OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 #1 – Hacker le système politique est une question de volonté http://owni.fr/2011/03/02/chroniques-de-rechi-hacker-le-systeme-politique-est-une-question-de-volonte/ http://owni.fr/2011/03/02/chroniques-de-rechi-hacker-le-systeme-politique-est-une-question-de-volonte/#comments Wed, 02 Mar 2011 16:30:45 +0000 Loic H. Rechi http://owni.fr/?p=49378 [NDLR] Cet article est le premier d’une série que nous espérons longue, sobrement intitulée pour le moment “Les Chroniques de Rechi”. Enjoy, comme on dit.

N’importe quel gratte-papier le sait, les sujets potables émergent régulièrement de l’alchimie des rencontres nocturnes provoquées au gré de l’alcool qui glisse et des heures qui passent. Vendredi soir dernier, au détour d’une soirée dans un appartement dominant majestueusement le bassin de la Villette, un nerd imposant à la chevelure bouclée et au rire sonore m’entretient au rythme de sa bière qui diminue du #hackathon, une performance organisée à l’initiative de la Quadrature du net – ces hérauts français de la liberté numérique absolue. L’espace d’un week-end, une poignées de programmeurs, designers et autres philosophes de l’internet se réunissaient dans le hackerspace d’un squat parisien, avec pour objectif commun de travailler nuit et jour sur la seconde mouture de Mémoire Politique, un site collaboratif ayant vocation à noter tous les eurodéputés du continent, en fonction de leurs votes sur les thématiques numériques discutées à Strasbourg et à Bruxelles.

Mon grand gars de la veille ayant suffisamment attisé ma curiosité, je débarque le samedi en fin d’après-midi dans un colossal immeuble occupé, en plein centre de Paris. Le mélange des genres est assez étonnant. De la porte d’entrée où un jeune rebeu me taxe une clope et me propose de lui acheter chosequel, je passe à un univers complètement distinct quatre étages plus haut. Sur un plateau de plusieurs centaines de mètres carrés, des câbles disputent l’occupation murale à des morceaux de processeurs qu’on imagine avoir été chirurgicalement extraits d’unités centrales obsolètes. Et puis planté là, au milieu d’une salle à moitié vide, une quinzaine de développeurs s’acharnent à coder des lignes incompréhensibles pour le néophyte, ne s’accordant du répit que pour ingérer un peu de fumée ou de bière et éventuellement échanger quelques mots sur l’avancée des travaux.

Au milieu de la masse des développeurs, un petit gaillard sapé comme un skateur sur le retour, lunettes épaisses, cheveux et barbe dans tous les sens se lève et se rassoit sans cesse, orchestrant la partition en train de s’écrire. Jérémie Zimmermann est l’un des cofondateurs de la Quadrature du Net et sans doute sa figure la plus éminemment médiatique. Si c’est la première fois que je rencontre le lascar, il me revient en mémoire qu’au-delà de toutes les mentions qui lui sont régulièrement faites dans la presse, un Islandais proche de WikiLeaks que j’avais rencontré huit mois plus tôt dans un bar à Reykjavik m’avait demandé si je le connaissais. Un peu à l’écart, le garçon me confirme que tout ce petit monde s’évertue à faire émerger la seconde version d’un outil qui ambitionne d’emmerder tout eurodéputé qui prendrait des positions antagonistes à celle de la Quadrature lors du vote de textes de loi relatifs à Internet. Le message de ces hacktivistes est clair, rien de ce qui sera voté au parlement européen ne leur échappera.

Jérémie Zimmermann dans ses oeuvres, au moment des débats autour de la loi Hadopi

Assis dans un coin de l’énorme plateau de bureaux squattés illégalement, Zimmermann est intarissable sur son affaire. Sur le wiki dédié à l’initiative Mémoire Politique, chaque eurodéputé dispose d’une fiche personnalisée scrupuleusement remplie avec son parti national, le groupe politique au sein duquel il siège, sa fonction au parlement, son site et même son téléphone direct à Bruxelles et à Strasbourg, avec la possibilité de l’appeler instantanément pour le pourrir, si besoin est, via un ingénieux dispositif de voip. Et puis évidemment – et c’est là que réside toute la vigueur de Mémoire Politique – une rubrique de la fiche est entièrement consacrée aux votes intéressant la Quadrature, auxquels ledit député aurait pris part.

Résolution sur l’Accord Commercial Anti-Contrefaçon (ACTA), rapport Gallo sur l’application des droits de propriété intellectuelle sur le marché intérieur, rapport Bono sur les industries culturelles en Europe… à chaque fois qu’un rapport, une directive ou une résolution – aussi bordélique et brut soit-il – concerne de près ou de loin le net, les types de la Quadrature s’évertuent à réaliser un travail de forçats en l’épluchant et en établissant des barèmes et des coefficients d’importance des différents amendements. Une fois l’affaire votée, chaque eurodéputé se voit attribuer une note allant de 0 à 100, reflet intemporel, par la force du web, du vote d’un jour. La bonne connaissance des techniciens maison d’outils basiques comme le référencement web leur permet par ailleurs de monter la fiche de chaque eurodéputé très haut dans les résultats google, souvent en quatrième position juste derrière leur page officielle du parlement, leur blog ou site et la sacro-sainte fiche Wikipedia. Un mécanisme ingénieux, simple, mais diablement couillu et parfaitement huilé.

Non-contents du boulot déjà abattu mais trop peu médiatisé, ces nerds ultrapolitisés ont ainsi décidé de passer la seconde en pimpant leur petit bijou, notamment avec des badges symboliques récompensant les meilleurs ou à l’inverse de coller d’infâmes jpeg d’étrons sur la page de ceux qui voteraient dans un sens contraire à la mentalité endogène. Réunis physiquement ce weekend, ces activistes travaillent surtout à l’établissement d’une architecture Open-Source. En plus de se départir de la structure Wiki qui pêche par ses contraintes, l’idée de la nouvelle version consiste particulièrement à conférer à d’autres organisations, la possibilité d’adapter l’outil selon les intérêts de chacun. Greenpeace pourra ainsi abattre un labeur similaire sur les questions écologiques, Reporters sans Frontières sur les affaires de libertés de presse et ainsi de suite.

Au delà de la prouesse technique, Zimmermann et sa clique contribuent à un travail d’intérêt commun. Devant la multiplication d’initiatives analogues, les dirigeants politiques finiront par devoir intégrer dans leurs petites tronches de bureaucrates déconnectées que composer avec les hacktivistes de tout bord, n’est même plus de l’ordre de l’option politique. À l’instar des multiples séismes occasionnés par WikiLeaks ces derniers mois, ces gonzes qui ont longtemps trainé une réputation de binoclards prostrés derrière des écrans redéfinissent la notion de citoyens actifs à grands coups de pages internet dans la gueule des politicailleurs. Pour autant, leur premier combat – celui de la démocratisation d’outils comme Mémoire Politique – est loin d’être gagné.

Sans la conjonction de ces événements qui m’ont fait atterrir un samedi après-midi dans cet espace confidentiel, je n’aurais probablement pas découvert cette initiative vieille de trois ans, alors que sans fausse modestie, je crois faire partie de la génération la plus à même d’être au courant de la tenue de ce genre d’initiative. Cet objectif de peser dans l’arène politique avec l’intention de défendre coûte que coûte la liberté numérique soulève aussi son lot de paradoxes. Si les conservateurs du bloc de droite récoltent sans surprise des notes minables, et que les gauchistes naviguent entre le meilleur et le pire selon les dossiers, les plus constants dans le haut du tableau se situent souvent du côté des verts… et de l’extrême-droite. Gollnisch ou le père et la fille Le Pen obtiennent quasiment à chaque fois des résultats qui flirtent avec les sommets, les singularisant de facto dans le rôle d’ambassadeurs politiques d’une lutte dont Zimmermann et la Quadrature se passeraient probablement. Mais dans le fond, ces individus réunis l’espace d’un jour dans le même espace physique, poursuivent un but bien plus global qu’ils martèlent volontiers : hacker la loi et le système politique. Et plutôt que devenir l’énième incarnation d’un obscur lobby, ils ont choisi leur voie : l’action.

NDA: La Quadrature du Net a également mis en place une démarche similaire au niveau national. Mémoire Politique permet ainsi de consulter les notes attribuées à votre député de circonscription sur les votes relatifs à l’internet en France, à l’instar de la loi Hadopi. Et si vous n’êtes pas content, rien ne vous empêche de les appeler d’un clic pour les engueuler. A noter aussi le travail effectué par RegardsCitoyens.

Crédits Photos FlickR CC : Pachango/ verbeeldingskr8 / mksavage / Bold&Blond /

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Monsieur le Ministre de la Culture, je vais vous aider à comprendre http://owni.fr/2010/11/12/monsieur-le-ministre-de-la-culture-je-vais-vous-aider-a-comprendre/ http://owni.fr/2010/11/12/monsieur-le-ministre-de-la-culture-je-vais-vous-aider-a-comprendre/#comments Fri, 12 Nov 2010 20:01:35 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=35480 Numérama rapportait hier, que dans une interview accordée à France 24, notre Ministre de la Culture qui ne comprend pas comment nous en sommes arrivés là avec HADOPI. C’est quelque chose que j’avais déjà tenté d’expliquer ici à propos de la négligence caractérisée. Frédéric Mitterrand semble surpris du bourbier qu’est HADOPI :

Je peux comprendre, je n’ai aucune envie de diaboliser les adversaires. D’abord parce que ça n’est pas dans ma nature, et puis en plus quand il y a des adversaires très très résolus, c’est qu’ils ont une pratique, c’est qu’ils ont des habitudes, etc. Il faut essayer de comprendre pourquoi ils en sont arrivés là

Je vais donc essayer, monsieur le Ministre, de vous apporter quelques réponses, rien d’exhaustif, mais quelques points qui font que cette loi, en l’état, ne peut être acceptées des internautes.

Les odieuses tractations entre gens tous d’accord (ou presque)

L’accord Olivennes [PDF], qui sont aussi et surtout les accords de l’Elysée, ou plutôt les accords du Fouquet’s, ont commencé à éveiller notre attention. Tout ceci s’est joué de manière convenue entre personnes toutes d’accord entre elles à l’exception de Xavier Niel. De par sa fonction, le dirigeant de Free ne pouvait pas ne pas être convié. Il a donc fallu lui faire une forme de chantage (à coup de licence 3G) pour qu’il consente à aller à reculons signer une feuille blanche, chose qu’il confiera peu après à la presse [NDLR: Xavier Niel est depuis peu actionnaire d'OWNI]. Comble du cynisme Monsieur le Ministre, votre prédécesseur, Madame Albanel a osé appeler cette mascarade un « consensus ». On voit bien aujourd’hui ce que donne ce consensus.

Ceci ne trompe aujourd’hui plus personne, il est maintenant de notoriété publique que ces pseudos accords étaient uniquement destinés à mettre en place l’inacceptable… et devinez quoi… 3 ans après c’est toujours aussi inacceptable et non accepté. Internet a une mémoire.

Je frappe d’abord et je discute après

L’intégralité des débats parlementaires sur HADOPI ont offert un triste spectacle aux internautes qui se sont passionnés pour ce texte qui entend modifier plus de 10 ans d’usages. Certes, vous êtes arrivés en cours de route, mais jetez au moins un œil sur tout ce que vous avez raté, le médiakit de la Quadrature du Net, que votre prédécesseur qualifiait de 5 gus dans un garage, pourrait vous être utile.

Tout y est passé : listes blanches, filtrage, sur-référencement de l’offre légale (atteinte manifeste à la libre concurrence), présomption de la culpabilité, atteinte à la liberté d’expression, double et triple peine… et hop une censure au Conseil Constitutionnel. Puis HADOPI 2, passage en force, contournement juridique de l’avis du Conseil des Sages grâce au subterfuge de l’ordonnance pénale… bien joué, mais ça ne sera pas suffisant.

Malgré ces signaux, le gouvernement a jugé opportun de passer en force manifestant un profond mépris de notre démocratie, un mépris de l’opposition, même quand cette opposition était dans son propre camp et prodiguait des conseils souvent très avisés.

Bilan, aujourd’hui nous avons :

  • toujours pas d’offre légale (elle est si pitoyable que c’est le contribuable qui en est de sa poche pour essayer d’en faire la promotion et je ne parle même pas de la risible mise en place) ;
  • toujours pas de moyen de sécurisation ;
  • des gens s’enrichissent grâce à HADOPI ;

Au moins il y a une certaine constance dans la méthode : on frappe d’abord, on discute après. On stigmatise un problème (la rémunération des auteurs) sans y apporter de solution. Et quand on se trouve dans ce genre de situation, il ne fait pas l’ombre d’un doute que l’on fait partie intégrante du problème.

Donc non, HADOPI n’est pas une solution, elle est le problème. Vous pouvez croiser tous les doigts que vous voulez Monsieur le Ministre, HADOPI ne peut fonctionner, et ne fonctionnera pas. Sur Internet on ne peut pas envoyer de CRS pour disperser les manifestants, votre gouvernement a voulu le conflit, il a maintenant une guérilla sur un champ de bataille qu’il ne connait pas et pour lequel il n’a pas d’arme adaptée. Les internautes ne lancent plus de pavés, mais des octets. Il va vous falloir faire face au mieux à un cyber 68, au pire un superbe bourbier qui pourrait très bien dégénérer.

Multiples manifestations d’incompétence

Un bon lien valant mieux qu’un long discours, je vous invite à lire et visionner ceci. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je ne peux me résigner à accorder le moindre crédit à ce texte quand je vois le sérieux avec lequel il a été voté. HADOPI est une blague, depuis le début, et si la HADOPI espère faire peur avec ça, et bien c’est pas gagné ! Au mieux ce texte fait rire, au pire il agace, mais faire peur… bon allez, si ça vous le fait abroger, pas de problème je suis prêt à déclarer publiquement que je suis mort de trouille et on en parle plus et tout le monde est content.

HADOPI défend les intérêts des copains du Fouquet’s

Le cynisme d’HADOPI ne s’arrête pas là. Êtes-vous en mesure, monsieur le Ministre, de me citer un seul nom d’artiste qui a gagné ne serait-ce qu’un seul centime grâce à ce texte ? Moi, d’ici, ce que je vois, c’est que le contribuable injecte 50 millions d’euros sur deux ans en période de crise dans une odieuse carte musique jeune, en plus de tous les cadeaux qui ont été faits aux industriels de la culture.

Mais les artistes sont bien les grands oubliés. Que faites vous pour eux avec ce texte monsieur le ministre ? Les artistes que je connais sont dans leur grande majorité dans une précarité assez extrême, et vous distribuez des millions à tour de bras à une industrie qui se porte parfaitement bien ! C’est indécent. Faisons un peu l’addition pour le contribuable d’ailleurs.

Et non, ce n’est pas gratuit !

  • Débats parlementaires : environ 180 millions d’euros (nombres de Parlementaires multiplié par le salaire en jours, multiplié par le nombre de jours de débats + commissions parlementaires. Allez je suis sympa, je ne compte même pas les salaires ministériels, ni ceux des attachés parlementaires et ministériels. Avec ça on pourrait facilement doubler le coût de la mascarade)
  • Un site de propagande, jaimelesartiste.fr : 80 000 euros pour 3 semaines d’uptime.
  • Carte musique Jeune : 50 millions d’euros sur 2 ans
  • Budget de la HADOPI : 12 millions par an, on va lui donner une espérance de vie de 2 ans, jusqu’en 2012 et partir sur une enveloppe globale (surement sous estimée) de 22 millions d’euros
  • Identification des internautes : quelques patates « indolores » aux dires de Christine Albanel soit 8,5 euros, multipliés par 50 000 adresses IP par jour, multiplié par 365 jour dans l’année : 155 125 000 euros ! Comme je ne crois pas un instant au chiffre annoncé de 50 000 saisines par jour, on va être gentil et tabler sur 5 000 par jour, ce qui nous fait une enveloppe déjà confortable de 15,5 millions d’euros, auquel on ajoutera la remise spéciale faux cul de FAI (ces gens qui font de la pub pour du téléchargement illimité) concédée par Orange, Numéricable et SFR, il faudra peut-être un jour dédommager Free, tablons sur un timide 4 millions d’euros.
  • … je m’arrête là parce que je suis en train de perdre mon calme, mais il faudra ajouter à ça encore une tournée de débats parlementaires pour faire sortir ce texte de notre corpus législatif, les frais de dédommagement en justice des « erreurs » de l’HADOPI. La facture totale en 2012 pourrait s’élever assez facilement à un demi milliard d’euros si on veut vraiment appliquer ce texte ! Et à côté de ça on rabote sur les jeunes entreprises innovantes qui sont l’avenir de nos emplois et l’un des moteurs de notre croissance pour économiser 50 millions d’euros !

Tout ça pour un texte inapplicable qui sera abrogé et dont nos enfants se moqueront pendant des générations. Dans un siècle, HADOPI sera étudiée dans les classes d’histoire comme un épisode tragicomique du 21e siècle.

Et après ça, Monsieur le Ministre, vous vous étonnez que l’opposition à ce texte soit si importante? Moi pas. je trouve même parfaitement logique que la pilule de la réforme des retraites passe mieux que celle d’HADOPI.

Article initialement publié sur Bluetouff

Crédits photo cc FlickR : Elgin County Archives, Okinawa Soba, ilopezyou.com, nathangibbs.

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Paquet télécom : vagues de sensibilisation http://owni.fr/2010/02/05/paquet-telecom-vagues-de-sensibilisation/ http://owni.fr/2010/02/05/paquet-telecom-vagues-de-sensibilisation/#comments Fri, 05 Feb 2010 07:07:30 +0000 Peignois Aurore http://owni.fr/?p=7678 Dans le débat vigoureux au sujet du « paquet télécom », des nouveaux acteurs sont entrés en jeu. On les appelle les activistes. Parmi les plus dynamiques, on retrouve le collectif « La Quadrature du net ». Ce rassemblement online de citoyens vise à influencer les leaders politiques via des opérations de « mass mailing ».

« La Quadrature du Net appelle ses soutiens à se mobiliser afin que l’amendement 138 déposé sur le rapport Trautmann[1] soit voté et contribue à garantir que la « riposte graduée » ne puisse être mise en place en Europe », pouvait-on lire en septembre dernier, sur le site internet de la « La Quadrature du net ». « Il s’agit d’un collectif de citoyens qui informe sur des projets de lois que nous considérons dangereux pour les libertés individuelles mais aussi pour le développement socio-économique de l’internet », explique Jérémie Zimmermann, porte-parole et cofondateur de la plateforme, au journaliste Damien Van Achter. La mobilisation des citoyens est organisée sur un wiki, un site web dont la principale caractéristique est de permettre à ses utilisateurs d’éditer de façon simple et rapide n’importe laquelle de ses pages. Parmi les tâches proposées, les internautes peuvent contacter personnellement les députés pour les sensibiliser ou leur expliquer les tenants et aboutissants des projets sur lesquels ils travaillent. Pour ce faire, de nombreux outils sont à la disposition des citoyens. De la lettre type en passant par la liste exhaustive des moyens de contacter chaque politicien concerné, le citoyen a, entre les mains, tous les outils pour être un parfait activiste.

Vague de mails

Lorsque des telles opérations de sensibilisation sont mises en place, les boites mails des députés se retrouvent vite submergées. Philippe Lamberts, eurodéputé vert en témoigne : « avant le débat sur le « paquet télécom, on n’avait jamais connu un bombardement par emails en provenance de citoyens à titre personnel. Mais il faut bien se rendre compte qu’à un moment, on arrive au seuil de saturation et qu’on ne fait plus attention ». Pour le politicien belge, « la démocratie c’est un peu une série d’intermédiations entre les citoyens et la décision politique. Je trouve que les ONG y ont toute leur place mais je pense que parfois, elles scient la branche sur laquelle elles sont assises. Si elles venaient nous trouver en disant ; ‘‘voici un texte que nous avons soumis à la consultation populaire sur Internet et pour lequel nous avons 1 millions de signatures, quelle est votre réponse’’ ? Il faut bien se dire que les députés ont une bande passante limitée et qu’on ne va pas répondre à 10.000 mails… même si on sait que c’est important ».

De son côté, Christian Engström (VERT) dont la carrière politique a décollé grâce à ce type d’action en Suède, a une opinion tout à fait différente sur les opérations d’envois multiples, dites de « mass mailing » : « Je pense que c’était absolument central dans le débat. C’est uniquement grâce à la mobilisation des activistes qui se sont intéressés au Paquet télécom que nous avons pu trouver quelque chose qui allait dans la bonne direction ». L’eurodéputé reconnait tout de même que c’est son background d’activiste pour le parti suédois Pirate Bay qui l’en convint. Selon lui, il est central que les lettres écrites par les citoyens soient personnelles, « car personne n’apprécie recevoir à profusion une lettre unique sans personnalisation, c’est juste du spam », dit-il. « Mais si de nombreux citoyens envoient une lettre qu’ils ont écrite eux-mêmes, ça peut faire la différence. Je pense que cette action a eu un énorme impact pour les Parlementaires qui n’étaient pas convaincus au préalable de la nécessité de mettre en place certaines garanties », ajoute Christian Engstörm.

Les deux prochaines étapes pour les activistes consisteront à rappeler à leur propre gouvernement que les droits des citoyens par rapport à Internet doivent être respectés et que « la discussion n’est pas finie puisque la directive n’est pas parfaite », renchérit M. Enstörm. Il reste donc pas mal de pain sur la planche pour les collectifs citoyens.

> Article initialement publié sur le blog d’Aurore


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ACTA attaque l’Internet! Attaquons ACTA! http://owni.fr/2010/01/28/acta-attaque-linternet-attaquons-acta/ http://owni.fr/2010/01/28/acta-attaque-linternet-attaquons-acta/#comments Thu, 28 Jan 2010 08:30:55 +0000 La Quadrature du Net http://owni.fr/?p=7336 [NDLR] Cet appel a été initialement sur le site de la Quadrature du Net, dont le travail extrêmement important pour la défense des libertés numériques est menacé. Tout simplement par manque d’argent : soutenons-les !

Paris, le 25 janvier 2009 — Les négociations sur l’Accord Commercial Anti-Contrefaçon (ACTA) se tiendront du 26 janvier au 29 janvier à Mexico. Le but de l’ACTA est de contrôler Internet, tout en évitant soigneusement les processus démocratiques. Des négociateurs non-élus aux ordres des industries du divertissement attaquent l’essence même d’Internet. Attaquons l’ACTA ! Dévoilons ses négociateurs pour les mettre face à leurs responsabilités.

Du 26 au 29 janvier, des représentants d’une poignée de pays (dont l’Union européenne, représentée par la Commission) se rencontreront à Mexico pour décider du futur de l’Internet et d’autres problématiques telles l’accès aux médicaments. Sans contrôle d’organisation démocratique et supervision démocratique, les conditions sont idéales pour que les lobbies du divertissement accomplissent leur rêve : imposer un régime de copyright fondamentalement inadapté en vue de contrôler l’Internet et l’accès aux savoirs. Plus de 80 organisations non-gouvernementales du monde entier (dont Consumers International, Reporters sans frontière, la Free Software Foundation et l’Electronic Frontier Foundation) ont déjà signé une lettre ouverte s’opposant fermement à l’ACTA [1]

La dernière analyse de la Commission européenne [2] dévoile l’intention du texte : imposer un accord “volontaire” entre les fournisseurs d’accès Internet et les titulaires de droits pour combattre de manière extra-judiciaire les atteintes au droit d’auteur par une riposte graduée et le filtrage ou une suppression automatisée des contenus. Pour forcer les opérateurs à accepter de telles restrictions, ACTA les rendra responsables des atteintes au droit d’auteur effectuées par leurs utilisateurs.

“En créant une insécurité juridique pour les opérateurs d’Internet, l’ACTA les forcera à céder sous la pression des industries du divertissement. L’ACTA obligera les fournisseurs d’accès à Internet à filtrer et enlever contenus et services, les transformant en auxiliaires privés de police et de justice. Nous ne pouvons tolérer que des restrictions aux droits et libertés fondamentaux soient imposées par des acteurs privés. Une telle modification du droit pénal par les gouvernements eux-même, dans l’opacité la plus totale, montre combien les personnes à l’origine de l’ACTA haïssent la démocratie.” analyse Jérémie Zimmermann, porte-parole de La Quadrature du Net.

La Quadrature du Net appelle chaque citoyen à participer à la prise de conscience des dangers de l’ACTA (voir le policy brief [3] et à dévoiler ses négociateurs afin qu’ils aient à faire face à leurs reponsabilités. Une page de campagne participative dédiée [4] est fournie à cet effet.

“Obéissant aux industries de la musique et du cinéma, des négociateurs non-élus sont en train de décider du futur d’Internet. Nous devons les en tenir responsables et s’assurer qu’ils assumeront les conséquences de leurs décisions.” conclut Jérémie Zimmermann.

  • 1.ACTA: A Global Threat to Freedoms – open letter: http://www.laquadrature.net/fr/acta-menace-globale-pour-les-libertes-let…
  • 2.http://sharemydoc.org/files/philip/ec_analysis_of_acta_internet_chapter….
  • 3.http://www.laquadrature.net/files/LaQuadratureduNet-20100124_Policy_Brie…
  • 4.Page de campagne “Attaquons ACTA” sur le wiki de La Quadrature : http://www.laquadrature.net/wiki/Attaquons_ACTA
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    Partager n’est pas voler http://owni.fr/2009/04/24/partager-nest-pas-voler/ http://owni.fr/2009/04/24/partager-nest-pas-voler/#comments Thu, 23 Apr 2009 23:36:50 +0000 Epelboin http://owni.fr/?p=471 Cliquer ici pour voir la vidéo.

    « Si la nature a rendu moins susceptible que toute autre chose d’appropriation exclusive, c’est bien l’action du pouvoir de la pensée que l’on appelle une idée, qu’un individu peut posséder de façon exclusive aussi longtemps qu’il la garde pour lui ; mais au moment où elle est divulguée, elle devient la possession de tous, et celui qui la reçoit ne peut pas en être dépossédé. Sa propriété particulière, aussi, est que personne ne la possède moins parce que tout le monde la possède. Celui qui reçoit une idée de moi reçoit un savoir sans diminuer le mien ; tout comme celui qui allume sa bougie à la mienne reçoit la lumière sans me plonger dans la pénombre. Que les idées circulent librement de l’un à l’autre partout sur la planète »

    Thomas Jefferson, président des États-Unis d’Amérique de 1801 à 1809.

    (via: La Quadrature du Net)

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