiter d’appareils plus astucieux, conformes à notre nouveau mode de vie, souvent social, mobile, contextualisé, personnalisé, « always on ».

Déjà, les lignes se brouillent entre nos vies « off » et « online » ! Notre environnement immédiat est branché 24/7! « D’ici quelques années, tout ce qui est connectable sera connecté », aime à dire le patron de Google, Eric Schmidt. L’Internet –désormais partie significative de nos existences– nous fait vivre en immersion dans les médias et l’échange d’informations, au sein d’un univers aussi présent autour de nous que l’électricité ou l’air que nous respirons. Le réseau est devenu un autre oxygène !

L’accès, plus important que la possession

Une nouvelle fois, un environnement neuf se met en place. Comme d’habitude, les nouvelles technologies, toujours traversées par des accélérations foudroyantes, orientent nos usages et concernent quasiment tous les aspects de notre vie. Les ruptures et dislocations continuent d’accélérer, poursuivent le chamboulement des modèles économiques et vont souvent plus vite que nos possibilités d’adaptation.

De nombreux grands secteurs de nos sociétés sont concernés : les transports, la santé, l’éducation, la culture, les médias.

Et, de plus en plus numériques, ce sont justement les médias –l’ensemble des moyens de diffusion de l’information– qui sont les premiers concernés sur fond de surabondance de contenus disponibles – de plus en plus sous forme vidéo– pour des expériences toujours plus immédiates, mobiles, partagées et personnalisées.

Les écrans sont désormais partout au centre de nos usages médias. Avec le basculement général vers l’Internet devenu ubiquitaire, l’essor extraordinaire des smartphones, du Wi-Fi, du streaming, et l’arrivée prochaine du très haut débit associé au déjà très répandu « cloud computing » et à une multitude de capteurs, nous vivons dès aujourd’hui de nouvelles expériences informatives, éducatives et de divertissement, à la maison, au bureau et en déplacement ! Les manières de jouer et d’apprendre changent. Nous avons d’ores et déjà à notre disposition davantage d’informations que toutes les autres générations précédentes réunies ! Avec un fait nouveau majeur : l’accès permanent à la connaissance, au jeu, au divertissement, devient plus important que sa possession. Et comme toujours avec le numérique, le public peut aller directement à la source ! D’où le succès de Netflix aux Etats-Unis pour la vidéo, ou de Spotify en Europe pour la musique. Aujourd’hui, numérique signifie immédiat, personnalisé, portable, infini. Demain, un livre, un disque, un film ne seront plus que des URL !

Mais, pour ce public multiconnecté, si la possession devient moins importante, la personnalisation, le sur-mesure, jouent, eux, un rôle de plus en plus grand dans des expériences médias qui remplacent la simple consommation de contenus. Chacun y travaille et les changements se déroulent sous nos yeux à grande vitesse.

Les jeunes, quand ils ne dorment pas, sont en ligne et ne s’informent plus que par Internet, le média sur lequel où ils passent le plus de temps.

Des écrans partout !

Les smartphones se vendent déjà mieux que les ordinateurs et commencent à mordre sur le marché des appareils photos et caméras, qui, s’ils ne sont pas connectés sont aussi inutiles que du film argentique. Les tablettes, qui n’existaient pas il y a un an, sont devenues un maillon majeur de la convergence et se multiplient comme des petits pains.

Les ventes de livre numériques, téléchargeables à distance, ont triplé en un an aux Etats-Unis où leurs ventes viennent de dépasser – palier symbolique—toutes les catégories de livres imprimés. Pendant que même les grandes chaînes de librairie font faillite, le rêve de l’encyclopédiste de transporter avec soi tout son savoir, est réalisé.

La télévision résiste bien, demeure le média dominant, mais n’est plus un univers stable : elle ne se regarde pas comme avant, ni au même moment, et souvent en accompagnement d’autres activités. Sa force est augmentée par l’Internet, notamment via les réseaux sociaux. Certains Américains commencent à se désabonner du câble, d’autres, plus jeunes, n’y auront jamais recours. Les internautes téléchargent de moins en moins et consomment de plus en plus en streaming. Les jeux vidéo en ligne, si possible adossés aux réseaux sociaux, prospèrent et réussissent à capter l’attention des jeunes.

L’informatique dans les nuages (cloud) est de plus en plus utilisée comme lieu de stockage dématérialisé, voire d’accès à des contenus (non sans risques sur leur pérennité). C’est presque déjà devenu notre disque dur.

Le dégroupage des médias se poursuit à proportion de leur perte de contrôle sur les moyens de distribuer des contenus. Avec Internet, et grâce au haut débit généralisé, tous les médias fusionnent. Pour les natifs numériques, ce qui compte c’est le message, pas l’outil. Peu importe aujourd’hui qu’il soit sous forme photo, vidéo, son ou texte. Peu importe aussi qu’il émane de professionnels ou d’amateurs.

Les contenus des médias doivent être là où est leur audience. La publicité en est le premier témoin : franchissant un nouveau palier, aux Etats-Unis, l’Internet a dépassé en 2010, pour la première fois, les journaux comme support des annonceurs. Il ne reste plus que la télévision à détrôner !

Des médias liquides !

Les médias physiques disparaissent petit à petit. Songez aux cassettes, disquettes, CD, DVD ! Même les clés USB sont encombrantes à l’heure du « cloud » !

L’« Homo Connectus » tient désormais pour acquis de pouvoir profiter des contenus où qu’il se trouve et sur tous ses écrans qui fusionnent. On l’a dit : Il ne télécharge plus mais profite des contenus en streaming. Encore une fois, c’est leur accès permanent qui compte. Internet se fond en de multiples écrans.

Ordinateurs, télévisions, smartphones, tablettes, vont ainsi se synchroniser pour déboucher sur une expérience d’utilisation homogène à la maison, au bureau et en déplacement. Les constructeurs travaillent beaucoup au transfert sans peine, sans frictions, des contenus entre tablettes et téléviseurs. Nous regarderons une émission chez nous le matin, la suivrons en mobilité avant de la retrouver au bureau. L’accès aux expériences vidéo se fera de plus en plus en mobilité.

Plusieurs progrès techniques associés vont permettre ce débordement d’expériences connectées d’un support à l’autre : le développement des GPS, la connectivité de nos environnements physiques, l’Internet embarqué, la puissance informatique croissante, le recours au « cloud computing », le web social, les effets cumulés du réseau, la miniaturisation, la baisse des prix et la multiplication des capteurs, qui se conjuguent pour rendre les appareils plus « intelligents », davantage capables de rendre des services par l’exploitation croissante de données, pour le compte de l’utilisateur et dans différents secteurs de nos vies quotidiennes. Dès cette année, le nombre d’appareils connectés va dépasser celui des ordinateurs. Le wi-fi va arriver dans les voitures. Et les industriels du secteur portent leurs efforts sur le marché grand public, devenu plus intéressant que celui des entreprises.

Après la révolution des écrans tactiles, la reconnaissance vocale et des visages, et l’essor des applications en réalité augmentée deviendront des éléments de notre cadre de vie numérique. Demain après le cinéma, la 3D, l’image en relief, s’imposera sur tous les écrans, y compris smartphones et tablettes ; elle modifiera encore notre expérience avec le numérique. Et sans lunettes !

Bientôt, les nouveaux appareils intelligents pourront deviner et anticiper sur nos souhaits en fonction de nos habitudes, de notre lieu, de l’heure et du jour de la semaine, de nos relations. Rappelez-vous : ils en savent déjà beaucoup sur vous !

Le smartphone au centre de notre vie numérique

Aujourd’hui, élément essentiel de notre nouvelle vie connectée, le smartphone, grâce à sa connectivité, sa mobilité et sa personnalisation, est devenu notre compagnon permanent, le principal canal d’informations ouvert, le lien vers le monde, le lieu des notifications, notre chaîne personnelle de divertissements, presque une partie de notre identité. Près d’un demi-milliard de personnes dans le monde profitent déjà d’un accès Internet vraiment mobile.

Au point qu’il n’est plus rare et –- bizarrement presque admis— de voir nos commensaux discourtois les consulter sans gêne, voire d’y tapoter un SMS ou deux. Rappelez-vous, il y a peu encore, nos téléphones mobiles restaient collés à l’oreille. Puis, nous nous sommes mis à les regarder (pour y lire – souvent en marchant– nos mails ou consulter des données), à les effleurer ou les caresser grâce à leur nouvelle techno tactile ! Aujourd’hui, l’appareil qui prend le plus de photos est notre téléphone ! Demain, nous les pointerons vers un paysage, un tableau, un restaurant, un cinéma, pour avoir plus d’infos, car, par la réalité augmentée, ils voient bien plus de choses que nous !

Sous peu, chacun aura un smartphone ou une tablette. La création par Apple d’un nouvel usage (accès par écran portatif à tout ce qui est écrit, joué, radio et télédiffusé) et qui n’existait pas il y a un an, provoque l’arrivée de très nombreux concurrents de l’iPad. L’attrait de la tablette est extraordinaire et son utilisation surprenante : le public ne sait toujours pas trop pourquoi il l’achète, s’en sert plutôt à la maison et à plusieurs !

L’explosion de la vidéo : un web audiovisuel de divertissement et de loisirs

Après avoir chahuté, déstabilisé les industries de la musique, de la presse, de l’édition, de la publicité, des telcos, l’Internet vient envahir le monde de la télévision.

D’ici 5 ans, la plupart des téléviseurs seront connectés. Le téléviseur s’ouvre au web et ne sera plus à sens unique. Impossible pour l’instant d’en saisir tous les effets. Mais une chose est sûre, le téléspectateur obtiendra ce qu’il voudra y trouver, d’une manière ou d’une autre … Là encore une économie de la rareté est sur le point d’être submergée par une économie de l’abondance et de … l’ubiquité. Comme dans la presse, une nouvelle logique de la demande va l’emporter sur celle de l’offre, plus banale, moins puissante.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Inversement, la télévision et la vidéo vont influencer l’Internet : plus de 80% de son trafic sera composé de vidéos dans quelques années. Mais le réseau partout pour de la vidéo a un coût qui n’est pas encore dans les modèles économiques actuels. La possible fin de l’Internet en accès illimité forfaitisé se profile et avec elle des menaces importantes sur la neutralité du net et donc sur des libertés publiques et fondamentales, comme le droit d’expression et l’accès à l’information et à la connaissance.

Chaque jour un peu plus, Internet devient un média audiovisuel ! Après un web d’outils (search, comparatifs, cartes, wikis, annuaires …), puis un Web de communication (email, messagerie, réseaux sociaux, téléphone sous IP), le nouvel Internet pourrait bien être celui du divertissement et des loisirs … de qualité (vidéos, musique, lecture enrichie, jeux …).

Renforcée par la mobilité et les réseaux sociaux, de plus en plus utilisés en parallèle, la télévision reste le média dominant. Le public ne se contente plus de la regarder, chez lui ou en déplacement, il en parle, via SMS, email, Twitter ou Facebook. La dimension sociale, qui a toujours fait partie intégrante de l’expérience télévisuelle – on la regarde rarement seul–, est renforcée par les nouveaux outils. Elle devient sociale.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Mais la télévision se consomme aussi de plus en plus à la demande, pendant que les chaînes traditionnelles perdent progressivement le monopole du téléviseur et ont peur de voir l’audience, et donc la valeur, partir ailleurs. Avec leurs nouveaux magasins d’applications embarquées, les fabricants rêvent d’en faire un grand iPhone horizontal dans le salon. Les chaînes redoutent, elles, la fragmentation de l’offre, le recul de leur rôle d’agrégateur et de prescripteur d’une offre organisée ou, pire, de n’être plus qu’une application parmi 1.000 autres, coincées entre celle d’Angry Birds et de la SNCF. La lutte pour être sur le premier écran, la porte d’entrée, sera rude ! Il leur faudra surtout travailler dur sur la relation unique qui les lie à leur audience pour répondre à cette « délinéarisation » de leurs contenus.

Les chaînes misent beaucoup sur l’aspect fédérateur des grands événements, du direct, de leurs animateurs, et sur la qualité de leurs contenus.

A coup sûr, Internet va modifier la perception que nous avons de la télévision et de la vidéo, créant de nouvelles habitudes et des demandes inédites. La bataille entre l’engagement (« lean forward »), propre au PC, et le divertissement (« lean back »), lié à la télévision, n’est pas terminée ! Avant que l’expérience télévisuelle ne s’écoule sans rupture d’un écran personnel à l’autre, la bagarre entre les nouveaux entrants disruptifs et les dinosaures cathodiques expérimentés va être rude d’ici 2015.

Le niveau d’expérience comme la simplicité d’usage seront les facteurs clés d’adoption. Personne ne veut plus gérer ses câbles et ses multiples boîtiers à la maison. La télécommande –2ème vrai écran important – et les guides de programmes devront aussi se simplifier pour faire face à la paralysie née de l’hyper choix et aider à la découverte visuelle. Le « search » et la recommandation, au cœur des nouveaux médias, joueront, là aussi, un rôle considérable.

L’ère du multi-écrans va dominer. Comment alors continuer à gérer des restrictions sur la télévision qui n’existent pas sur le PC ? Quelque soient les murs qui seront mis autour des expériences, le public, aujourd’hui en position de force, saura trouver, sélectionner, et consommer les œuvres comme il le désirera, sur l’écran de son choix et au moment voulu. Et gageons que plus leur accès sera facilité, moins il y aura de piratage.

Médias d’informations : leur avenir ne leur appartient plus

Mais dans un tel foisonnement technologique, qui répond au formidable essor des usages numériques, les médias traditionnels d’informations, plus liés à la création de contenus bruts qu’à la fabrication d’expériences sophistiquées, semblent perdre la maîtrise de leur destin.

L’accélération de la désintermédiation et de la complexité technique les fait progressivement lâcher prise. De plus en plus de nouveaux acteurs (développeurs de logiciels, agrégateurs de contenus, fabricants de matériels)

viennent s’intercaler entre eux, leurs audiences et leurs annonceurs; contrôler l’accès au public et se servir au passage. L’exploitation des données des utilisateurs, nouveau nerf de la guerre, leur échappe de plus en plus. L’eldorado du marketing comportemental et personnalisé risque bien de profiter à d’autres. La publicité est aussi en train de se réinventer et cherche comment tirer parti des nouveaux supports connectés, notamment la « social TV ». Et pourtant il faudra bien continuer à financer des médias producteurs d’informations.

Les médias ont toujours été sociaux, l’info l’est de plus en plus

Les nouveaux médias sociaux, plateformes de création, collecte et partage d’informations, n’en sont qu’à leur début. Déjà règne la co-création distribuée, le partage massif et jubilatoire ! Les gens disent et écrivent ce qu’ils savent, sont de plus en plus impliqués dans la création, chaque jour plus aisée, de contenus photos et vidéos.

Le public aime ces médias de découverte de contenus inattendus, portés par le flux du temps réel, émanant de sources et filtres auxquels il a accordé sa confiance (amis, proches, experts, personnes admirées, etc …). Car ces réseaux sont surtout devenus d’influence, aidant à trier, à réduire le bruit d’Internet ! La curation, sorte d’édition partagée, règne. Les gens ne consultent plus les nouvelles, mais leurs nouvelles, leurs informations. Là où ils veulent, quand ils veulent et sous la forme qu’ils veulent.

Facebook, qui domine en Amérique et en Europe (22 millions d’utilisateurs en France) est l’endroit où nous passons le plus de temps, et en sait de plus en plus sur nous. Même Google est contraint d’imiter le fameux « Like button » qui organise, depuis un an, la socialisation de ses utilisateurs. Twitter est devenu une agence de presse mondialisée et personnalisée en temps réel.

La grande majorité des moins de 35 ans aujourd’hui se sentent au moins aussi bien informés par les réseaux sociaux que par les médias traditionnels. D’ailleurs,

la recommandation via les réseaux sociaux – le bon vieux bouche à oreille version “geek” – est devenu une source de trafic importante pour les sites d’informations.

Dans ces derniers, le journaliste assure une médiation professionnelle désormais tournée davantage vers la transformation que la génération d’informations. Son tri, sa sélection, sa vérification et sa hiérarchisation des nouvelles et des témoignages comptent plus que sa propre production.

Sur le terrain, les pratiques changent aussi : les photographes se retrouvent face aux journalistes de radio et de télévision. Chacun utilise les outils de l’autre dans une nouvelle orchestration éditoriale. Des JRI gagnent des prix de journalisme vidéo pour des sujets réalisés avec des appareils photos ! Les frontières sautent les unes après les autres. Il faut désormais adapter le sujet au média. La narration n’est plus linéaire.

Recherche nouvelles écritures !

Du texte à la vidéo, en passant par l’email, le SMS, les écritures changent aussi et deviennent plus visuelles, plus « fun », pour profiter des opportunités des nouvelles plateformes interconnectées. Le web, plate-forme convergente, permet d’accueillir tous les formats, souvent jusqu’ici cloisonnés, pour inventer un nouveau langage, de nouvelles écritures, de nouvelles formes de représentation.

Une nouvelle représentation du monde par l’exploitation visuelle des données se développe. Dans la course à l’attention, la visualisation de l’information aide à la compréhension de situations complexes. L’un des grands défis des rédactions, qui doivent aussi parler de plus en plus à l’intelligence visuelle du public, est aujourd’hui d’apprendre à travailler étroitement avec les designers, graphistes, statisticiens, développeurs pour enrichir l’information. Là aussi les barrières traditionnelles sautent, notamment dans l’illustration, favorisant un travail collectif. Cet habillage de l’information favorise l’immersion dans les sujets traités.

C’est aussi l’une des caractéristiques des « serious games ». En plein boom, le jeu en ligne et collaboratif, le plus souvent sérieux, bientôt en 3D, devient un élément central de l’engagement et de la fidélité des audiences. Les designers de jeux vidéo sont devenus les nouveaux experts de l’immersion et la fidélité de l’audience. Le couple Zynga/Facebook attire plus de 200 millions de joueurs chaque mois. Nombreux sont ceux qui se demandent comment profiter de ces nouvelles expertises dans l’éducation, la vie civique, la santé, mais aussi la fiction et l’information.

Des points d’entrée multiples et des formes d’interactions et de navigation inédites sont proposés dans de nouvelles formes narratives. L’audience s’est familiarisée, ces dernières années, avec d’autres formes de contenus que l’article ou le JT ! Personne n’a encore trouvé le bon modèle de narration entre le web et la télévision. Mais nous ne sommes qu’au début de cette histoire. Il faut favoriser la démarche de création pour faite naître des savoir-faire, puis une industrie. Internet est bien aujourd’hui un des endroits les plus créatifs du monde.


Introduction au Cahier de Tendances médias de France Télévisions / Printemps- Eté 2011 publié initialement sur Meta-Media

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Internet, grand absent de la littérature contemporaine http://owni.fr/2011/02/05/internet-grand-absent-de-la-litterature-contemporaine/ http://owni.fr/2011/02/05/internet-grand-absent-de-la-litterature-contemporaine/#comments Sat, 05 Feb 2011 15:00:56 +0000 Xavier de la Porte http://owni.fr/?p=45345 La lecture de la semaine est un article paru dans le quotidien britannique The Guardian le 15 janvier dernier. On le doit à Laura Miller, il est intitulé “Comment le roman en est venu à parler de l’internet”.

Laura Miller commence par un constat : comme David Foster Wallace l’avait fait dans les années 90 à propos de la télévision, elle s’étonne que très peu d’écrivains américains ne relèvent le défi d’intégrer Internet dans leurs textes. Et Laura Miller d’observer qu’il y a plusieurs stratégies à l’œuvre.

Écrire un roman historique est la manière la plus simple d’éviter de se confronter à Internet, il suffit pour cela de faire remonter son histoire à une décennie ou deux.

Autre stratégie, les auteurs peuvent utiliser des populations qui sont à l’écart de la modernité pour des raisons culturelles, comme les immigrés récents et leurs familles – un choix très courant dans la fiction contemporaine, note Laura Miller. Il y a aussi le recours aux marginaux géographiques, les gens qui vivent dans des zones rurales reculées où l’accès au réseau est difficile. Il est notable que nombre de fictions américaines récentes se déroulent dans des ranchs. Elle cite quelques exemples. Et c’est particulièrement curieux, note-t-elle, quand vous considérez que la plus grande majorité des gens qui écrivent et lisent ces livres habitent dans des villes ou leurs proches environs. Peut-être est-ce parce que les personnages de ces romans qui se déroulent dans des ranchs passent la plupart de leur temps à conduire des camions sur des routes infinies, ou à grimper des sommets enneigés pour secourir des animaux, scénarios dans lesquels il n’y a aucun danger qu’une télé soit allumée ou un ordinateur ouvert.

Réel vs idéal

Le romancier américain, explique Laura Miller, est balloté entre deux impératifs de plus en plus contradictoires. Le premier est l’injonction à dépeindre la vie quotidienne. C’est sans doute un cliché, mais l’idée que les écrivains sont les mieux placés pour dire les dilemmes de la vie contemporaine est tenace. Après les attentats du 11 septembre, tout écrivain de fiction a reçu des dizaines d’appels de rédacteurs en chef cherchant des idées et réflexions qu’une usine de journalistes accomplis n’était manifestement pas en mesure de convoquer par eux-mêmes.

Ce qui nous amène à l’autre territoire désigné du romancier américain : la profondeur muséographique. Plus la littérature est conduite vers les faubourgs de la culture, plus elle est chérie comme un sanctuaire, loin de tout ce qu’il y a de vulgaire, de superficiel et factice dans cette culture. La littérature devient alors le lieu où l’on se retire quand on est fatigué des divorces de stars, des intrigues de bureau, des procès du siècle, des derniers produits Apple, des engueulades par mail, et du sexting – bref, quand on est lassé de ce qui occupe l’esprit et les conversations de tout autre que nous-mêmes.

Si ces deux missions semblent incompatibles, c’est parce qu’elles le sont vraiment. Pour les accomplir toutes les deux ensemble, il faut être capable de dériver de l’atemporel à une série de frivoles maintenant, et il faut persuader les lecteurs que vous leur avez donné ce qu’ils voulaient en leur présentant ce qu’ils essayaient de fuir en venant vous voir. Rien de surprenant à ce que les romanciers américains aient trouvé plus simple de se retirer de la course à la vie quotidienne, surtout quand la télévision était l’ennemi désigné. Bien sûr, les gens passent (ou passaient) six heures par jour à regarder la télévision, mais, dans les faits, ils ne font rien quand ils sont face à leur télé. Vous pouvez tout à fait traiter ce temps de la même manière que celui que vos personnages passent à dormir : en faisant comme s’il n’existait pas.

Nouveaux territoires de l’activité quotidienne

En revanche, et comme on nous le répète à longueur de journée, il en va tout autrement avec l’Internet. Seule une petite partie du temps passé sur Internet relève de la consommation passive, le reste a complètement supplanté les anciens territoires de l’activité quotidienne et de l’interaction humaine. Et Miller de citer les sites de téléchargements qui ont remplacé les disquaires, les sites de rencontre qui ont remplacé les bars et soirées, les smartphones qui nous empêchent de nous perdre, les réseaux sociaux qui font ressurgir les vieilles amours et amitiés, etc.

L’internet a changé notre vie d’une manière infiniment plus profonde que la télévision, mais la plupart des romanciers – et j’entends par là ceux qui font une littérature réaliste, avec des intrigues et des personnages – ont scrupuleusement évité d’en faire un sujet espérant peut-être que, comme la télévision, on pouvait faire comme si ça n’existait pas. Ils ont laissé le champ aux auteurs d’anticipation, comme William Gibson ou Cory Doctorow, ou aux auteurs de romans policiers. Certes, il y a toute une flopée de romans gadget – comme des romans à l’eau de rose écrits entièrement en mail ou en texto –, mais les descriptions un peu sérieuses de la manière dont la technologie s’inscrit dans la vie des gens sont très rares.

Vers un renouveau

La situation commence à changer. Et l’auteure de citer plusieurs romans américains parus ces dernières années qui se sont emparés de ces questions : David Foster Wallace dans The Pale King, son roman posthume, Jonathan Lethem et son Chronic City qui vient de paraître chez L’Olivier, The Financial Lives of the Poets de Jess Walter (La vie financière des poètes qui devrait paraître en avril chez Rivages), Glover’s Mistake de Nick Laird, Freedom, le dernier Jonathan Franzen, Super Sad True Love Story de Gary Shteyngart et A Visit from the Goon Squad de Jennifer Egan. Je ne vais pas reproduire ici les analyses que fait Miller de chacun de ces textes, vous les trouverez si ça vous intéresse dans l’article original du Guardian.

Je remercie Hubert Guillaud d’avoir signalé ce texte qui fait parfaitement écho à des conversations que nous avons eues plusieurs fois, et où l’on déplorait conjointement l’absence des problématiques numériques dans la littérature contemporaine française. Je suis presque satisfait de constater qu’il en a longtemps été de même dans la littérature contemporaine américaine. Il faudrait aussi signaler les exceptions. Houellebecq, je l’ai déjà fait ici, mais aussi Virginie Despentes, et son dernier roman Apocalypse Bébé, dont je parlerai prochainement.

>> Article initialement publié sur Internet Actu

>> Crédits Photo Flickr CC : brianjmatis, visual07, Vlastula

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Les ados américains dopés à l’Internet non-stop http://owni.fr/2010/02/25/les-ados-americains-dopes-a-linternet-non-stop/ http://owni.fr/2010/02/25/les-ados-americains-dopes-a-linternet-non-stop/#comments Thu, 25 Feb 2010 18:37:52 +0000 Capucine Cousin http://owni.fr/?p=9043 3356695149_18e3e7a003

Source image : Flickr/Louise Merzeau (sélection officielle du Mois de la Photo, Paris, 2008)

Les ados d’aujourd’hui seraient-ils des (futurs) drogués aux écrans ? Je ne parle pas des écrans télés, qui était la drogue des ados de ma génération – et qui serait en passe de devenir has-been aujourd’hui. Non, je parle des écrans d’ordinateurs, laptops, netbooks et autres smartphones.

Encore la semaine dernière, cette étude de Pew Internet and American Life Project a beaucoup fait jaser (et gazouiller ;) sur le sujet. D’après celle-ci, les ados américains délaisseraient les blogs au profit des réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter : seulement 14% déclarent avoir blogué en 2009, alors qu’ils étaient 28% en 2006.

“Si vos enfants sont réveillés, ils sont probablement en ligne”, titrait le 20 février, avec un humour grinçant, le New York Times. Et de citer une étude de la Fondation Kaiser, d’après laquelle les ados sont de véritables nerds en puissance. D’après cette étude, réalisée auprès de 2 000 collégiens et lycéens (entre octobre 2008 et mai 2009), les 8-18 ans consacrent en moyenne 7 heures et demie à leur écran d’ordinateur, netbook ou smartphone – au-dehors des heures d’école. Soit une heure de plus qu’il y a 5 ans, année de l’étude précédente. Il faut dire qu’ils sont assez (sur)équipés : parmi les ados sondés, 7 sur 10 avaient une télé dans leur chambre, et à peu près un tiers un ordinateur doté d’une connexion Internet dans leur chambre. Et encore, cette étude a été réalisée un peu avant que les smartphones ne se développent chez les ados.

En clair, ils passent plus de temps sur leurs écrans que leurs parents sur leur lieu de travail ! Qui plus est – mais cela a déjà été dit, dont par mon confrère Jean-Christophe Féraud – cette génération de digital natives a pris l’habitude à ‘être multitâches en quelque sorte : envoyer des SMS tout en étant sur Facebook, et/ou le chat Facebook, MSN, son blog, consulter ses mails sur Gmail, tout en regardant un clip sur son iPod… Et encore : l’étude de Kaiser a été menée avait l’incursion de Twitter…

La fonction qu’utilisent le moins les jeunes sur leur téléphone portable ? La voix ! Tellement plus simple d’envoyer des SMS ou de chater, comme le montrait le film “LOL” – so bobo ;), mais assez réaliste sur l’usage des technos par les ados. Et le seul moyen de communication dont l’usage n’a pas augmenté est… le papier imprimé.

En fait, ils se serviraient davantage de leur portable multifonctions comme réveil, comme radio, comme sorte de méga-clé USB pour stocker notamment des fichiers MP3 (et donc pour écouter de la musique)… Il faut dire que les nouvelles générations de smartphones sont d’une facilité d’utilisation assez diabolique, grâce à des interfaces de plus en plus intuitives. Les dernières générations des Blackberry sont des modèles plus simples à utiliser qu’avant – du coup, ils commencent à envahir les cours de récré des collèges et lycées huppés – car souvent, papa et maman refilent leurs Bberry à leurs rejetons lorsque leur entreprise en reçoit un nouveau parc, comme l’expliquait ce papier des Echos.

Mais les autres modèles de smartphones de chez LG et autres Samsung, relativement bon marché et à l’interface – de plus en plus souvent tactile – bien agréable, ont aussi les faveurs des ados. Je mettrais le cas de la tornade iPhone un peu à part, encore trop cher pour nombre de djeuns. Mais clairement, mettez un iPhone entre les mains d’une petite tête blonde : c’est édifiant. Ma nièce de 4 ans 1/2 sait déjà ouvrir les applis comme une grande, et joue sur l’iPhone de son papa avec les jeux (pour enfants) qu’il y a installés. Ma soeur me racontait que sa fille avait déjà le réflexe de toucher l’écran d’ordinateur, le croyant lui aussi tactile.

Contrôle de la durée d’utilisation (à défaut du contenu ?) par les parents

Le contrôle du contenu par les parents ? Certes, il y a eu plusieurs initiatives des pouvoirs publics. J’aime bien celle-ci, qui vient d’être annoncée, avec 2025 ex machina , un serious game destiné à sensibiliser les adolescents. Dans son premier épisode, “”Fred et le Chat démoniaque”, qui se déroule en 2025, on voit un certain Fred, un jeune trentenaire sur le point de décrocher un contrat publicitaire important, qui voit son contrat compromis par l’apparition d’une vieille photo de lycée compromettante sur le réseau social Amidami.net. A l’internaute de l’aider à effacer cette erreur de jeunesse. Dévoilé la semaine dernière, ce serious game pédago a été produit par l’éditeur Tralalere, avec le soutien de la Commission européenne et la participation du CNC, dans le cadre du programme Internet sans crainte. Les épisodes suivants, qui paraîtront progressivement d’ici à l’automne 2010, auront chacun pour thème un usage particulier du Net.

A côté de cela, clairement, c’est aux parents d’apprendre à leurs enfants à “bien” surfer sur Internet. Un ami me racontait récemment qu’il a accepté que sa fille pré-ado s’inscrive sur Facebook… A condition qu’il figure parmi ses “friends” et puisse contrôler ce qu’elle y fait.

Mais encore dernièrement, une étude du Pew Internet Project en avait alarmé bon nombre. D’après celle-ci, un ado sur sept muni d’un téléphoné portable déclarait avoir déjà reçu des photos plus que suggestives par SMS. Les mêmes chercheurs admettent que le “sexting” – que l’on voit aussi subrepticement dans le film “LOL” – fait désormais partie de leur culture. Car chez les ados, la photo dénudée peut être envoyée comme invitation, comme gage, ou… lors d’une rupture.

2025_m

Dans les faits, les parents peuvent difficilement contrôler ce que font leurs enfants sur leur ordi, qui plus est s’ils en ont un dans leur chambre. Les plus courageux, certes, installent un système de contrôle parental… Mais les spécialistes commencent à penser que le véritable contrôle que les parents peuvent exercer est celui de la durée d’utilisation. “Les parents peuvent continuer de fixer les règles du jeu, c’est cela qui fait la différence”, explique un des chercheurs dans le papier du NY Times. Certes, c’est plus difficile de le faire sur l’ordinateur “perso” de leur enfant que sur l’ordinateur familial, mais ils continuent ainsi à jouer leur rôle de parents.

» Article initialement publié sur blog.miscellanees.net

» Photographie de page d’accueil par escapedtowisconsin sur Flickr

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L’Éclaternet ou la fin de l’Internet tel que nous le connaissons ? http://owni.fr/2010/02/19/leclaternet-ou-la-fin-de-linternet-tel-que-nous-le-connaissons/ http://owni.fr/2010/02/19/leclaternet-ou-la-fin-de-linternet-tel-que-nous-le-connaissons/#comments Fri, 19 Feb 2010 16:59:24 +0000 aKa (Framasoft) http://owni.fr/?p=8544 raul-a_cc-by_s

Une fois n’est pas coutume, nous vous proposons aujourd’hui une traduction qui non seulement ne parle pas de logiciel libre mais qui en plus provient de CNN, et même pire que cela, de sa section Money !

Et pourtant il nous semble pointer du doigt une possible évolution d’Internet, celle de son éclatement sous la pression des smartphones et autres objets connectés tels ces nouvelles liseuses et tablettes dont on vante tant les futurs mérites.

Une évolution possible mais pas forcément souhaitable car c’est alors toute la neutralité du Net qui vacille puisque les trois couches qui définissent le réseau d’après Lessig se trouvent ensemble impactées.

l’iPad ou le Kindle en sont des exemples emblématiques car ce sont des ordinateurs (la couche « physique ») dont Apple et Amazon contrôlent à priori les protocoles et les applications (la couche « logique ») et peuvent filtrer à leur guise les fichiers (la couche des « contenus »).

L’article s’achève sur une note optimiste quant au HTML5 et au souci d’interopérabilité. Encore faudrait-il avoir affaire à des utilisateurs suffisamment sensibilisés sur ces questions[1].

Hier encore on nous demandait : T’es sous quel OS, Windows, Mac ou Linux ? Aujourd’hui ou tout du moins demain cela pourrait être : T’es sous quel navigateur, Firefox, Internet Explorer ou Chrome ?

Et après-demain on se retrouvera à la terrasse des cafés wi-fi, on regardera autour de nous et on constatera, peut-être un peu tard, qu’à chaque objet différent (netbook, smartphone, iPad, Kindle et leurs clones…) correspond un Internet différent !

La fin de l’Internet tel que nous le connaissons, grâce à l’iPad et aux autres

End of the Web as we know it, thanks to iPad and others

Julianne Pepitone – 3 février 2010 – CNNMoney.com
(Traduction Framalang : Martin et Goofy)

Pendant plusieurs années, l’Internet a été relativement simple : tout le monde surfait sur le même réseau.

Plus on s’avance vers 2010, plus l’idée d’un même Internet « taille unique » pour tous devient un souvenir lointain, à cause de l’arrivée de l’iPhone, du Kindle, du BlackBerry, d’Android, et bien sûr du fameux iPad.

La multiplication des gadgets mobiles allant sur Internet s’accompagne à chaque fois d’un contenu spécifique pour chaque appareil. Par exemple, l’application populaire pour mobile Tweetie permettant de se connecter à Twitter n’est disponible que pour l’iPhone, alors que l’application officielle pour Gmail ne l’est que pour Android. Et si vous achetez un e-book pour le Kindle d’Amazon, vous ne pourrez pas forcément le lire sur d’autres lecteurs électroniques.

En même temps de plus en plus de contenus en ligne sont protégés par un mot de passe, comme la plupart des comptes sur Facebok et certains articles de journaux.

C’est un Internet emmêlé qui est en train de se tisser. Simplement, le Web que nous connaissions est en train d’éclater en une multitude de fragments. C’est la fin de l’âge d’or, selon l’analyste de Forrester Research Josh Bernoff, qui a récemment formulé le terme de « éclaternet » pour décrire ce phénomène (NdT : the splinternet).

« Cela me rappelle au tout début d’Internet la bataille de fournisseurs d’accès entre AOL et CompuServe » dit Don More, du fond de capital risque Updata, une banque d’investissement conseillère dans les technologies émergentes de l’information. « Il y aura des gagnants et des perdants ».

Dans ces premiers temps du Web, les utilisateurs accédaient aux contenus en utilisant des systèmes spécifiques ; ainsi les abonnés de chez AOL ne pouvaient voir que les contenus AOL. Puis le World Wide Web est devenu une plateforme ouverte. Maintenant les appareils nomades sont à noueau en train de morceler le Web.

D’après Bernoff, « Vous ne pouvez plus recoller les morceaux, la stabilité qui a aidé le Web à prendre forme s’en est allée, et elle ne reviendra plus ».

Des angles morts

Quand les utilisateurs d’appareils mobiles choisissent d’acheter un iPhone, un Motorola avec Android, un BlackBerry ou d’autres, ils sont effectivement en train d’opter pour certains types de contenus ou au contraire d’en abandonner d’autres, puisque toutes les applications ne sont pas disponibles sur tous ces gadgets.

D’après Don More de Updata, ce phénomène est en train de mettre le contenu dans des « communautés fermés ». Les fabricants de ces appareils peuvent (et ils le font) prendre et choisir quelles applications fonctionneront avec leur machine, en rejetant celles qui pourraient être en concurrence avec leurs propre produits, ou bien celles qu’ils estiment n’être pas à la hauteur.

Par exemple, Apple a rejeté l’application Google Voice sur l’iPhone, qui aurait permis aux utilisateurs d’envoyer gratuitement des messages et d’appeler à l’étranger à faible coût.

Et les limitations ne s’arrêtent pas seulement aux applications. Une affaire d’actualité : Le nouvel iPad ne prend pas en charge le lecteur Flash d’Adobe, ce qui empêchera les utilisateurs d’accéder à de nombreux sites.

Bernoff ajoute : « bien que (cette tendance) ne soit pas nécessairement mauvaise pour les consommateurs, ils devraient prendre conscience qu’ils sont en train de faire un choix. Quoi qu’ils choisissent, certains contenus ne leur seront pas disponibles ».

Des choix difficiles

Les entreprises qui créent les applications sont maintenant confrontées à des choix difficiles. Quels appareils choisiront-elles de prendre en charge ? Combien d’argent et de temps devront-elles prendre pour que leurs contenus fonctionnent sur ces gadgets ?

Quel que soit le choix des développeurs, il leur manquera toujours une partie des consommateurs qu’ils pouvaient auparavant toucher lorsque le Web était un seul morceau.

Sam Yagan, co-fondateur du site de rencontres OKCupid.com, ajoute : « quand nous avons commencé notre projet, jamais nous avons pensé que nous aurions à faire face à un tel problème. Réécrire un programme pour un téléphone différent c’est une perte de temps, d’argent, et c’est un vrai casse-tête ».

D’après Yagan, OkCupid emploie 14 personnes, et son application pour l’iPhone a nécessité 6 mois de travail pour être développée. L’entreprise envisage de créer une application pour Android, ce qui prendra environ 2 mois.

« C’est un énorme problème de répartition des ressources, surtout pour les petites entreprises », explique Yagan, « Nous n’avons tout simplement pas assez de ressources pour mettre 5 personnes sur chaque appareil qui sort ».

Chris Fagan, co-fondateur de Froogloid, une société qui propose un comparateur pour le commerce électronique, dit que son entreprise a choisi de se spécialiser sur Android, car il marche avec plusieurs téléphones comme le Droid, Eris, ou G1.

Selon Fagan « les consommateurs sont en train de perdre des choix possibles, et les entreprises sont en train de souffrir de ces coûts supplémentaires ». Mais il ajoute que la popularité en plein essor des applications signifie que les entreprises continueront à en concevoir malgré leur coût.

Et après ?

Comme un Internet plus fragmenté devient chose courante, Bernoff de Forrester pense qu’il y aura un contrecoup : une avancée pour rendre le contenu sur mobile plus uniforme et interopérable.

La solution pourrait bien être la nouvelle version du langage Web qui arrive à point nommé, le HTML5, qui d’après Bernoff pourrait devenir un standard sur les appareils nomades dans quelques années. Par exemple, le HTML5 permet de faire fonctionner des animations sur les sites Web sans utiliser le Flash.

Mais l’arrivée de n’importe quelle nouvelle technologie déclenchera une lutte pour la contrôler. Don More de Updata s’attend à voir « une bataille sans merci entre les entreprises (pas seulement Apple et Google, mais aussi Comcast, Disney et tous ceux qui s’occupent des contenus). Que ce soit les applications, les publicités, les appareils… tout le monde est en train d’essayer de contrôler ces technologies émergentes ».

Évidemment, personne ne peut prévoir le futur du Web. Mais Bernoff est au moins sûr d’une chose.

« Nous ne connaissons pas ce que seront les tous nouveaux appareils en 2011. Mais ce qui est certain, c’est que l’Internet ne fonctionnera plus comme on l’a connu. »

Notes

[1] Crédit photo : Raúl A. (Creative Commons By)

> Article initialement publié sur Framablog

> Image de une Franck Chicot sur Flickr

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Journalisme et Internet : quand l’information devient “mobile” http://owni.fr/2009/10/08/journalisme-et-internet-quand-l%e2%80%99information-devient-%e2%80%9cmobile%e2%80%9d/ http://owni.fr/2009/10/08/journalisme-et-internet-quand-l%e2%80%99information-devient-%e2%80%9cmobile%e2%80%9d/#comments Thu, 08 Oct 2009 09:29:41 +0000 Le blog des assises du journalisme http://owni.fr/?p=4369 Avec 4 milliards de mobiles dans le monde, la téléphonie sonne bel et bien la révolution de la communication, mais aussi du journalisme. Le téléphone portable est en effet de plus en plus utilisé pour  transmettre l’actualité. Points de vue autour de ce nouvel outil d’information.

Objets pratiques et personnels, proches du format papier pour leur aspect tactile, les mobiles nouvelle génération permettent aujourd’hui aux utilisateurs de profiter d’une actualité quasi instantanée. De l’événement en direct aux réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, les applications des téléphones portables ne cessent de se développer et intéressent toujours plus les groupes de presse. “L’information sur mobile, c’est une révolution équivalente à celle de Gutenberg.” Benoît Raphaël, rédacteur en chef du Post et animateur de l’atelier “Quelles informations sur mon mobile? ”, juge cette pratique  en pleine expansion. Une tendance accélérée par l’arrivée des smartphones et notamment de l’Iphone  : plus de 30 millions de ventes dans le monde en deux ans.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Dès 2007, l’Agence France-Presse a acquis 34% des parts de Citizenside. Dans un modèle participatif, cette agence photo défend l’idée de “témoignage d’actualité” : chacun peut participer à l’information. A partir d’un mobile, tout événement peut ainsi être traité sans délai et vendu à d’autres médias. “Mais utiliser des photos amateurs ne menace-t-il pas le travail des professionnels?” Une journaliste s’interroge pendant le débat. “L’amateur témoigne de l’actualité, le journaliste l’explique, l’analyse, la critique”, rassure Matthieu Stefani.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Propos recueillis par Laëtitia Simoes et Eléonore Autissier

> Article initialement publié sur le blog des Assises du journalisme

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