OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le livre numérique cherche ses bibliothèques http://owni.fr/2012/01/03/le-pret-numerique-cherche-sa-place-sur-letagere/ http://owni.fr/2012/01/03/le-pret-numerique-cherche-sa-place-sur-letagere/#comments Tue, 03 Jan 2012 16:47:34 +0000 Bibliobsession http://owni.fr/?p=92288

En 2012 il reste une idée reçue gênante : un livre emprunté dans une bibliothèque est soi-disant un livre qui n’est pas acheté. Que l’on ajoute numérique et l’idée reçue est toujours là, empoisonnant les relations entre éditeurs et bibliothécaires.

Dans l’article “Les bibliothèques pourront-elles être le freemium de l’édition?”, je soulignais l’importance de réinsérer les bibliothèques dans la chaîne de valeur de l’édition, de manière explicite, partant de l’idée qu’il faut nous rendre nécessaires dans un monde d’abondance des données et que les emprunteurs de livres dans les bibliothèques sont aussi acheteurs. C’est ce qu’a commencé à faire la New York Public Library avec Librarybin :

“Un bouton “acheter” a été mis en place dans l’application de prêt, pour rediriger vers le site de l’éditeur. Le programme LibraryBin par Overdrive propose aux usagers que chaque achat de fichier permette de soutenir (sous forme de don financier) les bibliothèques partenaires du programme.”

Bien sûr, cela soulève de nombreuses questions sur le rôle des bibliothèques. Parmi ces questions, celle de leur place dans l’économie de marché. Eric Hellman du blog Go to Hellman publie un retour d’expérience de la Douglas County Library sur l’ajout d’un bouton d’achat pointant vers Amazon ET un libraire local faisant de la vente en ligne de livres. Attention on parle ici de livres et non pas de livres numériques. En onze jours, plus de 700 clics ont été enregistrés, dont 389 pour Amazon et 262 pour le libraire local. En extrapolant ces chiffres au pays, plus de 6 000 livres par jour seraient achetés soit plus de 2,1 millions de livres par an ! S’il semble un peu facile d’extrapoler ainsi, ces chiffres sont confirmés par une étude menée aux États-Unis relayée par cet article de INA global :

Une étude publiée en octobre 2011 par le Library Journal met en évidence la valeur que représentent les bibliothèques pour le monde de l’édition. L’étude rassemble des données et des enquêtes collectées auprès des usagers des bibliothèques dans tout le pays. Elle affirme que les bibliothèques peuvent jouer un rôle prépondérant pour doper les ventes de livres, en adoptant une posture de partenaire – et non de menace – vis-à-vis des éditeurs.

“Nos données établissent que 50 % de l’ensemble des usagers des bibliothèques affirment acheter des livres écrits par un auteur qu’ils ont connu par le biais de la bibliothèque, déclare Rebecca Miller, rédactrice en chef du Library Journal. Voilà de quoi briser le mythe selon lequel quand une bibliothèque acquiert un livre, l’éditeur perd de potentielles ventes pour le futur ».

Bien sûr il s’agit des États-Unis, d’un contexte différent. On se demandera volontiers de ce côté-ci de l’Atlantique si c’est le rôle des bibliothèques de rendre ce lien économique explicite en ajoutant des boutons menant vers la vente de livres. Et pour cause, pour le livre imprimé, en France il existe depuis 2003 une loi encadrant le droit de prêt qui socialise le service d’emprunt des bibliothèques en compensant son impact sur le marché. J’avais noté la proximité de ce système avec les propositions de la licence globale. Pour le livre imprimé, pas besoin d’aller plus loin, me semble-t-il, dans un contexte français où bon nombre d’élus et de professionnels sont attachés (pour le meilleur comme pour le pire) à une frontière étanche entre le marchand et le non-marchand.

Soumission aux libres forces du marché

Pour le livre numérique en revanche, la situation est différente. Pourquoi ? Parce que les bibliothèques ne sont pas perçues et reconnues comme nécessaires pour accéder à des livres numériques aujourd’hui alors qu’elles représentaient avant Internet une alternative historiquement soutenue à ce titre par les pouvoirs publics pour le livre imprimé. Faute d’un soutien politique qui reconnaitrait l’intérêt général auquel peuvent répondre les bibliothèques dans l’accès au livre numérique, nous risquons d’être soumis aux libres forces du marché qui décideront de proposer une fenêtre d’accès à des contenus par les bibliothèques si les acteurs économiques y ont intérêt… ou pas.

En réalité, le marché français va certainement se dessiner par ce qui va se passer aux États-Unis dans les prochains mois (année ?). Si le prêt numérique s’impose véritablement et si les éditeurs (les big six) d’abord réticents suivent, alors on peut légitimement penser que ces offres finiront par arriver en Europe. Le succès des liseuses et notamment de celles d’Amazon plaide en ce sens et le précédent d’Apple a montré que les réticences françaises sont bien souvent des manières d’instaurer un rapport de force de nature à influencer la découpe des parts du gâteau de la distribution/diffusion numérique avec des acteurs qui disposent d’un écosystème touchant le client final. Que ferons-nous alors face à des offres très puissantes arrivant dans la poche du lecteur ?

L’exemple américain en repoussoir

Si notre objectif est de diffuser largement et massivement le livre numérique, faudra-t-il ici aussi non seulement se plier au prêt numérique (donc à des DRM chronodégradables à grande échelle) et en plus accepter qu’un tiers comme Amazon se positionne à ses conditions entre les éditeurs et les bibliothèques ? Dans l’état actuel, voici ce que des milliers de bibliothèques américaines ont accepté, et le diable est dans les détails. Récit de l’emprunt d’un livre numérique chez Amazon, c’est édifiant. Extrait traduit par Marlène:

Ma première expérience d’emprunt d’un ebook pour Kindle à la bibliothèque m’a laissé comme un mauvais goût dans la bouche. Ca ne donnait pas l’impression d’emprunter un livre à la bibliothèque. J’ai plutôt eu l’impression qu’un commercial m’avait proposé un ebook avec une “offre d’essai gratuite et sans engagement” et me harcelait pour l’acheter à la fin de la période d’essai.

Quand l’ebook est rendu, il ne s’évapore pas purement et simplement. Le titre, la couverture, etc, restent visibles sur mon Kindle, exactement comme si l’ebook était toujours disponible, sauf que derrière la couverture il n’y a rien d’autre qu’une notice qui signale que l’ebook a été rendu à la bibliothèque – et un juste bouton, qui ne nous propose pas de renouveler [le prêt]. La seule possibilité est d’acheter l’ebook chez Amazon. [...]

Autant je milite contre le contrôle des fichiers à l’unité et ces satanés DRM, provoquant ce genre de détestable expérience, autant je crois qu’un contrôle d’accès par l’abonnement avec des usages illimités dans une base globale est un modèle acceptable. Modèle que l’on pratique depuis des années dans les bibliothèques, sur lequel on peut construire, comme je l’avais esquissé dans cet article. Pour la musique, c’est d’ailleurs le modèle le plus intéressant en l’absence d’une licence légale publique. Avec le prêt numérique sauce Amazon on part de très loin : contrôle par fichier, monstrueuse notion d’exemplaire numérique, opacité de la gestion des données personnelles, dépendance…

L’appétit d’Amazon et les craintes de cannibalisation des éditeurs nous orientent pourtant vers ces solutions de “prêt numérique” qui font craindre que la conception parfaitement libérale de l’action publique s’exporte très vite des États-Unis où les bibliothécaires sont littéralement pris en étau :

L’American Library Association (ALA), association américaine représentant les bibliothèques, a condamné la décision de Penguin : selon elle, l’opposition entre les éditeurs et Amazon “rend les bibliothèques esclaves d’un conflit portant sur des modèles économiques” et ce sont les usagers des bibliothèques qui en pâtissent.

Une offre propre aux bibliothèques mais peu visible

La vraie question est : quelle marge de négociation entre des bibliothèques publiques et des géants comme Amazon ou Overdrive alors même qu’on peine en France à négocier avec des éditeurs et des fournisseurs de contenus numériques ?

Faut-il  donc plutôt promouvoir des offres propres aux bibliothèques comme c’est déjà le cas, au risque d’avoir une visibilité très faible dans un marché qui sera dominé par des écosystèmes propriétaires couplant catalogues de contenus et objets nomades ? J’insiste sur ce point. On peut légitimement penser que dans quelques années, ne pas être dans l’App Store ou dans le catalogue d’Amazon ou celui de Google sera équivalent à une disparition de la surface lisible du web pour les éditeurs comme pour les bibliothécaires et le service de prêt ou de médiation qu’ils prétendent fournir.

Quelles alternatives alors ? Vous remarquerez que j’exclus de fait les libraires qui n’ont ni la volonté ni les moyens de développer des offres adaptées aux besoins d’usages collectifs dans les bibliothèques. Des initiatives existent ça et là, en Espagne, aux Etats-Unis, au Québec en France aussi ! Peut-être même que l’évolution des liseuses vers des tablettes plus ouvertes que les écosystèmes verrouillés qu’on propose aujourd’hui”hui permettront à des offres/catalogues innovants de coexister dans des écosystèmes liés aux objets nomades, après tout Apple n’a pas censuré la présence d’un Spotify dans l’App Store… C’est une voie à ne pas négliger me semble-t-il.

Les éditeurs français endormis

Peut-être les éditeurs français vont-ils finir par se réveiller et prendre véritablement en main une diffusion numérique de leurs catalogues à des prix bas dans des conditions respectueuses des droits des lecteurs en faisant évoluer leurs modèles économiques. Ils seraient bien inspirés de positionner de telles offres à grande échelle vers le grand public via des bibliothèques dans des conditions meilleures qu’aujourd’hui (Numilog, t’es moche aujourd’hui, mais tu peux évoluer !) plutôt que de se livrer, tels la presse il n’y a pas si longtemps aux griffes de l’aval de la chaîne… Au final nous avons tous à perdre d’une domination trop forte d’Amazon, mais j’ai bien peur qu’il ne soit déjà trop tard.

Il faut bien en avoir conscience, pour le livre numérique, l’alternative est au prix d’une marginalisation forcée, dans un marché qui se concentre sans acteurs publics, dans un contexte où les bibliothèques ne sont pas forcément nécessaires.

Difficile période de transition dans laquelle une stabilité existe : celle du besoin d’une médiation active, au risque de la découpler cette médiation du document primaire. L’avenir sera-t-il au local, à la recommandation, à l’expérience communautaire en ligne et in situ ? Je le crois.


Billet initialement publié sur Bibliobsession sous le titre “Livre numérique : 2012 une année charnière ?”

Photos et illustrations via Flickr : Pedrik [ccbyncsa] ; titom.ch [ccbyncsa] ; ownipics [ccbyncsa] ; Mike Licht [ccby]

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La loi du chiffre selon Google http://owni.fr/2011/11/03/la-loi-du-chiffre-selon-google-panda-bibliosurf/ http://owni.fr/2011/11/03/la-loi-du-chiffre-selon-google-panda-bibliosurf/#comments Thu, 03 Nov 2011 15:48:56 +0000 Claire Berthelemy http://owni.fr/?p=85524 Bernard Strainchamps, fondateur de la librairie en ligne Bibliosurf, a été comme d’autres sites, affecté par la mise en place du nouvel algorithme de Google, nommé Panda. Mis en place début août dans le but de rendre les résultats du moteur de recherche plus pertinents pour l’internaute, il a aussi pénalisé des sites de vente en ligne.

À partir de quel moment avez-vous constaté que vos pages disparaissaient des premiers résultats de Google ? Lorsque vous les avez contactés, quelle a été leur réponse ?

Dès le 15 août, j’ai constaté un retour différent de Google. J’ai écrit alors un billet sur mon blog intitulé ironiquement Panda n’est-il pas un animal en voie de disparition ? Comme 70% du chiffre d’affaires est encore généré pas des visiteurs occasionnels qui effectuent une recherche sur Google, un bon référencement est vital pour la librairie Bibliosurf. Je les ai contactés et ils m’ont répondu via mon compte webmaster tools que Bibliosurf n’était pas rentré dans des critères déclassifiants [NDLR : n’était pas une ferme de contenus] mais que l’algorithme évoluait et que cela pouvait entraîner des changements dans le classement.

Dans les faits, les statistiques vous ont montré qu’il y avait une baisse de la fréquentation. Jusqu’à quel point ?

Mon hébergeur a changé son logiciel de statistiques et Bibliosurf est passé d’une version du logiciel SPIP de 1.9 à 2.1. Aussi, c’est difficile de comparer des chiffres qui n’ont pas été produits dans les mêmes conditions. J’estime néanmoins une chute de fréquentation de 30% liée à Google Panda et une chute des commandes de 20% en septembre. Je n’ai pas encore les chiffres d’octobre mais Google Panda continue son travail de sape. La chute pourrait être de 40% ce mois.

Vous procédez à votre propre référencement. Avez-vous fait des modifications par la suite pour améliorer vos résultats ?

Sur Bibliosurf, je fais tout tout seul. Du code aux cartons en passant par les interviews des auteurs et l’animation du site. Je ne suis donc pas un spécialiste du référencement. Par contre, je sais que Bibliosurf a toujours bénéficié d’un très bon référencement sur ce moteur de recherche. Une étude du MOTIF [PDF] le montrait déjà en octobre 2010. Vers la mi septembre quand j’ai constaté la baisse drastique du nombre des commandes, j’ai effectué un test avec des titres en vue de la rentrée littéraire pour savoir ce qu’il en était de mes concurrents sur Google. J’ai alors constaté à mon grand étonnement que toutes les librairies en ligne étaient touchées sauf la Fnac qui caracolait dans les premières positions des requêtes dans 7 cas sur 10. J’ai regardé comment la Fnac présentait les notices.

On travaille tous avec le contenu dupliqué produit par les éditeurs. Aussi, il n’y a pas de raison qu’une librairie soit privilégiée. Lors de mon analyse, j’ai constaté que la Fnac avait remonté le contenu produit en interne : les commentaires des libraires et des lecteurs. J’ai donc fait de même. Un quart de Bibliosurf est du contenu enrichi : interviews, chroniques des lecteurs et revue de presse. A ce jour, ce changement n’a produit aucun effet.

Selon vous, qu’est ce que peut changer Google Panda à court et long terme pour les librairies telles que la votre et pour celles comme Amazon et la Fnac ?

Le filtre Panda qui chasse le contenu dupliqué est sans doute une bonne chose pour les internautes. Dans les premiers résultats des requêtes, il ne sert à rien que l’internaute ait accès dix fois à la même notice produite par les éditeurs.
Google met d’ailleurs en avant le site de l’éditeur à présent. Mais Google Panda est aussi une machine à gagner de l’argent qui va forcer l’e-commerce à acheter du mot clé payant. Cette semaine, j’ai effectué un test avec 100 euros investis dans les termes “ebook” et “livre numérique”. Cela a bien sûr redirigé des internautes vers ma nouvelle librairie de livres numériques mais sans générer une hausse du chiffre d’affaire.

Il y a un temps, Internet était un réseau de réseaux. Il a tendance à devenir le réseau de quelques multinationales qui prennent toute la place. Présent sur le web depuis 1997, et sur le web littéraire depuis 1999, je bénéficie aujourd’hui d’une certaine sympathie des bibliothécaires (qui est mon précédent métier), des libraires et des amateurs de littérature, en particulier de polar. Mais cette estime ne se traduit pas par un grand volume de ventes. Il y a les fidèles qui ne veulent pas lâcher leurs libraires et ceux qui sont accros à Amazon.
J’espérais beaucoup du numérique mais l’arrivée de lecteurs (reader ou tablette) fermés et liés à une librairie unique type Kindle ne laisse entrevoir que de sombres perspectives.

Non contentes de bénéficier d’une force de frappe financière, ces multinationales délocalisent leurs sièges au Luxembourg pour bénéficier d’une TVA réduite et ainsi vendre des livres subventionnés par l’État empochant au passage un bonus fiscal.
Il y a trois jours, j’ai reçu un aimable tweet qui disait que je n’avais rien compris, qu’il fallait s’adapter ou mourir. En plus de produire 300 interviews en 5 ans, j’ai tenté de nombreuses pistes pour créer un catalogue à taille humaine mouvant qui se configure en fonction des consultations, des avis des lecteurs, de ce qui se dit sur le net, et bien sûr sans oublier ma subjectivité. J’ai par ailleurs innové dans la structuration des données avec une indexation très riche qui utilise des formats dates et la géolocalisation. Je crois que le livre papier ou dématérialisé a besoin de médiateurs : journalistes, libraires, blogueurs, réseaux de lecteurs… Et surtout que la religion de l’algorithme a ses limites.


Illustration Flickr PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales Belhor_

Vous pouvez retrouver les articles du dossier :
Google gentiment au tribunal de commerce
Google abuse en silence

Illustration de Une Marion Boucharlat

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Pottermore.com: bye bye les libraires old school ? http://owni.fr/2011/07/02/j-k-rowling-lance-son-pottermore-com-bye-bye-les-libraires-old-school/ http://owni.fr/2011/07/02/j-k-rowling-lance-son-pottermore-com-bye-bye-les-libraires-old-school/#comments Sat, 02 Jul 2011 13:43:47 +0000 Capucine Cousin http://owni.fr/?p=72410

Encore un peu de Harry Potter ?… Welcome in Pottermore.com (jeu de mots facile, j’en conviens ;). Et voilà, J. K. Rowling, devenue auteure à succès avec sa gentille série fantasy pour ados (et grands enfants) Harry Potter, nous en propose un peu plus, avec le lancement du site Pottermore.com [en], dévoilé à la presse à Londres jeudi dernier. J’y reviens un petit peu tardivement (reportage à Cannes oblige, à l’occasion de la grand-messe annuelle de nos pubeux – j’y reviendrai dans un billet ultérieur), mais l’initiative est importante, car elle ouvre une (grande) brèche dans l’univers du livre. Et préfigure peut-être nos modes de lecture futurs.

Les aventures d’Harry Potter, c’est donc fini, alors que le septième tome, Harry Potter et les reliques de la mort, scellait ses aventures de petit sorcier. Pourtant, la série revient déjà sous forme d’e-book. de fait, le site interactif commercialisera aussi les sept volumes d‘Harry Potter sous format d’e-books, alors qu’ils n’étaient disponibles jusqu’à présent qu’en version papier et audio. « Je voulais apporter quelques chose de plus aux fans qui ont suivi Harry à travers les années, et le rendre accessible aux nouveaux digital natives », a résumé en substance J. K. Rowling, citée par le New York Times [en].

Le plus, ce sont bien sûr les nouvelles expériences de lecture qu’offriront ces e-books : son auteure le promet, ils comporteront des illustrations et des éléments interactifs. Le site regroupera aussi un réseau social, une aventure à découvrir et lire, tout en interagissant. De fait, il proposera de redécouvrir l’ensemble de l’aventure Potter, en incarnant un personnage, sous la forme d’un avatar, qui aura pour mission de rentrer dans l’une des maisons de l’école Poudlard.

Auteur du futur : tes droits numériques tu ne cèderas jamais

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Maligne, au fil de la publication de ses blockbusters, elle a pris soin de ne jamais céder ses droits numériques à son éditeur, malgré ses demandes répétées en vue d’éditer ses livres en format numérique, comme on peut l’imaginer. Elle a fait bien mieux : alors que les ventes électroniques des livres populaires ont explosé ces dernières années, à la faveur des premiers eReaders disponibles (comme le Kindle d’Amazon), puis des tablettes comme l’iPad, elle proposera les siens sur sa propre boutique en ligne à partir d’octobre, intégrée au sein de Pottermore.com.

Réseau de distribution virtuel exclusif

Mieux, elle se réserve l’exclusivité de la vente en ligne de ses e-books, en plusieurs langues. Les vendeurs en ligne Amazon et Barnes & Noble ne disposeront pas des droits de vente en ligne. Ces deux géants, tout comme les vendeurs indépendants, responsables en partie de l’essor de Harry Potter – dont ils ont assuré la promo, au prix de lancements nocturnes -, sont ainsi de facto exclus de ce nouveau réseau de distribution, la vente en ligne. Tss, quel cynisme… Dont J. K. Rowling s’assure l’exclusivité – une première pour une auteure. Seuls ses éditeurs, Scholastic et Bloomsbury, percevront une part des revenus (d’un montant non dévoilé). Elle devient de facto la seule gestionnaire en ligne de la marque Harry Potter.

Du même coup, J. K. Rowling a réservé un petit uppercut au géant Amazon, en contournant sa politique commerciale. Les fichiers numériques des livres seront commercialisés en EPUB et pour le lecteur Kindle d’Amazon (certes peu vendu en France, mais qui jouit d’un joli succès outre-Atlantique). Sans, bien sûr, qu’Amazon ne touche de commission sur la vente, puisque l’on ne passera pas du tout par sa boutique en ligne. Mais Jeff Bezos pourra difficilement interdire de lire les fichiers sur son appareil…

Elle enterre avec le sourire les libraires, qui ont conscience. « Nous sommes déçus que, ayant été des facteurs-clefs dans la croissance du phénomène Harry Potter depuis la publication du premier livre, le marché soit effectivement exclu de la commercialisation de l’édition tant attendue des versions numériques », lâchait ait un porte-parole de la chaîne Waterstone, cité par Actualitté.com.

En se réservant le monopole du circuit de distribution numérique de ses livres, l’auteure espère aussi donner un coup de frein au piratage de ses livres, parmi les plus téléchargés sur des sites de partage de contenus. Elle les proposera en format EPUB, tatoués numériquement (watermarking) afin de lier l’identité d’un acheteur à la copie d’un e-book. Cela n’empêchera nullement le partage illicite des ouvrages numérisés, mais cela aura le mérite de faciliter le traçage des copies.

Reste à voir si l’auteure, forte de son succès hollywoodien (400 millions d’exemplaires vendus !) ouvre réellement une brèche dans l’univers impitoyable de l’édition, et si elle sera suivie par d’autres…

Billet initialement publié sur Miscellanées sous le titre “J. K. Rowling lance son Pottermore.com: bye bye les libraires old school ?”

Image CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commerciale jovike

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Google Books, libraire numérique depuis 2010 http://owni.fr/2011/01/10/google-books-libraire-numerique-depuis-2010/ http://owni.fr/2011/01/10/google-books-libraire-numerique-depuis-2010/#comments Mon, 10 Jan 2011 07:30:51 +0000 Olivier Ertzscheid http://owni.fr/?p=41097 Mes étudiants vous le confirmeront, j’avais dès 2006 annoncé que Google deviendrait un jour libraire. Et j’avais également indiqué qu’il le serait au plus tard en 2010. Il s’en est donc fallu de peu (25 jours), mais j’ai gagné mon pari :-) Le 6 décembre restera donc comme la date officielle de lancement de Google Edition : http://books.google.com/ebooks.

Disponible uniquement aux États-Unis, l’ouverture pour l’Europe (et la France ?) et annoncée pour le début 2011 (“first quarter 2011″).

Pas le temps de faire un billet d’analyse, je me lance donc, par défaut, dans une petite revue de liens qui permettront, je l’espère, de circonscrire les principaux enjeux de ce lancement. Car figurez-vous qu’en plus de ce lancement, Google a, ces derniers jours, multiplié les annonces. Mais d’abord une question.

Pourquoi lancer Google Edition maintenant et dans une (relative) précipitation ?

Parce que c’est bientôt Noël et parce que comme tous les foyers qui peuvent faire flamber leur Carte Bleue pour l’occasion sont déjà équipés de cafetières, de micro-ondes, d’ordinateurs, et de lecteurs DVD, tous les indicateurs et tous les analystes le disent : ce Noël sera celui des tablettes tactiles et autres e-readers (liseuses). L’iPad va faire un carton (même si je vous conseille d’attendre la prochaine version). Et outre-Atlantique, les ebooks vont se vendre comme des petits pains (ben oui, faudra bien remplir les sus-cités tablettes et autres e-readers). Donc c’eût été digne de la stratégie d’un vendeur de sable en Afrique sub-saharienne que de ne pas lancer Google Edition avant les fêtes de Noël (pour info, et d’après une étude de Forrester citée ici, “le marché US représente près de 1 milliard de dollars en 2010 et devrait tripler d’ici 2015″, d’autre part, ici, “le marché du livre électronique progresse : +200% de ventes en 2009 pour les États-Unis.”).

La question des chiffres

Épineuse. Pour certains, reprenant la communication officielle de la firme [en] pour certains donc, Google Edition c’est 3 millions de livres sur les 15 millions d’ouvrages numérisés à ce jour par le moteur, issus des catalogues de 35.000 éditeurs et plus de 400 bibliothèques (source). Pour d’autres, dans Google Edition on partirait sur “4.000 éditeurs pour environ 200.000 livres mis en vente. Les éditeurs recevront jusqu’à 52 % du prix de vente.” (source) La vérité est ailleurs probablement à chercher du côté du supplément livres du Los Angeles Times :

Google is working with all of the big six major publishing houses — Random House, Penguin, HarperCollins, Hachette Book Group (sic), Simon and Schuster and Macmillan — and thousands of smaller publishers to offer more than 250,000 in-print books for sale. Google eBooks will also launch with about 2.7 million public-domain books in its store, which can be accessed for free.

Voilà. 2,7 millions d’ouvrages du domaine public + 250.000 ouvrages sous droits = pas loin de 3 millions d’ouvrages, sur les 15 millions que Google dit avoir numérisé, et dans lesquels figurent au moins 60% d’œuvres orphelines qui ne seraient donc pas, pour l’instant et en attendant que la justice se prononce sur la dernière version du règlement Google, qui ne seraient donc pas dans l’offre de lancement de Google Edition.

La question des droits (et des ayants-droit).

Problème épineux et consubstantiel de Google Books (cf les différents procès et la mise sous coupe réglée du règlement afférent). Avant de lancer Google Edition, Google s’est aussi efforcé de faire bonne figure auprès des ayants-droit :

  • “meilleure accessibilité des contenus légaux depuis son moteur. (…) Une modification de l’algorithme de Google afin de faire remonter systématiquement les contenus identifiés comme légaux ne serait pas à exclure.”
  • nettoyage de l’auto-complétion (pour éviter les suggestions du type “Houellebecq… BitTorrent”)
  • “répondre en 24 heures aux demandes de retrait de contenus litigieux de la part d’ayants-droit”
  • “fermer les vannes d’AdSense aux sites pirates”

La question des DRM, des formats et des concurrents

On a beaucoup dit (et écrit) que la caractéristique de Google Edition serait l’absence de DRM. Faux [en]. Il y aura bien des DRM. Reste à savoir s’ils seront limités aux œuvres sous droits ou s’ils seront étendus aux œuvres orphelines. Cette question constituera un des points à surveiller tout particulièrement. Le modèle de l’allocation proposé par Google permettant en effet partiellement d’évacuer la question des DRM castrateurs, question certes sensible pour les ayants-droit et les éditeurs mais aussi et surtout facteur ô combien bloquant pour le décollage du marché.
La plupart des ouvrages disponibles sur Google Edition seront – c’était annoncé et cela reste une bonne nouvelle – au format open-source ePub. J’ai bien dit la plupart.
Ben… [en] des concurrents y’en a plein : Amazon, Apple, Amazon, Apple, Amazon, Apple. Peut-être aussi Barnes&Noble (plus gros libraire américain).

La question des (petits) libraires (indépendants)

Ben oui. Dans ce monde un peu fou de la librairie (et pas que dans celui-là d’ailleurs), le même Google qui était hier le grand méchant ogre est aujourd’hui en passe de devenir la planche de salut de la librairie indépendante [en]. Google leur fournirait les briques et le mortier (“brick and mortar”) nécessaires à la construction de leur librairie numérique. À moins qu’il ne s’agisse du goudron et des plumes nécessaires à son enterrement de première classe. Mais du coup, le grand méchant ennemi de la librairie indépendante reste Amazon et Google s’offre une relative virginité ainsi qu’une main d’œuvre qualifiée qui fera diligence pour aider le même Google à vendre… ses livres. Ou comment créer à moindre frais une chaîne de libraires franchisés Google (rappelons pour mémoire qu’il y autant de libraires indépendants en France que sur tout le territoire américain, et si la nouvelle est accueillie avec enthousiasme par l’alliance des libraires indépendants américains, l’enthousiasme risque d’être moins spontané du côté du Syndicat de la Librairie Française… )

With access to over three million titles in the Google system, a variety of e-book formats, and compatibility with most of the e-reading devices out there, independent bookstores have a powerful platform available to them. Without having to concentrate on the technical details of selling e-books, indies can focus on their “bread-and-butter” services like curation and personal book recommendations. (source)

More than 200 independent bookstores nationwide will be able to sell Google eBooks. (LATimes)

Créer une armée de libraires “Powered by Google”. (TechCrunch)

La question des supports de lecture

C’est là où Google Edition s’inscrit en rupture du modèle dominant avec sa stratégie de l’allocation. Mais on pourra aussi lire les ouvrages achetés sur Google Edition sur à peu près tou(te)s les tablettes/smartphones/e-readers/iPad (via une application en cours de développement)… à l’exception notable du Kindle d’Amazon :-)

La question du nuage (comme support de lecture)

Les ouvrages de Google Edition sont (et resteront pour la plupart d’entre eux) dans les nuages du cloud computing. Or on apprend que Google lancerait demain (mardi 7 décembre) son système d’exploitation Chrome OS, permettant d’équiper d’ici Noël les premiers Netbooks tournant sous Chrome OS, le même Chrome OS étant la première version à supporter le Chrome Web Store et son magasin d’application sur le même modèle qu’Apple (apprend-on ici). Donc ? Donc en plus des tablettes, smartphones, PC et e-books, Google se réserve aussi son Netbook comme potentiel support de lecture, et comme fournisseur d’applications pour sa chaîne de libraires franchisés. [maj : Google a bien lancé [en] le premier prototype de portable avec Chrome OS) 

La question du partage du gâteau

Houlala. Va falloir s’accrocher (voir par ici les “pricing options”, [en]) Plusieurs options donc. Les librairies indépendantes franchisées. Le modèle d’agence (c’est l’éditeur et non le libraire qui fixe le prix). On sait que, pour les ouvrages sous droits et uniquement ceux-là :

* l’éditeur touchera jusqu’à 52% du prix si l’ouvrage est vendu “sur” Google Edition (jusqu’à 45% s’il est vendu par un détaillant – ou un libraire partenaire)

Less than 10 percent of Google’s publishing partners asked for an agency deal, but they represent over half of the best-sellers in the store, the company said, and they get 70 percent of the sale price. (source)

Rappelons au passage que depuis le règlement Google (et même si celui-ci n’est toujours pas définitivement validé par la justice américaine), et concernant les œuvres orphelines, si les ayants-droit sont connus ils peuvent fixer le prix de vente, mais pour l’immense majorité des œuvres sans ayants-droit connus, et sauf accord particulier (comme dans le cas d’Hachette), c’est Google et lui seul qui fixera et modifiera comme il l’entend son prix (dans une fourchette de 12 tranches de prix comprises entre 1,99 dollars et 29,99 dollars)

La question du partage du gâteau (encore). Je fais et refais, depuis 2009, le pari avec mes étudiants que Google mettra en place sur Google Edition un équivalent du modèle AdWords permettant de rémunérer les auteurs non pas uniquement “au pourcentage des ventes” mais aussi – et peut-être surtout – “à la consultation”. D’autres (analyste chez Forrester [en]) ne sont pas loin de me suivre et font l’hypothèse de la création d’un “ad-supported publishing model” dans lequel Google vendra des liens sponsorisés (= proposera des campagnes AdWords) sur le contenu des ouvrages :

Where Dickens’s, “It was the best of times, it was the worst of times,” could end up sponsored by a Google AdWords campaign that reads, “Is your day feeling like the worst of times? Try our new sports drink to get your afternoon back on track.

Et le même d’ajouter :

First, books are the only medium left not significantly sponsored by advertising. From the Android Angry Birds game app to Pandora music streams to Hulu.com to the venerable NYT.com, advertising is essential to the success of nearly all media—analog and digital. The only reason book advertising has not happened is that the economics of distributing books have required that people pay for them—in a way they have never paid for the newspaper, magazines, or even music, where a majority of listening has always been radio-based.” (…) “the economics of publishing are swiftly moving away from an analog production model. (I blogged about this to much ado last month), which means that soon, we will no longer need to force the entire cost of a book on the buyer of the book, but instead can extract value from the reader of the book, in direct proportion to the value they get from it. In other words, the more pages they read (the more value they get), the more ads they see and the more value the publisher and author receive.

La question des oeuvres orphelines

Le réglement Google (settlement) n’ayant toujours pas été définitivement validé, reste la question de savoir si les oeuvres orphelines dont les ayants-droit ne sont pas connus figureront ou non dans le pack de départ de Google Edition. L’AFP et Letemps.ch semblent penser que non.
J’incline à penser que oui, parce que primo, bien malin celui qui réussira à les y dénicher, que deuxio, la “chaîne du livre sous droits” va avoir d’autres soucis immédiats à gérer en terme de positionnement et de choix stratégiques, et que tertio, le contrat avec Hachette risque de faire tâche d’huile et qu’une fois que la tâche sera suffisamment grande, Google pourra alors ouvrir en grand le robinet des oeuvres orphelines, sans grande crainte de représailles ou de procès.

J’allais oublier : la machine bizarroïde qui vous imprime et vous relie un livre de 300 pages en 5 minutes arrive en Europe [en]. Elle est déjà présente dans 53 bibliothèques et librairies des États-Unis. Je vous ai déjà dit que Google était partenaire de l’Espresso Book Machine ?

Moralité : Google Edition est en fait une librairie. Google Print était en fait une bibliothèque. Ne reste plus qu’à attendre le lancement de Google Library qui sera en fait une maison d’édition. Je verrai bien ça pour dans deux ans ;-)

Lire aussi l’expérience utilisateur et les réflexions d’Hubert sur La Feuille.

Sources utilisées pour la rédaction de ce billet (dans le désordre). Les ** signalent les articles particulièrement intéressants et/ou synthétiques (de mon point de vue) :

Google veut se refaire une image auprès des ayants-droits
Google eBooks propose 3 millions de livres numériques pour son lancement
Adobe announces adoption of ebook DRM by Google
Google eBooks is live: just in case Amazon, B&N, and Apple aren’t enough
Radio-Canada La revue du web – 6 décembre 2010
**Will Google eBooks Save Indie Booksellers?
Discover more than 3 million Google eBooks from your choice of booksellers and devices
** Google launches its eBooks store
Google’s New Bookstore Cracks Open the E-book Market
** The Ultimate Effect Of Google E-Books: A New Ad-Supported Model For Books
Google pourrait lancer Chrome OS mardi
Google nous invite pour une annonce Chrome
Google prêt à lancer le Nexus S
Google eBooks, la librairie en ligne est ouverte aux États-Unis
** Google Books overview
Google livres programme partenaires
** Google Editions : diviser pour mieux régner
First Espresso Book Machine in Continental Europe

Publié initialement sur le blog Affordance sous le titre Google édition : books.google.com/ebooks

Crédits photos flickr sous licence Creative Commons PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales Visualist Images ; digitalnoise ; Stuck in Customs

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DRM: faut pas prendre les enfants du bon Dieu… http://owni.fr/2010/12/13/drm-faut-pas-prendre-les-enfants-du-bon-dieu/ http://owni.fr/2010/12/13/drm-faut-pas-prendre-les-enfants-du-bon-dieu/#comments Mon, 13 Dec 2010 07:30:21 +0000 Charles Kermarec http://owni.fr/?p=39005

La librairie Dialogues a été en France l’une des premières à ouvrir sur son site librairiedialogues.fr un rayon de vente de e-books. Un rayon et non pas l’hébergement du “corner” d’un fournisseur. Un rayon spécifique avec des e-books intégrés à la fiche article des livres de telle sorte que l’internaute puisse choisir en un clic d’acheter le livre soit dans sa version papier brochée ou poche soit au format numérique.

Il est dans l’ordre des choses que les accouchements soient douloureux. Et que les premiers pas soient hésitants. Et donc nous avons accepté les à-peu-près de nos fournisseurs, les informations insuffisantes, ou erronées, voire celles qui dans la même fiche article se contredisaient. Nous avons, dès le premier jour, dit notre hostilité aux DRM. Nous avons, dès les premiers couacs, fait remonter à nos fournisseurs les plaintes des clients mécontents de l’usage limité et frustrant qu’ils pouvaient avoir des livres numériques qu’ils avaient achetés. Ainsi ce mail d’un client canadien : “Pour ma part c’est la dernière fois que j’utilise ce mode d’achat de manuel que je déteste au plus haut point. C’est inconcevable de penser lire un livre technique de cette façon surtout lorsque le graphique est 2 pages avant. $52 cdn pour rien apprendre sauf de ne plus jamais utiliser e-book et ne plus faire confiance à cet auteur qui pense que tout le monde est malhonnête. Est-il pensable d’avoir (…) une permission avec un code pour pouvoir l’imprimer.” Il dit exactement ce qu’il y a à dire des e-books vendus avec DRM.

 Aujourd’hui, c’est fini. Aller plus loin serait nous rendre complices d’une arnaque au lecteur. Nous arrêtons de vendre des e-books avec DRM. Pour trois raisons :

1. La première raison, fondamentale, celle qui à elle seule m’a fait prendre cette décision est une raison d’ordre éthique. Quand on fait du commerce, acte équitable s’il en est, il ne faut pas prendre son client pour un voleur. Vendre un e-book avec DRM pour que le client acheteur ne puisse pas copier-coller son livre, pour qu’il ne puisse pas en imprimer à loisir tout ou partie, pour qu’il ne puisse pas le prêter, c’est se méfier a priori de ce client. C’est le menotter ou penser a priori que ce client est malhonnête. Prendre un client pour un voleur, ça m’est insupportable. Donc ça suffit. Jouez ce jeu-là messieurs les fournisseurs, mes amis, si ça vous chante. Mais sans ma complicité.

2. Accessoirement, les DRM sont une imbécilité technique. Structurellement, fondamentalement, les DRM, ça ne marche pas. Ça n’a jamais marché. Ça ne pourra jamais marcher. Pourquoi ? Parce qu’un DRM c’est une clé cachée soit dans le logiciel nécessaire pour la lecture, soit sur un serveur. Dans le premier cas (celui des DRM d’Adobe), un jour ou l’autre la clef sera trouvée (déjà le cas pour Adobe), dans le second, le client est soumis au bon vouloir du fournisseur qui peut décider d’un jour à l’autre de couper le serveur, bloquant ainsi la copie d’un appareil à l’autre (cf. Yahoo Music 2008). Mettre des DRM dans des livres, c’est inciter ceux qui aiment se casser la tête sur des problèmes informatiques à chercher et à trouver un moyen de les supprimer ou de les contourner. Et, évidemment, ils trouvent.

Ceux qui cherchent et trouvent pour la beauté du geste démontrent, ce faisant, l’inefficacité des DRM. Puis il y a ceux qui cherchent parce qu’ils ont l’intention de pirater. Ils trouvent parce que les premiers trouvent. Et donc eux aussi, les voleurs, les DRM ne les embêtent pas.

Copier n’est pas léser

Il y a une catégorie d’usagers que les DRM embêtent. Ceux qui ne sont pas informaticiens. Et ceux qui ne sont pas pirates. Ceux là s’arrachent les cheveux pour installer le logiciel Adobe Digital Editions d’Adobe permettant de lire un e-book, et ils passent des vingt ou des trente minutes au téléphone avec notre SAV pour essayer d’installer le machin contre quoi ils pestent. Avec ces gens-là les DRM ça marche ! Hourrah ! Manque de chance ça ne sert à rien. Ils n’avaient pas l’intention de voler. Ni celle de pirater. Ni de disséminer. Mais peut-être de prêter leur e-book comme ils prêtent aujourd’hui leur livre Gutenberg. Car les livres Gutenberg, ces bons vieux livres papier, on les prête à loisir. On peut en photocopier des pages, ou un extrait : pour travailler. Pour illustrer un exposé. Pour inciter à lire. Sans que les auteurs s’en trouvent lésés.

3. Et puis il y a une troisième raison pour laquelle nous arrêtons de jouer à ce jeu des DRM qui ont conduit les major-companies du disque, et avec elles les disquaires, au plus bel harakiri industriel de ces dernières années. Cette troisième raison est en forme de question : à quoi, à qui ça sert les DRM si ça emmerde les honnêtes gens et que ça ne gêne pas les voleurs ? Et si tout ça n’était pas une vaste arnaque des Adobe et autres gros revendeurs en « circuit fermé » (Apple – iPad / Amazon – Kindle) pour empêcher les petits poissons (les libraires trop petits) d’approcher du marché. Car enfin sans DRM (il n’y a plus de DRM sur les fichiers musicaux aujourd’hui) aucun libraire n’a de souci pour vendre des e-books aux clients qui souhaitent en acheter. Des e-books sans DRM, alors lisibles sur n’importe quelle tablette (avec DRM les clients de la Fnac vont devoir se souvenir que c’est à la Fnac qu’ils ont acheté leur livre. Et s’ils l’ont acheté chez Amazon ils vont devoir se souvenir que c’est chez Amazon, et si c’est chez Apple… Pas simple le progrès technique ! Nous allons continuer à vendre des e-books, bien sûr. Sans DRM, ou filigranés.)

Et pour finir, cette remarque : il paraît que les DRM ça sert à protéger les auteurs, en grand danger d’être pillés, privés de leurs légitimes droits d’auteur. Privés de leur moyen de subsistance. Hum ? Est-ce qu’ils se sentent pillés les auteurs quand des lecteurs prêtent leur livre à leur entourage ? Les incitant à lire cet ouvrage qu’ils ont aimé, multipliant le bouche-à-oreilles, lequel est la meilleure des publicités. Celle qui fait vendre. Oserai-je être iconoclaste ? Si risque il y a, ce que je ne crois pas – le piratage des disques est plutôt moindre maintenant que l’offre légale est techniquement et économiquement acceptable – est-ce qu’un auteur ne serait pas aussi bien rémunéré avec des droits portés à 20% sur le numérique qu’avec des droits à 5% pour l’édition en poche, même avec un peu de dissémination illégale ?

Billet initialement publié sur Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable sous le titre “Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages”

Image CC Flickr jbonnain et margolove

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Des librairies (presque) sans livre à New York http://owni.fr/2010/12/07/des-librairies-presque-sans-livres-a-new-york/ http://owni.fr/2010/12/07/des-librairies-presque-sans-livres-a-new-york/#comments Tue, 07 Dec 2010 11:59:41 +0000 Miss Celaneus http://owni.fr/?p=38307 Titre original : Extinction massive aux États-Unis

Ah New York ! Barnes and Noble’s ! Je frémissais déjà à cette idée.

J’avais un souvenir ému de la Barnes and Noble de la 5ème avenue, dont j’avais été expulsée par la sécurité pour avoir ri trop fort, il y a hem, plus de vingt ans. Pour la petite histoire, j’étais rentrée, avais avisé un livre de Woody Allen, l’avais ouvert au hasard et avais lu : “You don’t have to be jewish to be a schmuck.” So true.

Anyway, je me préparais à passer de longues heures de bonheur dans ces cathédrales de la littérature en me tenant à carreau et à distance des ouvrages humoristiques pour ne pas me faire virer.

Pour faire les choses en grand, je me rendis directement à Union Square, son Université, ses étudiants désargentés, etc., la place Saint-Michel de New York, en plus grand.

Et là, je trouvais une librairie Barnes and Noble de cinq étages qui est effectivement grande et belle comme disons, les Galeries Lafayette.

Mais voilà, un malaise diffus ne tarda pas à m’envahir : il n’y a pas de livres. Ça paraît incroyable, et pourtant c’est vrai.

Je m’explique : les seuls véritables livres se trouvent sur les deux premières tables que vous voyez sur la photo. Sur la première, les best sellers de fiction (incluant les romans policiers), sur la deuxième, les best sellers de non-fiction. Ensuite, il y a les “self help” genre auquel l’Europe a jusqu’à présent pas mal résisté. (Comment se faire des amis, dresser votre chien, réussir en affaires, baiser votre femme, etc.) Puis les guides touristiques, le  marketing et le “business”, l’informatique, le jardinage, l’artisanat, la cuisine, que sais-je. Tous ces ouvrages que je classe dans les guides pratiques, mais qui ne sont pas ce que j’appelle des livres.

Notez qu’il n’y a pas beaucoup d’étagères. Il y en a en effet contre les murs. C’est très intéressant. Les livres n’y sont pas rangés sur la tranche, comme, well, des livres, mais à plat, comme des je sais pas quoi, des estampes japonaises, des photos de mariage.

Vous remarquerez que sur chaque étagère il y a plusieurs fois le même livre, et ce sont les mêmes que ceux qui sont sur les fameuses deux premières tables.

C’est normal, me dis-je, les best sellers ont la place d’honneur à l’entrée du rez-de-chaussée. J’ai donc exploré tous les autres étages dans tous leurs recoins, d’ailleurs il n’y a pas de recoins because absence d’étagères. Mon malaise diffus se transforma en panique. Dans les autres étages, il n’y a PAS DE LIVRES DU TOUT !! Il y a des cartes postales, industrie tentaculaire aux États-Unis, on se demande pourquoi vu qu’ils n’écrivent pas et que leur Poste est lamentable, mais bon. Il y a des jouets, des puzzles, des posters, des DVD bien sûr, de la papeterie, des millions d’agendas et de calendriers, des stylos, des cadres, des appareils photos, des piles. Outrage suprême, des ordinateurs à disposition pour lire (ou même acheter ?) des e-books.

Si je comprends bien vous pouvez aller chez Barnes and Noble pour commander par internet sur Amazon le livre que vous voulez. Étrange.

Croyez-moi, j’ai visité d’autres grandes librairies de New York, Borders de Park Avenue, Barnes sur Lexington, elles sont toutes comme ça. Je promets qu’il y a moins de titres différents dans ces établissements de minimum 2.500 m² que dans un relais H de la gare de votre choix.

Pour me remonter le moral, je descendis chez Strand, où là, oui, il y a des étagères, avec des vrais livres dedans. 18 miles of books, proclame la devise de Strand. Fondée en 1927, c’est un dinosaure, une institution et le seul survivant de ce qui était jadis connu sous le nom de Book Row, le passage des livres, où plus de trente bouquinistes s’alignaient entre Union Square et Astor Place, sans compter les quidams qui vendaient leurs livres sur le trottoir.

Strand suit le même agréable principe que Gibert, les livres neufs et d’occasion sont ensemble, on peut choisir son édition. Ils vendent aussi des livres anciens et rares, et ils vendent ou louent des livres au mètre sur mesure, pour les cinéastes, ou les décorateurs…

Au passage, je n’y ai pas trouvé le livre que j’étais plus spécialement venue chercher, ni nulle part ailleurs aux États-Unis, ça va sans dire. Pourtant l’auteur a gagné le Booker Prize, ce n’est pas exactement un obscur nobody.
Ce soir là (Strand ferme à 22H30, Darwin bless them) c’était l’émeute parce que James Ellroy signait ses mémoires. Comme je n’aime pas parler aux écrivains, je suis timide, je suis revenue un autre jour acheter les livres déjà signés.

Mais bref, entre temps je m’en fus continuer mon enquête à Washington. Voila une ville de gens sérieux, pensai-je, où la vie nocturne n’est pas tellement folichonne, peut-être ont-ils des livres ? Une autre surprise m’attendait…

Dans le quartier cossu de Dupont Circle où j’avais élu domicile, mes pas me portèrent tout naturellement vers cette librairie qui porte le nom alléchant de Books a Million. Et là, l’aventure vira au tragi-comique. Je découvris le concept de librairie de province (paradoxalement, s’agissant de la capitale) et donc de droite. Il y a là une table de fiction à peu près normale avec les mêmes thrillers qu’ailleurs. Sur la table de non-fiction, ça se gâte : il n’y a que des pamphlets politiques écrits par les vedettes de Fox News, genre “Comment se débarrasser d’Obama”, “Obama terroriste islamique”, “Obama socialiste assoiffé de sang”, “Obama mangera vos enfants”, etc. J’exagère à peine. Ce que racontent ces gens qui vendent des centaines de milliers d’exemplaires, c’est terrifiant.
Derrière il y a effectivement des rayonnages avec des milliers de choses qui de loin ressemblent à des livres.

Approchons-nous : Heroic Fantasy. Vampires. Young adults (ah oui, j’avais oublié ça ! Des millions de livres spéciaux pour adolescents ! A quoi ça sert ? De mon temps on lisait Jack London, Alexandre Dumas et Joseph Kessel à partir de dix ans et on faisait pas chier…). Sentimental (genre Barbara Cartland, il y a différents sous-genres avec plus ou moins de sexe dedans, mais on les reconnaît parce qu’il y a toujours des paillettes collées sur la couverture.) Tourisme, jardinage, travaux manuels en tous genres. Chasse, pêche, sports ! Des kilomètres de base-ball.

Mais j’ai gardé le meilleur, et le plus exotique, pour la fin. Un rayon entier de bibles. Puis un rayon entier de “littérature chrétienne”. Puis un rayon entier de “Christian living”. Si vous ne le voyez pas, vous ne le croyez pas, c’est pourquoi je les ai pris en photo.

C’est donc maintenant démontré, ces gens ne sont pas comme nous. Ils ne peuvent pas lire les mêmes romans que les gens normaux. Ils n’ont même pas les mêmes guides pratiques que les autres. C’est dingue.

Attention ne croyez pas que les chrétiens aient le monopole ! Pour démontrer sa largeur d’esprit, la librairie ouvre ses rayons à d’autres freaks, sous la catégorie “New age”. On trouve là en vrac la sorcellerie, une religion très à la mode sous le nom de Wicca dont personne n’a jamais entendu parler en Europe, fort heureusement, les incontournables vampires, voyants, liseurs de cartes, en gros ce qu’on appelle en France l’ésotérisme.

Une autre chose déroutante est le concept étatsunien de “non-fiction”. En français on dit “essais”. Mais le mot essai conjure dans l’esprit du béotien un robuste ouvrage difficile, voire ennuyeux, sur des sujets élevés et abstraits, genre L’être et le néant. Alors là, vous n’y êtes pas du tout.

Encore une fois, il faut le voir pour le croire. Admirez donc la liste des thèmes placés dans la catégorie “non-fiction”.

  • Informatique
  • Jardinage
  • Animaux domestiques
  • Cuisine
  • Biographies (pas de Robespierre ou de Lincoln, plutôt de joueurs de baseball).
  • Voyages

Maintenant, devinez où j’ai pris cette photo : à Chilicothe, Ohio ?
Pas du tout : à la New York Public Library !

Je l’ai montrée à Andrew, le patron de la librairie d’occasion Kultura, à Washington. Ca l’a bien fait rire, pour ne pas pleurer. Chez lui, il y a des livres qui parlent de choses comme l’histoire, la politique, les arts. La Kultur quoi !

Moralité, dans ce pays on ne vend plus de livres neufs à part les hyper-sellers, sauf sur internet, je suppose. Les seuls vendeurs de livres sont les bouquinistes.

On comprend mieux alors pourquoi tout le monde lit le même livre (voir “La grippe éditoriale” du 3 juin 2009). C’est parce qu’il n’y en a pas d’autre !

Or comme chacun sait, les États-Unis préfigurent l’évolution économique et sociale de l’Europe. Vous pouvez donc vous inquiéter, et aller par précaution respirer l’air poussiéreux de L’Harmattan, par exemple, une librairie bien bordélique, avec des livres improbables, comme on les aime….

Et alors ? C’est tout ? Vous ne vous tordez pas les mains en gémissant ? Je vous rappelle que je n’ai toujours pas trouvé le livre que je cherchais, et ça ne vous fait rien ? Ingrats !
Laissez-moi vous raconter tout de même  la fin de l’histoire : c’est à la librairie anglaise d’Antibes, Alpes Maritimes, que j’ai trouvé le livre en question. J’ai félicité la propriétaire, en lui disant qu’il y avait plus de livres dans sa boutique que dans tout New York. Elle a cru à une hyperbole, alors que c’était la pure vérité.
En plus, ça valait bien le détour par Antibes, car je m’en délecte depuis chaque jour. Ça s’appelle A Place of Greater Safety, de Hilary Mantel. J’en parlerai une autre fois.

>> Article initialement publié sur Misscellaneous

>> Illustration FlickR CC : DueyGee

>> Photos Miss Celaneus

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Numérique littéraire: revue de liens (utiles!) http://owni.fr/2010/03/24/numerique-litteraire-revue-de-liens-utiles/ http://owni.fr/2010/03/24/numerique-litteraire-revue-de-liens-utiles/#comments Wed, 24 Mar 2010 16:57:19 +0000 Leroy K. May http://owni.fr/?p=10764 ebook

Photo CC Flickr bfishadow


Les initiatives en matière de littérature numérique sont légion. Voici une première sélection de liens essentiellement francophones proposée par Leroy K. May sur son blog Littéraire numérique : actualité, critique, maisons d’édition, librairies, plate-formes de distribution d’œuvres gratuites… il y a déjà de quoi faire.

Note: Cet article a été publié originellement sur mon blog de fiction littéraire LKM. Tout est fiction et a bénéficié du support de la communauté littéraire en ligne. Merci donc à ceux qui ont contribué à son amélioration, soit Marie-Hélène Voyer, Éric Bourbonnais, Éric McComber, Michaël Trahan, et tous les lecteurs de LKM Tout est fiction.

Depuis la Fabrique du numérique, mes lectures sont de plus en plus denses et concentrées vers le numérique. Ici François Bon, ici Karl Dubost, ici Marie D. Martel, ici Thierry Crouzet.

J’en suis venu à un genre d’overdose aujourd’hui, suivant un énième lien vers lequel Bourbon me pointait. Pas un ras-le-bol. Un genre d’impuissance devant la quantité inépuisable d’expériences, d’aventures, d’épiphénomènes pouvant devenir grands du numérique.

Je tenterai donc, ici, de répertorier ces ressources. Je ne pourrai pas être exhaustif. Et je compte sur toi pour m’indiquer celles que tu trouves pertinentes et que je n’aurais pas mentionnées.

Actualité numérique

ebouquin
owni.fr
Numerikbooks
Blogo-Numericus

Critique littéraire numérique

Les Traceurs de tout
Café de lecture numérique
Salon double
Laboratoire NT2

Revue de littérature numérique

bleuOrange

Maisons d’édition numérique

Robert ne veut pas lire
Leezam
Numerik:)ivres
Pe-Soft
Publie.net
Smart Novel
Septentrion
Lulu.com
Leo Scheer

Librairies électroniques

Je lis
Zebook
Mobipocket
Epagines
Numilog
Didactibook
Livres québécois
Immatériel.fr

Plate-formes de distribution d’œuvres gratuites

Projet Gutenberg
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Diffusion

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Anaïs Guilet (anaisguilet)

Billet publié initialement sur Littéraire numérique sous le titre “Prolégomènes à un répertoire potentiel du numérique littéraire”

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L’édition pour sauver la presse http://owni.fr/2009/12/12/ledition-pour-sauver-la-presse/ http://owni.fr/2009/12/12/ledition-pour-sauver-la-presse/#comments Sat, 12 Dec 2009 10:20:07 +0000 Thierry Crouzet http://owni.fr/?p=6141 (europeanelection2009.blog.lemonde.fr)

Faire payer des articles partout disponibles sur le Web est aujourd’hui utopique. Faut être désespéré pour imaginer un tel retour en arrière. Il faudrait garantir l’originalité des textes. Et comment empêcher d’autres journalistes de les lire et puis de les réécrire ? Impossible. La presse ne fait que se recopier elle-même. Pour une information neuve, nous en avons mille dupliquées. Et je suis sans doute loin du compte.

L’idée d’information neuve n’a d’ailleurs guère de sens puisque ce n’est pas le journaliste qui fabrique cette information mais un informateur. La source est généralement gratuite. Pourquoi après faire payer ce qu’elle a dit en déformant plus ou moins et en mettant soit disant dans le contexte ? C’est un travail trop facile, d’autant plus facile à l’heure du Net, un travail que trop de monde sait faire relativement bien (et je ne parle pas des chroniques et des éditos dont le Web regorge). Au temps des propulseurs, vu l’abondance des plumes, nous aurons toujours à lire des articles gratuits.

Le business de la presse est mort. Ce n’est pas un scoop. Mais s’il devient impossible de faire payer des articles courts, il reste encore possible de faire payer des textes longs. Des documents. Des essais. Des romans. L’économie de l’édition tient debout tant que les readers ne sont pas omniprésents, et c’est une économie avec un ticket d’entrée bien moins élevé que celui de la presse. Nous sommes dans une période de transition, sans doute courte, mais qui laisse des opportunités de business.

Il faut que les journalistes cessent de se satisfaire de pondre deux ou trois feuillets de temps en temps pour nous proposer des choses qui tiennent debout, des choses qui demandent un peu plus d’approfondissement, un peu plus d’attention, un travail d’écriture.

J’ai évoqué cette piste avec Jacques Rosselin sur Twitter :

@rosselin Si l’économie de la presse est malade, celle du papier tient encore… c’est peut-être un business pour toi ;-)

Jacques, fondateur de Courrier International, a lancé l’année dernière Vendredi. Il a suspendu la publication depuis l’été. Pas simple de propulser un nouveau canard quand même les titres installés font grise mine. Et ça va pas s’arranger.

Pourquoi ne pas reprendre cette idée sous une autre forme. Pourquoi publier des textes courts comme tout le monde et se planter comme tout le monde. Ne faut-il pas voir les blogueurs comme des auteurs potentiels ?

Avec Le syndrome du poisson rougeAgnès Maillard a cherché à se propulser toute seule. Je ne crois pas que ce soit la bonne solution. Comme le remarque souvent François Bon, il faut faire communauté. Il faut que les auteurs se propulsent les uns les autres. Il faut qu’ils se relisent les uns les autres. Qu’ils rehaussent la qualité de leur travail respectif. Un éditeur peut servir de liant à une nouvelle force littéraire qui prendrait source sur le Web.


» Retrouvez l’article original et la conversation en commentaires sur Le Peuple des Connecteurs

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