OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Twitter change le marketing politique http://owni.fr/2012/03/29/twitter-change-le-marketing-politique/ http://owni.fr/2012/03/29/twitter-change-le-marketing-politique/#comments Thu, 29 Mar 2012 09:10:47 +0000 Rodolphe Baron http://owni.fr/?p=103740

Avec la Twittosphère, le cycle classique de l’information est rompu. C’est l’un des enseignements de cette campagne, pour les communicants au services des partis politiques. Des discussions privées se déroulent au sein desquelles citoyens, journalistes et élus sont sur le même plan, mais surtout sans que l’on distingue toujours le responsable politique dans sa vie publique ou dans sa vie privée.

Pour Olivier Le Deuff (@neuromancien), maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à Bordeaux 3, et twittos de la première heure, la distinction doit se faire naturellement sans altérer la réciprocité de l’échange :

Twitter implique une projection totale de l’utilisateur et non pas partielle. Notre identité personnelle et professionnelle y sont mixées. C’est cet élément qui crée le lien social et politique. De la sympathie qui en découle naît le sentiment de proximité. Le mauvais exemple, c’est Nadine Morano qui ne fait aucune distinction entre sa propre personne et sa projection institutionnelle. Il en résulte une incapacité a communiquer. Du coup, elle est dans l’erreur et ne devrait pas aller sur Twitter.

Le lien qui relie la personnalité politique à ses followers (ses abonnés) suppose la gestion du compte par la personnalité politique elle-même. Une réalité d’utilisation qui n’est pas une évidence pour tout le monde. Les deux principaux candidats en lice pour l’Elysée ne respectent d’ailleurs pas la règle en faisant administrer leurs comptes par leurs équipes de campagne. Sans doute, les enjeux sont-ils trop importants pour risquer la moindre gaffe par manque de maîtrise ou de pratique. Mais, une fois l’élection passée, le nouveau chef de l’Etat pourrait-il se permettre de tweeter ? Sur ce point, Olivier Le Deuff, émet des réserves :

L’image de l’institution présidentielle bloque. En France, avec une autorité présidentielle quasi monarchique, il n’y a pas de réciprocité mais une suprématie. On peut écouter ses déclarations mais pas discuter avec elle d’égal à égal.

Pour l’heure, en campagne électorale, cette twittosphère semble se développer comme un complément aux autres vecteurs de communication. La blogosphère politique n’est pas moins forte depuis le succès de Twitter, au contraire. C’est le constat de Louis-Serge Real Del Sarte (@LouisSerge), auteur du livre «Les réseaux sociaux sur Internet» et fondateur de l’agence de conseil en e-réputation ReaClic :

La politique, c’est de l’information, qu’elle soit de l’intox ou de la désintox, cela reste de l’information et elle n’a pas tué le blog. Il ne mourra jamais pour une évidence, le blog reste un endroit où l’on a ses propres règles contrairement aux réseaux sociaux où l’utilisateur est soumis à des règlementations communes. Twitter permet de faire voyager l’information alors que le blog est un espace numérique en ligne destiné à quelqu’un qui va vouloir séduire. Twitter est un outil précieux qui génère du buzz et de la viralité.

Twitter ne peut donc pas être l’unique vecteur de l’information puisqu’il suppose la présence d’autres appareils de communication pour le compléter. Une conception du réseau social qui nécessite une certaine pratique numérique de la part des utilisateurs. D’ailleurs, la «communauté des twittos» est plutôt jeune rapporte Louis-Serge Real Del Sarte :

Twitter rassemble 70% d’utilisateurs âgés de moins de 45 ans et touche une majorité élective plutôt masculine ainsi qu’une population plus urbaine puisque 30% sont localisés en Île-de-France. Le problème qui se pose alors c’est qu’avec Twitter, vous ne touchez pas le reste de la population.

Une suractivité des spécimens parisiens de la “génération Y” sur le réseau social ne constitue pas une faiblesse mais une opportunité électorale supplémentaire pour Olivier Le Deuff :

Le public est différent sur Twitter. On y trouve surtout des journalistes et des universitaires. C’est important pour un homme politique d’y aller car c’est un moyen de convaincre des gens qui savent s’exprimer et qui peuvent, à un moment donné, traduire une pensée plus large.

Tempête dans un verre d’eau diront les détracteurs de Twitter. Pourtant, la communauté des “Twittos” n’a fait que s’agrandir ces derniers mois (1 million de français inscrits sur Twitter au quatrième trimestre 2011 pour 5,2 millions de profils ). Conséquence de l’effet de mode ou envie d’accéder à une nouvelle manière d’interagir avec ceux qui nous représentent. Et Louis-Serge Real Del Sarte d’assurer que la tendance ne peut que se confirmer :

La France vit une révolution culturelle. Le taux d’équipement de la population est important puisqu’il y a 18 millions de «mobinautes» Android et iPhone. On compte déjà plusieurs millions de comptes en France alors Twitter ne peut que se développer. Quand il arrivera à maturité, 100% des personnes l’utiliseront.

Mimétisme

Malgré l’attractivité qu’il dégage de part sa visibilité sur la toile, Twitter reste un outil en voie de généralisation qui constitue l’exception plutôt que la règle. Arnaud Mercier (@ArnauddMercier), professeur en science de l’information et de la communication à l’Université Paul Verlaine de Metz, et auteur de “Médias et Opinions Publique” reste sceptique. Pour lui, Twitter est loin d’être indispensable :

Une partie des politiques inscrits sur Twitter le sont par mimétisme. Il faut en être parce que ça fait moderne mais certains ne savent pas eux-même pourquoi ils y vont. Je ne crois pas que cela soit devenu essentiel d’être sur Twitter. C’est une caisse de résonance supplémentaire.

Un avis partagé par Edouard Gassin, directeur de l’agence de communication politique Mille Watts fondée en octobre 2006 :

Est-ce qu’il faut vraiment être sur Twitter quand on est un homme politique ? Nous, la réflexion que l’on a, c’est de savoir si c’est pertinent de déployer [le politique NDLR] sur Twitter. C’est un outil très chronophage qui nécessite un investissement important. Si l’on parle des campagnes présidentielles de Hollande et Sarkozy, des dizaines de personnes travaillent dessus. Mais c’est une évidence, les résultats sont bien meilleurs en terme d’audience quand ce sont les vrais élus qui s’investissent personnellement.

Pour, arriver à générer ce fameux lien de proximité avec ses followers, les politiques sont amenés à conjuguer leur rôle d’élu avec celui de n’importe quel utilisateur de Twitter. Cela suppose d’autres tweets que ceux ayant tendance à cantonner le propriétaire du compte dans une forme de communication unidirectionnelle. Pour Edouard Gassin, il s’agit d’éviter la banalisation de l’élu dans son caractère uniquement politique, déjà véhiculé par d’autres médias :

On est dans un espace de discussion et d’échanges. Si on l’utilise comme un tuyaux à informations, ça ne sert à rien. On ne se sert qu’à moitié de l’outil.

Du coup, une utilisation adaptée de Twitter à une campagne électorale nécessite parfois un apprentissage de la part de la classe politique dont beaucoup de membres frôlent souvent la cinquantaine et n’ont pas toujours l’expérience du net suffisante pour appréhender l’utilisation des réseaux sociaux :

Les élus quadragénaires voire quinquagénaires ont parfois une conception ancienne de l’outil. Mais il est plus simple d’agréger de vraies personnes [à Twitter NDLR] que de créer de faux comptes de followers. En plus, c’est moins difficile d’animer un compte Twitter qu’un blog qui demande une certaine expertise.

Twitter ne peut former qu’une partie du dispositif de communication qui est censé s’articuler autour d’un raisonnement de fond. Jamais, en 140 caractères, il ne sera possible de développer une pensée politique comme cela peut se faire sur un blog, un site Internet ou lors d’une interview. D’après Arnaud Mercier, la twittosphère est encore trop restreinte pour constituer un enjeu majeur :

Je ne crois pas que l’on puisse dire qu’il y ait, en France, de stratégie marketing électorale sur Twitter. Investir massivement une stratégie sur ce réseau social est un non-sens.

Cependant, Arnaud Mercier reconnaît que la forme d’interaction correspond avec les besoins de la communication politique 2.0, avec de sérieuses limites :

Les 140 signes sont en parfaite osmose avec l’habitude qui consiste à faire de Twitter un support de rédaction de petits piques à décocher en espérant que cela sera repris. Une partie de ce qui fait le buzz sur Internet a encore besoin d’un adoubement par les médias traditionnels pour avoir une influence.

Une petite révolution qu’il convient également de souligner est la communication par live tweet. Elle consiste à commenter en temps réel les émissions politiques se déroulant en direct, sur les médias traditionnels, à la télévision ou à la radio. Une évolution qui fait sens,  d’après Arnaud Mercier :

Le commentaire en live tweet des émissions politiques deviendra probablement un phénomène social. Il permet de nourrir un regard critique sur les stratégies de communication politique à grands coups de hashtag. Vous avez, en direct-live, de la contre communication politique.

]]>
http://owni.fr/2012/03/29/twitter-change-le-marketing-politique/feed/ 9
Genres et politique numériques http://owni.fr/2011/07/23/genres-et-politiques-numeriques/ http://owni.fr/2011/07/23/genres-et-politiques-numeriques/#comments Sat, 23 Jul 2011 11:38:23 +0000 Cath Elliott http://owni.fr/?p=74333

Billet initialement publié sur OWNI.eu ; tous les liens sont en anglais.

La « Hansard Society » vient de sortir un nouveau rapport intitulé « Genres et politiques numériques » («Gender And Digital Politics ») dans lequel, selon le communiqué de presse, les trois auteurs (tous des hommes) s’interrogent :

Pourquoi les blogs politiques sont-ils dominés par les hommes ?

Ceux qui suivent ce blog depuis un certain temps n’auront aucune difficulté à deviner ma réponse à cette question…

« Hmm, vraiment je ne pense pas que ce soit le cas, à mon avis, le fondement de ce rapport est biaisé. »

En fait, j’irai même plus loin pour dire, une fois de plus, que je ne pense pas que le problème vienne d’un manque de participation des femmes dans la blogosphère politique. Le problème a plutôt à voir avec la façon dont les hommes qui composent la « bloquosphère » (jeu de mot de l’auteur sur blogosphère et bloquer, ndlr) définissent ce qu’est vraiment le blogging politique. Et avec la façon dont le blogging féministe est constamment ignoré ou marginalisé et intégré aux catégories « autres », « style de vie », ou « vie féminine ».

Comme pour illustrer mon propos, c’est un tweet de Jane Martinson, la rédactrice du Guardian, qui m’a annoncé la publication de ce rapport :

Cette même Jane Martinson dont l’excellent blog – The Women’s Blog – peut être trouvé sur le site du Guardian (comme tous les articles sur le féminisme publié par le journal) sous la catégorie « Style de vie », au côté des rubriques « mode », « cuisine » et « maison ».

Selon le rapport de l’Hansard :

Nous commençons à voir apparaître une légère différence dans l’utilisation des médias numériques pendant les dernières élections. Cette tendance commence à s’accélérer lorsqu’on s’avance dans l’univers de la politique en ligne. 85% des blogs individuels nominés aux Total Politics Blog Awards de 2010 (qui récompense les blogueurs politiques britanniques, ndlr) étaient tenus par des hommes, et seulement 15% par des femmes.

Et pourtant, comme je l’ai déjà noté sur ce blog, les « Trophées foutage de gueule total » (« Total Bollocks awards ») sont certainement pas représentatifs de l’investissement des femmes dans le blogging politique. Année après année, ils arrivent à ignorer la centaine de bloggeuses féministes britanniques qui contribuent aussi au web. Ces récompenses reposent aussi sur un système de nomination par les pairs, et comme nous le savons tous, lorsqu’il s’agit de blogging, et d’écriture en général, les hommes promeuvent des hommes qui promeuvent des hommes, ad infinitum.

Le rapport conclut :

L’équilibre entre hommes et femmes décroit lorsque le niveau de compétition ou la possibilité de voir apparaître un conflit augmentent ; les femmes sont légèrement plus susceptibles de signer une pétition (un procédé passif) mais considérablement moins susceptibles de se présenter aux élections législatives et sensiblement moins susceptibles de tenir des blogs politiques. Cette brève étude suggère que le déséquilibre hommes/femmes en ligne résulte d’une plus grande exclusion politique, et non numérique. Dans les domaines où les femmes sont actives en politique, elles sont autant susceptibles que les hommes d’être numériquement actives.

Comme on pouvait le prévoir, je ne suis pas d’accord avec cette conclusion. Je pense qu’il existe une exclusion numérique lorsqu’il s’agit des femmes. L’utilisation d’Internet n’est pas interdite aux femmes, mais souvent, les espaces où nous contribuons ne sont tout simplement pas considérés comme étant politique.

À moins que cela ne change et que le féminisme ne soit reconnu comme une question politique plutôt que comme un question de « mode de vie », on continuera de voir des questions comme « pourquoi les blogs politiques sont-ils dominés par les hommes ? » être posées, quand, en réalité, la question devrait être :

pourquoi est-ce toujours aux hommes de décider ce qui est ou n’est pas politique ?

Illustration CC FlickR PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par greekadman

Traduction Marie Telling

]]>
http://owni.fr/2011/07/23/genres-et-politiques-numeriques/feed/ 5
Blogueuses ne rendez pas le web sexiste http://owni.fr/2011/03/08/blogueuses-ne-rendez-pas-le-web-sexiste-8-mars-journee-femme/ http://owni.fr/2011/03/08/blogueuses-ne-rendez-pas-le-web-sexiste-8-mars-journee-femme/#comments Tue, 08 Mar 2011 10:44:09 +0000 Aliocha http://owni.fr/?p=49879 [petits cadeaux sonores inside] C’est en jetant un coup d’oeil aux sites qui renvoyaient vers ce blog que j’ai découvert cet article de Rue89. Ainsi le web serait sexiste ! La preuve ? Pas un blog tenu par une fille ne figure dans le classement wikio des blogs politiques. Mais comment donc, même pas moi ? Eh non, on m’a classé dans « société ». Mince alors, c’est tellement vaste que j’y suis perdue ! Il ont dû le faire exprès, quand ils ont compris qu’Aliocha, diminutif russe masculin, dissimulait en réalité… Une femme ! Donc la toile est sexiste, et wikio aussi. En voilà une découverte. Toujours est-il que les féministes se plaignent. Et les blogueurs ricanent. On ne peut pas leur donner tout à fait tort. D’abord, comment elles le savent qu’il n’y a pas de femmes? Les intitulés des blogs ne sont pas forcément très explicites quant au sexe de leur auteur.

Tenez par exemple, rien que le number 1 des blogs politiques, « Partageons mon avis », il est drôlement neutre. L’auteur aurait pu choisir de s’appeler « Robert a des couilles », voilà qui aurait été connoté. Surtout s’il avait annoncé en plus qu’il entendait parler de sexe, de bière et de foot. Mais là, ce n’est pas le cas. Ensuite, il ne leur est pas venu à l’esprit, à mes copines, que s’il n’y a pas de femme dans le classement, c’est peut-être tout simplement parce qu’aucune de nous n’est aussi brillante que les blogueurs en matière politique? Aïe, me voici traître à la cause. Je viens de foncer tout droit dans un tabou. Tant pis, j’assume :

Les blogueuses n’osent pas faire de politique

Quoique… Les femmes n’osent pas aborder les sujets politiques, m’explique-t-on dans le même article. Nous y voilà. Pauvres pitchounes! Il est vrai que les femmes n’ont jamais osé se frotter à la politique, de Nefertiti à Angela Merkel en passant par Jeanne d’Arc, Marie de Medicis, Olympe de Gouges et Margaret Thatcher, toutes se sont cantonnées à filer leur quenouille, c’est bien connu, surtout en ces temps reculés où c’était autrement plus compliqué d’évoluer dans un monde apparemment dominé par les hommes. Je dis bien, « apparemment » tant il est vrai qu’on a oublié l’étendue infinie des pouvoirs que nous détenions quand nous avions la sagesse de n’en revendiquer aucun. Aïe, encore un tabou, je vais mal finir.

Le « beau sexe » blogue aussi

Ah, les filles… les filles….

Je vous aime bien, mais entre nous, ça vous surprend de vous faire traiter sur vos blogs de « salopes » comme vous dites, quand vous positionnez volontairement le débat sur le terrain sexuel, soit en parlant mode, cuisine et bébé jusqu’à la nausée, soit en vociférant justement après ces « salauds de mecs » qui vous empêchent d’exister, franchement? Vous ne croyez pas que vous le cherchez un peu? Notez, j’ai bien failli vous croire. C’est même une des raisons pour lesquelles j’ai opté pour un pseudo masculin en débarquant sur la toile. Je me suis dit : la parole d’un homme est plus crédible que celle d’une femme, en me faisant passer pour l’un d’entre eux, je m’épargnerai la commisération et les blagues sexuelles.

J’avais tout faux. Il y a ici plus de commentateurs que de commentatrices alors qu’ils savent depuis longtemps que j’appartiens à ce qu’autrefois on appelait le « beau sexe ». Et aucun d’entre eux n’a jamais dépassé les limites d’un amusant badinage, dans les cas les plus extrêmes. Allez savoir pourquoi. Peut-être parce que je ne me positionne pas sur le terrain du genre, justement. Je me pense d’abord comme un être humain, un citoyen (même pas une citoyenne, j’en ai ma claque de la féminisation de tout, de cette guerre qui s’étend jusqu’à la grammaire au point de la rendre ridicule), et ensuite une femme. Il ne s’agit pas d’un reniement, mais d’une hiérarchisation. Je l’aime ma condition, je l’assume pleinement, mais je lui interdis de déborder.

Ma féminité ne prime pas sur mon humanité, elle la teinte, c’est tout.

Et encore, il m’arrive de me demander jusqu’à quel point la réflexion est susceptible d’être sexuée. Il me semble que cela dépend des sujets, des individus, des circonstances et de mille autres paramètres. Voyez-vous ce qui m’inquiète dans votre démarche, c’est votre aveuglement. Vous n’avez pas remarqué qu’on commence à leur faire sérieusement peur aux hommes? Ah mais si, les filles! Sont paumés nos jules. Savent plus s’ils doivent nous inviter au restaurant ou pas, nous proposer de nous raccompagner, nous tenir la porte. Ils se demandent si on les rêve papas poule ou au contraire absorbés par leur carrière, si l’on souhaite qu’ils soient riches et ambitieux ou tendres baladins. Ils finissent même par penser qu’on les veut tout à la fois carriéristes, poètes, machos, soumis, aimants, brutaux, viriles, émotifs, empathiques, indifférents, calmes, passionnés, mystérieux, proches, distants, complices, bref comme hier mais à la mode d’aujourd’hui et capables d’anticiper nos désirs de demain. Même nous, on ne sait plus très bien ce qu’on espère.

Je crois qu’il est temps d’arrêter la guerre. L’évolution vers l’égalité des sexes, ou plus exactement vers la suppression des inégalités sociales qui n’ont pas lieu d’être, cette évolution donc est lancée, plus rien ne l’arrêtera. Sauf peut-être un retour de boomerang si on va trop loin.

Contre-coup (de boomerang)

Mais revenons à notre sujet. Qu’est-ce qui vous chiffonne au juste? Qu’il n’y ait pas assez de femmes en tête des classements de blogs ? Ce n’est pas tout à fait vrai, elle tiennent le haut du podium dans les rubriques « loisirs », « gastronomie » et « scrapbooking » (je ne savais même pas ce que c’était avant de me pencher sur le classement wikio !). Qu’est-ce qu’on y peut si c’est là qu’elles performent ? Vous voudriez quoi? Que la mode devienne un sujet politique majeur? Ce serait ça, le triomphe de la cause des femmes dans la société? Ou bien regrettez-vous de n’avoir pas réussi à hisser un blog féministe en tête des blogs politiques? Et pour quoi faire ? Supprimer les discriminations injustes est utile et nécessaire, mais c’est un combat parmi d’autres. Or, j’ai l’impression que vous tentez d’en faire une vision globale de l’existence. Une grille d’analyse générale. Comme si tout se réduisait à un gigantesque affrontement entre les sexes.

Et ça vous étonne de ne trouver ni chez les hommes, ni même chez la majorité des femmes, un public enthousiaste? Mais on ne la partage pas votre vision du monde, essayez donc de le comprendre! C’est vous qui rendez le web sexiste à votre endroit en vous positionnant délibérément sur le terrain sexuel. Vous vous enfermez toutes seules et vous hurlez ensuite après vos prétendus geôliers. Tout le monde s’en fout du sexe des auteurs sur Internet, c’est même l’un des multiples intérêts de la chose.

Et c’est précisément cela que vous n’avez pas compris.


Image de Une par Marion Kotlarski pour Owni

Article initialement publié le 3 mars sur le blog La Plume d’Aliocha sous le titre “Sexiste le web ? Allons donc…”

Illustration sonore offerte par Nova : l’intégralité de cette production barrée à découvrir toute la journée sur les ondes, ainsi que sur le site www.salondelafemme.org. Diane Bonnot et Fred Tousch, les deux comédiens que vous avez entendus sur les inserts, font partie de la troupe d’Edouard Baer.

Crédits Photo FlickR CC : Mike Licht, NotionsCapital.com / Profound Whatever /

Retrouvez l’intégralité de notre dossier sur la Journée de la Femme.

Téléchargez l’infographie des Positions féministes. (cc) Mariel Bluteau pour Owni /-)

]]>
http://owni.fr/2011/03/08/blogueuses-ne-rendez-pas-le-web-sexiste-8-mars-journee-femme/feed/ 18
Russia: Landscape and Trends of Online Transparency Initiatives http://owni.fr/2010/10/13/russia-landscape-and-trends-of-online-transparency-initiatives/ http://owni.fr/2010/10/13/russia-landscape-and-trends-of-online-transparency-initiatives/#comments Wed, 13 Oct 2010 12:13:08 +0000 Alexey Sidorenko http://owni.fr/?p=31467

This article originally appeared on Global Voices, and was written by Alexei Sidorenko.

For the past two years, we have witnessed the Russian blogosphere becoming more and more empowered by technology. Although the bloggers’ abilities are quite limited, they have already attracted attention of both the Russian and international media.

Until recently, the technological level of online transparency initiatives remained quite low. The majority of IT professionals were not eager to join civil society activists and their initiatives. The evidence of this can be seen on technology blogs (e.g., habrahabr.ru), where numerous “technocrats” fall for the traditionally cynical explanation of civic activity (the bottom line of the discourse can be described as “conspiracy of the West”).

In 2010, this seems to have changed. As technology is getting more and more accessible and easy to develop, more online initiatives appear and are planned to be launched in late 2010 and 2011.

Russian transparency projects can be divided into five main groups:

> Official and semi-official transparency websites (e.g., zakupki.gov.ru, rosspending.ru),

> Chaotic transparency communities (individual investigative bloggers and LJ communities),

> Online representation of civil activist NGOs (e.g., golos.org, publicverdict.ru),

> Next-generation social networks dedicated to transparency and civil rights activism (e.g., democrator.rutaktaktak.ru), and a growing number of Ushahidi-based projects.

1. Official and semi-official transparency websites

Work on putting public procurement data online started in 2006 with the launch of zakupki.gov.ru, a catalog of major public expenses. Since then, a number of other official and semi-official websites have appeared (e.g., statetenders.ru, igz.hse.ru). All these websites have poor interface and a low level of data accessibility. These flaws and the lack of interactive functions lead to the emergence of LiveJournal communities dedicated to the analysis of the most bizarre deals.

In July 2010, Rosspending.ru was launched to solve the visualization issue. Ivan Begtin, the creator of the project and one of the Russian Gov 2.0 evangelists, took the data and presented it in a more user-friendly and understandable way. Despite the lack of social networking as well as Semantic Web functionality, the portal has been inspired by data.gov.uk and data.gov and is the best example of the Russian government data visualization so far.

2. Chaotic transparency communities and individual investigative bloggers

A number of non-institutionalized LiveJournal communities have taken up the watchdog functions that traditional Russian NGOs simply fear to conduct. GV has been covering their activity recently.

Individual investigative bloggers have probably had more impact than the LJ communities. The New Times called [RUS] eight most prominent investigative bloggers (Alexey Navalny, Alexey Dymovski, Alexander Malyutin and others) employees of a “self-made Ministry of the Interior”:

[…] общество провело черту между собой и милицией. В интернете обнаружились диссиденты в погонах, подменяющие собой Департамент собственной безопасности МВД, рассказывающие властям и согражданам о коррупции в органах и деградации службы. А блогеры стали искать и находить виновных в преступлениях, взяв на себя роль и уголовного розыска, и департамента экономической безопасности, и милиции общественного порядка. Пока власти рассуждают о реформе МВД, народ начал свою.

[…] the society has drawn a line between itself and the police. Dissidents [in uniform] turned up on the Internet, filling in for the internal affairs division of the police, telling the authorities and the citizens about corruption and degradation of service. And bloggers started to look for and find those guilty of the crimes, assuming the role of the criminal investigations department, and the department of economic security, and public order units. While the government is discussing the police reform, the people have started their own [reform].

3. Online representation of offline NGOs

“Traditional NGOs” still struggle with new tools. This happens for several reasons: the lack of vision, resources, and external conditions. There is an exception, though – golos.org, which has introduced two online transparency tools – The Election Hotline [RUS] and the Fact Bank [RUS]. (GV wrote about Golos’ Election Hotline project here.)

4. Next-Generation Transparency Tools

So far there are only two projects in this category – democrator.ru and taktaktak.ru. Both were launched in 2010 and share social networking functionality (everyone can register, comment and take part in the site’s activity) and issue-based structure.

Democrator.ru helps citizens to discuss and prepare petitions and official appeals to the authorities, and monitors the issues by publishing official responses from the authorities. Taktaktak.ru connects citizens and lawyers, facilitating discussion of various issues and search for possible solutions. Both projects are of a very high technological level and represent unique transparency solutions.

5. Ushahidi platforms


The first Ushahidi in the Russian language was installed in Kyrgyzstan and was initially called “aikol.kg.” Later the project transformed into save.kg. Altynbek Ismailov, a Bishkek-based IT specialist, wanted to start Ushahidi for reporting the “Osh massacre” events, but didn’t have enough time so he implemented it for the Kyrgyz Constitution Referendum that followed the tragic events. After the success of the referendum monitoring, Ismailov with his team is planning not only to monitor the upcoming election but also to use Ushahidi for reporting all kinds of problems.

A month ago, Russian-Fires.ru (”Help Map”) was launched. The project’s success brought to life numerous initiatives that are expected to start within the next few months. The topics of the planned projects include: observation of the upcoming Belarus election, reporting on the state of the highways, monitoring and fast response to civil rights violations (the so-called “Help Map 2.0″), monitoring in the city of Ufa, etc.

More technology = more transparency?

So, is Russia becoming a more transparent place then?

Blogger and journalist Igor Bogatyrev (aka LJ user Allan999), said in an interview to GV that in today’s Russia, the progress of technology in transparency is accompanied by the progress in perfecting various techniques of surpassing the transparency measures. Not to mention the “grey” money, which is not registered in any public account (according to some estimates, the “grey area” accounts for half of the country’s GDP). Grigoriy Melkonyants, deputy director of “Golos” Association, said that in the election field, corruption and fraud techniques have evolved so far that the transparency technology has a lot to catch up with.

More transparency initiatives that have appeared within the past year will neither eliminate corruption nor introduce the rule of law in the country. What they can do is to create an environment where information is efficiently verified, anti-corruption signals are distributed fast, and people from remote areas are united by transparency platforms and helping each other with no other mediator than a website.

Illustration CC FlickR by cabbit

]]>
http://owni.fr/2010/10/13/russia-landscape-and-trends-of-online-transparency-initiatives/feed/ 1
Russie: nouvelle “règle des 24 heures” pour censurer les commentaires http://owni.fr/2010/07/17/russie-nouvelle-%e2%80%9cregle-des-24-heures%e2%80%9d-pour-censurer-les-commentaires/ http://owni.fr/2010/07/17/russie-nouvelle-%e2%80%9cregle-des-24-heures%e2%80%9d-pour-censurer-les-commentaires/#comments Sat, 17 Jul 2010 08:29:34 +0000 Alexey Sidorenko (trad. Fabienne Der Hagopian) http://owni.fr/?p=22278

[Liens en russe sauf mention contraire] Une décision [en anglais] de la Cour suprême de Russie du 15 juin qui “exonère” les sites d’information de toute responsabilité pour les commentaires de leurs visiteurs s’avère en fait être l’introduction d’une procédure de censure à grande échelle. Roskomnadzor, un service fédéral qui surveille Internet et les média traditionnels pour le ministère russe des Télécommunications, a introduit une nouvelle “règle des 24 heures” selon laquelle les médias en ligne doivent supprimer ou éditer les commentaires “inappropriés” de leurs sites dans les 24 heures suivant notification, sous peine de perdre leur immatriculation comme média.

Les sujets interdits sont énumérés à l’article 4 de la loi “Des médias d’information” et incluent l’incitation à la haine, le terrorisme, les liens vers de la pornographie et la révélation de secrets d’État.

Roskomnadzor a envoyé son premier avertissement officiel au site Apn.ru par e-mail le 23 juin, mais il n’était pas encore clair à l’époque si une requête officielle pouvait être envoyée par e-mail et quels étaient les délais pour supprimer le commentaire.  Le 6 juillet, Roskomnadzor a donc publié les lignes directrices de la nouvelle procédure dans un document au titre pompeux de “Procédure pour envoyer des notifications aux entités des médias d’information présentes sur les réseaux de télécommunications et sur Internet relativement à l’inadmissibilité des abus à la liberté d’information”. (version intégrale)

Voici cette procédure:

  • Un employé de Roskomandzor fait une capture d’image du commentaire inapproprié, la sauvegarde sur son disque dur et l’imprime.
  • Un officiel “responsable pour le contrôle gouvernemental et le respect de la loi en ligne”, approuve alors le bien-fondé de “l’abus de la liberté d’information” (le texte dit clairement “approuve” et non “juge” ou “décide”).
  • Ensuite, le département envoie un e-mail et un fax au propriétaire du site avec l’ordre de supprimer ou modifier le commentaire en question.
  • Si le site du média n’obéit pas à l’ordre dans les 24 heures, une notification légale est envoyée.  Après plusieurs notifications, la justice est saisie.  Si Roskomnadzor gagne le procès, le site perd son immatriculation de média.

Ni la loi “Des Médias d’Information“ ni Roskomandzor ne précisent si le site serait fermé s’il perd son immatriculation, mais pour la plupart des sites privés, cela signifierait l’incapacité de fonctionner légalement (facturer la publicité, payer les salaires des employés, etc.).

Sergey Sitnikov, responsable de Roskomnadzor, explique que le but de son département était de “prévenir la circulation d’informations contraires à la loi”, mais nombre de blogueurs russes sont concernés par cette idée et en parlent sur Habrahabr, un portail dédié aux services informatiques.

Quelques blogueurs ont essayé de rester optimistes (sans succès). StrangeAttractor écrit :

Si la loi interdit d’inciter au terrorisme ou au hooliganisme, c’est OK et c’est bien.  Mais si elle interdit d’exprimer une opinion sur quelque chose… ou d’être fier de son héritage national…, alors c’est clairement de la bêtise et de la provocation.

Newpravda écrit :

D’un côté, c’est une bonne idée, laissez-moi m’expliquer, de ne pas laisser un terroriste s’exprimer librement. Mais connaissant notre réalité, ils [Roskomnadzor] vont s’en servir [de la ‘règle des 24 heures'] pour tous les articles qu’ils veulent, je ne serais pas étonné s’ils interdisaient Gena et Cheburashka [en anglais] [héros de dessins animés à succès] pour propagande ou quelque chose.

Les divers effets et implications de la loi sont aussi discutés. Vitaliidaniuk est sceptique quant à l’efficacité de la loi, avançant qu’il serait très difficile de contrôler les commentaires Twitter que l’on retrouve souvent publiés près d’un article ou intégrés à des systèmes gestionnaires de commentaires (comme Disqus ou IntenseDebate).

Voldar a suggéré que le futur moteur de recherche national [en anglais] pourrait être utilisé pour détecter les commentaires inappropriés et envoyer des notifications aux auteurs automatiquement. XaosSintez écrit sur la possibilité que de fausses notifications de Roskomnadzor soient utilisées pour bloquer n’importe quelle discussion.  Et xoco partage son histoire sur la façon dont les autorités surveillent et contrôlent déjà ce qui se dit en ligne et dans la vie réelle :

Tout cela est très triste.  Ayant pris part à la création de la communauté en ligne de la ville de Lyubertsy [en anglais] (banlieue de Moscou), j’aimerais partager mon histoire.  Sur le forum, on discutait de l’état des routes, des nouveaux immeubles, de la désorganisation des marchés.  Et donc, les utilisateurs du forum considéraient l’idée de descendre dans la rue pour attirer l’attention sur l’état des routes avec des nids de poules profonds de plus de cinquante centimètres, et se demandaient s’ils devraient bloquer la circulation avec une manifestation.  Le jour même, nous avons reçu un message des autorités qui demandait les informations sur des activistes du forum – adresse IP, heures d’accès au forum, etc.  Comme si ces gens étaient mêlés à des activités extrémistes.  Qu’est-ce qui se passera ensuite ? Il n’y a pas la plus petite liberté d’expression.

Suite à ces discussions, les blogueurs ont créé un hashtag (mot-clép sur Twitter #ru_cenz pour répertorier tous les incidents liés à cette nouvelle mesure ainsi que la censure du Web russe en général.

Non seulement les dernières initiatives de Roskomnadzor violent la constitution russe, qui interdit toute forme de censure, mais elles semblent aussi contredire le point de vue du Président Medvedev sur ce sujet.  Ce cas est représentatif du régime politique en place : ignorance des lois et des droits humains, contradiction entre les textes et les actions, et finalement, une claire volonté d’influencer et de contrôler le web russe.

Billet initialement publié sur Global Voices ; image CC Flickr M i x y

]]>
http://owni.fr/2010/07/17/russie-nouvelle-%e2%80%9cregle-des-24-heures%e2%80%9d-pour-censurer-les-commentaires/feed/ 18
Les journalistes, c’est rien que des faux blogueurs, na! http://owni.fr/2010/06/06/les-journalistes-c%e2%80%99est-rien-que-des-faux-blogueurs-na/ http://owni.fr/2010/06/06/les-journalistes-c%e2%80%99est-rien-que-des-faux-blogueurs-na/#comments Sun, 06 Jun 2010 19:16:43 +0000 La Peste http://owni.fr/?p=17603 Dites, les vieux blogueurs racornis de la sidebar, vous vous souvenez comment c’était hype de beugler sur le classement Wikio, en 2008 ? La blogo underground faisait genre « on le méprise », et la blogo trendy faisait genre « c’est trop bien ». Au final, bien sûr, tout le monde a pu s’exprimer pour faire son intelligent en prononçant le mot magique : « algorithme ». (En fait, il suffisait d’aller lire Jean Véronis et d’apprendre par coeur ses deux billets, dans lesquels il nous éclairait sur comment le soleil sortait tous les matins du trou du cul de Wikio).

Mais chacun jouait dans sa propre cour, et jamais on ne lançait le ballon chez Les Zautres. Des fois qu’on se fasse taper.

Ben ouais : d’un côté t’avais les blogs Zinfluents, et de l’autre les blogs Zinflués. Et puis en transversal, pour décorer, t’avais les blogs Zinclassables. Tout ce petit monde se balançait joyeusement à la tronche des valeurs Zessentielles, et chacun finissait par se calmer en continuant à bloguer sur les sujets de son choix.

Ça fonctionnait vachement bien. De temps en temps éclatait une bonne petite guerre blogosphérique, histoire de pas non plus s’endormir sur ses billets ; soit dans le registre « mon gloss est plus beau que le tien, pouffiasse », soit dans le registre « Ségo était plus légitime que Nico, connard ». Bien sûr, en 2009 le débat s’est élevé d’un cran avec le fight « Scrapbooking vs point de croix », les blogs de loisirs créatifs ayant totalement bouleversé l’écosytème virtuel en place.

Bouh le billet sponsorisé

Ensuite, t’as eu la polémique du billet sponsorisé. Ça, c’était sympa également. Ça fightait sévère. Les seuls à fermer leur gueule, au final, c’était les blogueurs qui, avec leurs 200 ou 500 euros mensuels de billets sponsos, arrivaient à boucler leurs fins de mois (pas tellement glorieuses pour cause d’Assedics récalcitrants et d’employeurs peu enclins à conclure). En gros, au royaume des putes borgnes les riches aveugles étaient rois, et le billet sponso c’était le Mal.

Mais pour finir, le snobisme, le vrai, s’est installé au sein de la blogosphère. Un parfait reflet de notre société-qu’a-rien-que-des-problèmes. Zinfluents et Zinflués se tinrent  donc la main pour édifier en chœur la nouvelle hiérarchie 2.0. Et c’est ainsi que naquit le Bien et le Mal blogosphérique, divisant les blogs en deux catégories bien distinctes : les blogs Zintelligents et les blogs Zidiots.

Depuis ce jour-là, ça rigole plus : ou t’en es ou t’en es pas. T’as pas fait Sciences Po, tu ne repenses pas l’Internet Mondial à chaque billet, tu ne nourris pas le monde affamé de ton omniscience culturo-ouèbesque ? Tu n’analyses pas la crise de la presse papier, tu ne l’opposes pas avec virulence au rédactionnel web, tu n’as jamais pondu de billet sur le pourquoi du comment des difficultés rencontrées par les modèles économiques dits émergents ? Tu ne sais pas disserter sur les implications du personal branding, tu es incapable de soutenir une discussion en ligne sur les enjeux du nouveau journalisme, et les billets de Narvic te plongent, hébété(e) de stupeur, dans un coma proche de la NDE ? Si tu as répondu oui à au moins une de ces questions (oui, une suffit, la blogo c’est cruel, mon lapin), c’est que ton blog fait partie des blogs Zidiots. Tu n’as point de consistance, point d’existence virtuelle parmi les gens qui comptent, et s’il te prenait l’envie de commenter sous un billet, chez un blogueur Zintelligent, sois gentil, ne tache pas le background du taulier en laissant l’adresse de ton blog. Dis plutôt que t’as bac + 4, ça t’aidera peut-être. De toute façon, personne te répondra, t’en es pas.

Zinflués et Zinfluents, Zidiots et Zintelligents (se lit dans les deux sens).

Nan mais pleure pas, t’as certainement d’autres qualités hein. Mais bon, t’as un blog Zidiot, voilà, quoi, qu’est-ce que tu veux que je te dise. Au moins, dis-toi qu’il est pas rose-chiottes comme le mien, c’est toujours ça de pris. Ah, si, il est rose ? Bon. Euh… Pense à autre chose, va. Et si ça peut te rassurer, sache que ton lectorat est plus Zintelligent que le lectorat des blogs Zintelligents : chez toi, on atteint jamais le point Godwin ; ben oui, t’as déjà distribué un point Godwin dans un fil de commentaires consacré à un fond de teint ou à la maille serrée, toi ? Non. Alors réjouis-toi. Parce que le point Godwin dans les commentaires, c’est jamais rien que des gens suffisamment vrillés du bulbe pour se foutre en rage devant un clavier et un écran, et instiller dans des affrontements désincarnés des forces vives qu’ils feraient mieux de mettre au service de choses plus concrètes (communiquer IRL avec la même fougue, par exemple). Le mec qui passe des heures sous un billet pour finir par traiter un inconnu aussi con que lui de nazi, sérieux, je trouve ça pathétique.

Enfin tout ça, c’était super quand même.

Jusqu’au jour où le Ouèbe Puant et Pontifiant a grondé d’une nouvelle indignation. Une nouvelle polémique, une bien juteuse : les blogueurs, c’est pas des vrais journalistes.

Les poissons, c’est pas des vrais légumes

Ça, c’était superbe : bon, évidemment, ça revenait à peu près à dire que les poissons, c’est pas des vrais légumes, mais c’est pas grave, ça marchait  bien, comme base de conflit. Et de la même façon que les gens peuvent avoir du mal à piger que la différence entre le canoë et le kayak c’est pas le type d’embarcation mais la discipline sportive pratiquée, quelle que soit la coquille dans laquelle on pose son cul, ben les gens ils ont pas pigé que le journalisme est une activité professionnelle reposant sur des compétences précises, n’ayant que très peu à voir avec l’installation d’un Wordpress (bon, les gars qui roulent pour Dotclear, vous fâchez pas. De toute façon, tant que vous êtes pas passés sous SPIP, votre existence ne vaut rien). Du coup, tu peux tenir un blog ET faire du journalisme. Ce sont deux choses différentes, deux activités reposant sur des principes de fonctionnement, formel et structurel, différents.

Bref, il était de bon ton de fonder son raisonnement sur le support utilisé, sans considérer l’activité exercée. Une fois le truc décortiqué, on ne retenait qu’une chose : le journalisme et les blogs, c’était un peu comme le rouge corail et le rose nacré : vu de loin, ça se ressemble un peu, mais sérieux, ça va pas ensemble du tout. Et rares sont ceux qui ont su dépasser ce clivage.

Partant de là, on aurait pu croire que la Messe était dite.

Mais la blogo est une mine d’or, et tous les jours une pépite en sort.  Alors accroche-toi à la colonne latérale, tu vas halluciner. Donc on est bien d’accord que les blogueurs, c’est pas des vrais journalistes.

EH BEN FIGURE-TOI QUE LES JOURNALISTES, C’EST PAS DES VRAIS BLOGUEURS.

Ouais.

Rien que ça.

Ça te la ramollit, pas vrai ?

C’est un truc de fou en fait : paraît qu’il y a des journalistes /chroniqueurs qui se sont mis en tête d’ouvrir un blog. Et d’y proposer des trucs. Et puis attention, les mecs c’est des fourbes hein, ils se sont carrément pas gênés, ils ont tout fait comme les vrais blogueurs, à savoir réfléchir à un chouette thème pour donner de la gueule à leur blog, travailler le wording pour que le rubriquage claque bien, agencer leurs petits machins sur la colonne latérale, bref  les mecs ils ont vraiment mis la gomme pour se faire plaisir. « Ouaiiis, s’tu veux, moi j’ai un blog, là, tu voiiiis ». C’est méchant, le journaliste. Ça trompe son monde. Et le chroniqueur, m’en parle pas, il est encore pire…

Mais tu sais ce que c’est, le pire du pire ? Attends, tu vas pleurer : le journaliste-faux-blogueur, il est dans le classement wikio. Et ça, sérieux, ça pue, pour le blogueur-puriste. Bon, faut savoir que pour le blogueur-puriste, de toute façon, tout est potentiellement puant. Mais Wikio, bordel ! Où va-t-on !

Alors je te la refais pas en technicolor, mais si tu veux, tu peux reprendre le paragraphe précédent en remplaçant « journaliste » par « homme politique », ça marche aussi  : parce que oui, y a aussi des personnalités politiques qui ouvrent des blogs. Et donc les personnalités politiques, c’est pas des vrais blogueurs non plus. Parce que chez eux, le blog c’est de la vitrine, mise en place avec du pognon. Donc le contenu personnel, bof. Y en a pas vraiment.

Ces usurpateurs ne jouent pas le jeu du lien sortant

Et là où le blogueur-puriste s’insurge, c’est que tous ces usurpateurs blogosphériques viennent poser leur cul sur son coin de web, et ne jouent pas le jeu du lien sortant. Le sacro-saint lien sortant. Pour le blogueur-puriste, le vrai blogueur fait du lien sortant, tandis que le faux blogueur n’est pas de son monde, n’adopte pas ses pratiques, ses usages. Le vrai blogueur fait une blogroll, le faux non. Le vrai blogueur produit du contenu, le faux insère des vidéos. Bref, pour le blogueur-puriste, le faux-blogueur « c’est pas des gens comme nous ».

Donc là, je soupire. Parce qu’il y a des jours où la connerie me fatigue. Et très sincèrement, je pense qu’avec ce genre de discours à la con, le blogueur ne prouve qu’une seule chose : il est capable d’être aussi corporatiste qu’un Joffrin au mieux de sa forme, aussi hargneux que Mélenchon dans ses grands jours, bref il a gagné sa place au sommet du système qu’il dénonce.

Blogueur-puriste, sois fier de toi : tu peux te montrer aussi con que ceux dont tu voudrais être l’égal, et dont tu t’es toujours cru supérieur. Parce que tu reproches aux journalistes et aux politiques de te regarder de haut, mais sans rire, tu t’es vu ?

Rappel : tout le monde a le droit d’ouvrir un blog

Un peu de sérieux. Tout le monde a droit d’ouvrir un blog. Et d’en faire exactement ce qu’il veut. Et d’être classé chez Wikio, même sur la base d’un algorithme prenant en compte les liens sortants. Ou pas. Ça a peut-être changé depuis. Je m’en tape. Dans tous les cas, l’autorité frelatée du classement Wikio est indigne de l’intégrité revendiquée par les blogueurs politiques. Voir un blogueur politique pleurnicher sur la présence dans la blogosphère, et pourquoi pas au Wikio, de journalistes-usurpateurs ou de politiques-VRP, c’est aussi dénué de sens qu’un végétarien t’expliquant que ton T-Bone sera bien meilleur saignant, et qu’en carbonisant ta viande tu le déçois beaucoup.

Chacun adopte sur son blog le fonctionnement qui lui convient. Les blogs vitrines des politiques ? Ils ne sont pas pires que les blogs vitrines des marques. Et alors ? Alors rien. On s’en fout. Ça ne changera rien à l’impact des blogs à contenu.

Quant aux journalistes et chroniqueurs à blog, je ne vois pas où est le problème. Ils ne font pas de blogroll ? Et puis ? Qui a dit que c’était obligatoire ? Les usages ? Les pratiques ? La blogosphère se serait-elle sclérosée au point de consacrer des « pratiques » à la con, tout ça pour entrer dans un classement à la con ?

Le blog, c’est l’envie, le désir, une petite extension virtuelle d’un pan de notre vie : convictions politiques, émotions, récits, partage de contenu, démarche de personal branding, oui, même ça (ce n’est pas sale), vente de pin’s ou propagande anti-gloss. Le blog, il est exactement ce qu’on en fait. Et on est libre d’en faire ce qu’on veut. On n’est pas obligé de « jouer le jeu ». Le blog, c’est notre propre terrain de jeux. Alors oui, Nicolas fait beaucoup de liens sortants, et Guy l’épicier pas tellement, sur son blog actuel. Mais Nicolas et Guy l’épicier sont l’un et l’autre très détendus du slip, bien sympathiques et leur contenu est intéressant. Nicolas explique d’ailleurs avec pertinence pourquoi la présence de certains blogs politiques au classement Wikio l’interpelle. Pour autant, il ne sombre pas dans l’aigreur. Ni dans le snobisme. La preuve, il me parle. C’est dire s’il a les idées larges.

Alors les arguments du type « ce n’est pas notre monde », au secours…

Je vous toise du haut de mon rose-chiottes

C’est pourquoi mon blog rose-chiottes et moi-même décidons ce soir, en vertu du pouvoir que nous nous conférons, en vertu également de cette époque où le classement wikio nous avait léché le cul, de nous revendiquer aussi fréquentables, militants, intelligents et cultivés que le blog politique le plus militant, Zintelligent et cultivé. Et en plus, dans le genre militante, ça va, je me défends.

Et pis c'est tout.

Par ailleurs, toujours en vertu du pouvoir que je me confère, et considérant qu’avec mon bac + 4 et demi et les compétences qui me permettent de gagner ma vie via la rédaction de formidables articles ayant trait à la sexualité, je me déclare officiellement fausse blogueuse.

Du coup, lorsque j’ai publié ce billet sur mon blog personnel, j’ai viré ma blogroll, toisé tout le monde du haut de mon rose-chiottes, et décrété arbitrairement qu’étant maîtresse en ma demeure, y aurait pas de commentaires  sous ce billet (ouais, je fais ça parfois, notamment quand j’ai pas envie que les lecteurs s’expriment sous la musique de merde que je mets en ligne).  De toute façon, comme j’avais raison, tout échange ou discussion via les commentaires me semblait inutile. Tu noteras à quel point je respecte pas les pratiques sacrées de la blogo : non seulement je piétine le lien sortant, mais en plus je refuse de jouer le jeu des commentaires. Ce que ça prouve ? Une seule chose :  chez moi, je fais ce que je veux. Et j’affirme que même sans lien sortant et sans commentaires, c’est bien un blog que je tiens. Et  j’emmerde les usages de la blogosphère. Politique ou non.

Comme Guy l’épicier, je fais ce que je veux de mes cheveux sur mon blog. Et j’adore ça.

Et comme Nicolas, je partage mon avis.

Mais bien sûr, chez les autres je sais me tenir, et je m’adapte. Du coup, sur Owni, tu as le droit de commenter.

Edit du 5 juin : je te conseille de faire un saut à l’épicerie du coin (comment ça, c’est un lien sortant ?) (T’es sûr ?) (Ah ouais, tiens)

Billet initialement publié sur Le Journal d’une peste sous le titre “Les journalistes, c’est rien que des faux blogueurs, il paraît. Et Wikio il est méchant.”

; images CC Flickr Stéfan, Okinawa Soba (In Asia and Africa until August), markuz

]]>
http://owni.fr/2010/06/06/les-journalistes-c%e2%80%99est-rien-que-des-faux-blogueurs-na/feed/ 5
Vieille presse, injecte-toi le sang neuf des blogs! http://owni.fr/2010/05/30/vieille-presse-injecte-toi-le-sang-neuf-des-blogs/ http://owni.fr/2010/05/30/vieille-presse-injecte-toi-le-sang-neuf-des-blogs/#comments Sun, 30 May 2010 08:55:39 +0000 JCFeraud http://owni.fr/?p=16936 Ami blogueur, tu te sens comme une pauvre particule de plancton flottant anonymement dans un océan informationnel en perpétuelle expansion et tu postes tes billets un peu comme on jetterait une bouteille à la mer ? Ami TwitterJunkie, tu uses tes jours et tes nuits à gazouiller de la news en 140 signes pour être à l’avant-garde de l’avant-garde de la révolution journalistique et numérique… et puis un jour tu te demandes : à quoi rime tout cela ? Ce déluge de mots qui s’écoule comme le temps qui passe sur le sablier de ta “timeline”… Mais voilà une nouvelle venue d’outre-Atlantique qui aura peut-être pour effet de réinjecter un petit shoot de dopamine dans tes neurones fatigués et de te redonner un peu d’enthousiasme devant le clavier :
Lancé il y a seulement cinq ans, le HuffingtonPost a fait le pari de s’appuyer sur le meilleur de la blogosphère américaine plutôt que sur une rédaction de journalistes professionnels : il talonne désormais sur Internet le New York Times avec 12,3 millions de visiteurs uniques aux États-Unis contre 13,1 millions pour la “vieille dame grise” (bientôt 160 ans au compteur) ! C’est l’institut Comscore qui a récemment publié ces chiffres pour le mois de mars. Le site fondé par la journaliste politique américaine Ariana Huffington et son confrère Ken Lerer avait déjà coiffé au poteau ce bon vieux Washington Post en fin d’année dernière, et devance largement le grand Wall Street Journal comme le montre le graphique ci-dessous :

Et en fin de semaine dernière, le même institut Comscore a publié de nouveaux chiffres confirmant la percée du Huffington Post, cette fois au niveau mondial : en avril dernier, le HuffPo (comme l’appelle ses fans) comptait plus de 22 millions de visiteurs uniques sur les 25 premiers marchés Internet, derrière AOL News (31 millions) et CNN.com (43 millions)…mais devant TOUS les autres sites des grands quotidiens américains. Wow ! Il s’est passé quelque chose en matière de presse sur la planète online.

Un pure player comptant à peine une cinquantaine de salariés et mixant news, journalisme d’investigation et  billets de blogs de personnalités des médias, de la politique, du business et du showbiz (Norman Mailer, John Cusack, Bill Maher… voir ce blogger index) tutoie désormais sur Internet les quotidiens les plus prestigieux de la presse américaine qui emploient encore pour leur part des centaines de journalistes professionnels. Un véritable événement. Comme le rappelait récemment ma consœur Capucine Cousin dans ce papier de 20Minutes.fr , le Huffington Post est désormais pris au sérieux par la grande presse : il a gagné deux années de suite les Webby Awards dans la catégorie blog politique. Et il compte 19 rubriques alimentées par des milliers de sources. Son secret ? Le HuffPo est divertissant, bourré d’infos people et insolites, il affiche des gros titres et plein de photos qui pètent sur sa home-page… mais surtout IL EST GRATUIT, car intégralement financé par la publicité.

Bientôt le plus gros site d’info au monde ?

Et voilà ce qu’ Henry Blodget, l’ancien analyste gourou de la bulle Internet reconverti chez Business Insider, dit de cette  success-story : “D’ici cinq ans, le Huffington Post aura certainement dépassé les quelques sites qui restent hors de sa portée. Une fois au-dessus des CNN et autres New York Times, le HuffPo sera devenu le plus gros site d’info au monde”.

Blodget sort sa calculette : le site a enregistré 15 millions de dollars de recettes publicitaires et il devrait doubler ses revenus cette année à 30 millions de dollars… puis faire rebelote l’année suivante à 60 millions. D’ici cinq ans, le HuffPo “arrivera rapidement au-delà des 100 millions de dollars par an”, s’enflamme le fameux rouquin qui nous prédisait des arbres qui montent jusqu’au ciel en l’an 2000. Les grands annonceurs comme American Express, IBM, Microsoft ou Ford se bousculent tous au portillon… Et même si à 100 millions de dollars de chiffre d’affaires le Huffington Post restera encore  loin du milliard de dollars de revenus qu’affiche aujourd’hui le New York Times, pour Blodget le premier a le vent de l’histoire dans le dos quand le second est sur le déclin : “À la fin de l’année, le Huffington Post sera plus gros que le NYT en termes de trafic (…)” et “il n’est pas déraisonnable de penser que dans le futur il le dépassera en termes de revenus”, affirme l’ancien analyste de Merrill Lynch. L’intégralité de sa démonstration enthousiaste est ici en anglais sur le site de Business Insider. Et ici en français car mes amis d’OWNI ont eu la bonne idée de bien vouloir traduire pour tout le monde.
Évidemment, j’entends déjà certains de mes confrères journalistes pester sur le thème le “HuffPo et les blogs ce n’est pas du journalisme!” (je reprends la phrase de Blodget puisque j’entends strictement la même chose au bureau). Ah bon. Moi j’en trouve des infos et des scoops sur ce site. Et aussi des billets d’analyses passionnants et décapants que l’on ne lira jamais dans la presse traditionnelle où les éditorialistes sont trop occupés à se regarder écrire ou à faire plaisir aux grands de ce monde en écrivant. Allez donc faire un tour sur le Huffington Post, mais aussi sur d’autres sites faisant appel à des blogueurs, qu’ils soient journalistes ou non, comme Gawker, le Druge Report et plus, près de nous OWNI ou Slate.fr. Et jugez par vous mêmes.

La blogosphère est bien vivante

Non bloguer, tweeter, micro-bloguer… tout cela n’est peut-être pas vain. La blogosphère - que certains oiseaux de mauvais augure disaient moribonde au prétexte que les djeun’s lui préféraient Facebook – est bel et bien vivante. Et bien que blogueurs et journalistes se regardent toujours en chiens de faïence (à chacun ses torts : défiance et frustration d’auteur contre corporatisme et mépris), cette galaxie de journaux numériques à la première personne est peut-être, bien plus que l’iPad d’Apple, un début de réponse à la crise qui dévaste la vieille presse de Gutenberg incapable de s’adapter à l’ère numérique. Car le contenu est plus important que le contenant, le message l’emporte toujours sur le medium nous dirait ce bon vieux Mc Luhan. Le journalisme est certes un métier qui s’apprend. Un peu à l’école, et bien plus sur le terrain. Pour bien répondre aux 5 “W” (Qui, Quoi, Où, Quand, Comment) et même 6 “W” (avec le Pourquoi), il faut en pisser de la copie, suer sang et eau devant son clavier pendant quelques années. Ce n’est pas moi et mes 20 ans de carte de presse qui vous diront le contraire. Mais chers confrères ouvrez les yeux, réveillez vous : le vieux monde du papier qui nous a fait journalistes est en train de s’écrouler et menace d’être balayé par le grand déluge numérique. Partout dans le monde les quotidiens perdent des lecteurs et des recettes publicitaires au rythme d’une hémorragie mortelle qu’aucun garrot n’a pu encore juguler. De grands journaux centenaires disparaissent aux Etats-Unis (voir la liste sur ce site baptisé Newspaper Death Watch). Et plus près de nous, des quotidiens nationaux français se vendent pour une bouchée de pain : La Tribune pour 1 euro symbolique à sa directrice générale Valérie Decamp qui va tenter une énième relance acrobatique, Le Monde autour duquel tournent une foule de candidats (Claude Perdriel, le triumvirat Bergé-Pigasse-Niel, l’espagnol Prisa, l’italien L’Espresso, le suisse Ringier…) qui salivent tous à l’idée de s’offrir le plus grand quotidien français et ses 400 millions de chiffre d’affaires pour 60 millions d’euros seulement…

Ouvrir grand les fenêtres des salles de rédaction

Alors il faut ouvrir grand les fenêtres de nos journaux, aérer les salles de rédaction qui sentent de plus en plus la peur et parfois le rance d’une profession tétanisée, repliée sur elle-même. Non les blogueurs sont rarement des journalistes comme l’auteur de ces lignes. Mais les blogueurs sont des citoyens représentant toutes les couches de la société (enfin plutôt CSP +), venant de tous les horizons professionnels, culturels, politiques…Les blogueurs ressemblent à nos lecteurs quoi ! Alors pourquoi se priver d’un tel renfort pour plaire à nos lecteurs, “écrire pour être lu” comme on dit au CFJ ? Les ramener un peu vers le papier et surtout sur nos sites internet dont l’audience y gagnerait à voir la courbe du Huffington Post. L’alternative suivante est désormais posée aux “grands” journaux qui le sont de moins en moins.

- Rester fidèle au journalisme de papa, bien au chaud entre soi en écoutant l’orchestre sur le Titanic en train de couler.
- Ou bien faire monter à bord du sang neuf, d’autres talents et d’autres regards sur l’actualité pour colmater les brèches et nous aider à pomper l’eau qui menace de nous envoyer par le fond.

N’ayez crainte, le journalisme est un métier, le commandant de bord sera toujours un grand professionnel reconnu par ses pairs et l’équipage du navire restera composé de cartes de presse. Mais les marins auxiliaires et autogérés que sont les blogueurs ne seront pas de trop pour nous aider à traverser la tempête numérique qui souffle sur la vieille presse. Car contrairement à la plupart des journalistes en poste, ils viennent tous du monde de l’internet et ils connaissent mieux ces eaux digitales que la plupart d’entre nous élevés au rythme des bouclages à l’ancienne et des “A la” des ouvriers du Livre. Et dans leurs rangs, il y a une minorité de passionnés de l’actualité qui un peu comme nous, ont appris à chercher et à trier l’information, à la hiérarchiser, à la recouper, pour ensuite raconter une histoire ou donner leur point de vue sur l’Histoire en train de se faire.

Sortir de “l’économie de la gratitude”

Ceux là bien sûr, il faudra bien accepter de les payer décemment un jour ou l’autre. Car aujourd’hui, quand un journal fait appel à un blogueur, c’est encore et toujours dans le cadre d’un échange basé sur “l’économie de la gratitude” comme l’a bien expliqué le blogueur Vogelsong : tu signes de beaux billets sur mon site et en retour je te paie en audience et en notoriété. Point barre. C’est ce qui s’appelle un accord win-fuck, là où l’on devrait être dans le win-win pour que tout le monde soit content. À commencer par le lecteur qui devrait nous faire vivre par sa fidélité et son nombre, en payant pour lire et/ou en attirant avec lui les annonceurs publicitaires.

Vous doutez encore du professionnalisme des blogueurs ? Olivier, un ami lecteur fidèle de mon blog, qui vient lui même d’ouvrir le sien ["Le blog du communicant 2.0"], m’a envoyé cette étude du Project for Excellence in Journalism (PEJ) intitulée “New media, old media” comparant la manière dont les blogs et les médias sociaux couvrent l’actualité par rapport à la presse traditionnelle, pour ne pas dire la vieille presse. Et bien selon les chercheurs de ce département du fameux Pew Research Center, ils la couvriraient plutôt bien… voire parfois mieux que certains journaux que l’on trouve encore en kiosques à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires de l’autre côté de l’Atlantique.
“Si la plupart des articles apportant une information originale sont produits par des journalistes professionnels, la technologie ont permis à un nombre croissant de citoyens de participer à la couverture de l’actualité”, explique en substance les auteurs de l’étude. Les blogs, mais aussi Twitter ou le site de vidéos YouTube alliés à la miniaturisation des appareils photos et des caméras embarqués dans les smartphones permettent aujourd’hui à n’importe qui de publier une info et des images allant de l’actualité de quartier au secret d’État (le site Wikileaks dont j’ai déjà parlé s’en ait fait une spécialité).
Et si l’on en croit les chercheurs du PEJ, les blogueurs sont plus ouverts sur l’actualité politique et les évènements internationaux que les journalistes de la presse traditionnels. Ils sont même beaucoup plus calés (Geek Power !) pour les sujets technologiques que ces derniers. En revanche, ils s’intéressent moins à l’économie ou aux questions de santé et de médecine comme le montre le tableau ci-dessous.

Cette saine curiosité, quand elle s’accompagne d’un vrai talent d’analyse et de plume, devrait inciter les journaux à courtiser les blogueurs pour qu’ils signent régulièrement sur leurs sites. Aux États-Unis, le NYT et le Washington Post l’ont bien compris : ils recrutent maintenant à tour de bras des blogueurs salariés comme tel pour faire face à la concurrence du Huffington Post notamment. En France, c’est encore la préhistoire de cette collaboration. Certains journaux comme Le Figaro et Le Monde ont une vraie politique d’agrégation de blogs. Mais les auteurs payés se comptent sur le bout des doigts. Et quand ils sont payés c’est avec un lance-pierre. Dans d’autres titres, les blogueurs sont essentiellement des journalistes…qui ont encore trop tendance à faire du pur journalisme (infos exclusives, éditos…) et n’y mettent pas forcément le ton et le regard personnels que demande l’exercice. Enfin, il y a encore des journaux où il n’y a pas de blogueurs du tout.
Mais les temps changent. Et il suffirait qu’un véritable Huffington Post à la française pointe son nez sur le web français pour secouer le cocotier de la vieille presse. Justement, mon petit doigt me dit qu’un projet en ce sens est en train de se monter autour de quelques journalistes et/ou blogueurs expérimentés. Tous de grands connaisseurs du monde de la presse… et de l’internet. Je vous en reparlerai.

Billet initialement publié sur Mon Ecran radar sous le titre “La blogosphère au secours de la vieille presse ?” ; Image Flickr CC otisarchives3

À lire aussi : Le Huffington Post fête ses cinq ans

]]>
http://owni.fr/2010/05/30/vieille-presse-injecte-toi-le-sang-neuf-des-blogs/feed/ 5
Le Portail des Copains : 10 ans de saloperies sur Internet http://owni.fr/2009/11/24/le-portail-des-copains-10-ans-de-saloperies-sur-internet/ http://owni.fr/2009/11/24/le-portail-des-copains-10-ans-de-saloperies-sur-internet/#comments Tue, 24 Nov 2009 10:00:18 +0000 Alfred-Georges (Brave Patrie) http://owni.fr/?p=5670 Ce 19 novembre marque le triste dixième anniversaire de la création de Rezo.net, un portail impliqué dans de nombreux déraillements d’opérations de communication gouvernementale. Malgré la vigilance des autorités, un vaste torrent d’immondices s’en déverse toujours et sape la stabilité de l’internet libre, marchand et poli. Dans le monde entier on s’organise pour faire face à la menace, mais le combat est loin d’être gagné.




« Sur Internet, personne ne sait que vous êtes un chien », dit l’adage. Mais, paradoxalement, personne n’a oublié que vous arrachiez les ailes des mouches quand vous aviez huit ans. Une erreur de jeunesse comme nous en avons tous commises, sauf peut-être les tapettes, mais qui vous suivra toute votre vie.
Cette dichotomie mammifère / diptère joue en défaveur de la présomption d’innocence et abolit toute confiance en la bonté intrinsèque du genre humain en général et du personnage public français en particulier.
Les plus grands penseurs de notre temps en sont conscients : Jacques Séguéla ou Jean-François Copé et Henri Guaino ne disent pas autre chose quand ils qualifient internet de saloperie ou de zone de non-droit.
Nathalie Kosciusko-Morizet non plus quand elle milite en faveur d’un droit à l’oubli, qui permettrait en outre de libérer plusieurs téra-octets sur les serveurs de Dailymotion quand arriveront les tours de Frédéric Lefebvre et Christian Vanneste.

JPEG - 24.8 koL’internet que Rezo vous propose : des saletés.


Internet n’était pas censé héberger des archivistes obsédés par le mois de novembre 1989 et l’agenda du président de la République. Pas plus qu’il ne devait devenir un forum d’apprentis constitutionnalistes européens pinailleurs ou se substituer à la structure RH de prestigieux établissements publics alto-séquanais.
Internet devait être un megamall bien éclairé, sécurisé et fourni en produits très colorés. Avec des annonces positives qui sortent des haut-parleurs. Et une voiture à gagner tous les jours.
Ce qu’il est, pour l’essentiel, mais les casseurs et emmerdeurs de tout poil rôdent près du portail en bois du fond : Rezo.net.


JPEG - 89.9 koL’internet que nous voulons : des couleurs, de la simplicité, des prix écrits gros.




Ce Portail des Copains est malheureusement une nébuleuse insaisissable. Si Rezo.net existe bien en tant que lieu, celui-ci est creux et n’est qu’une caisse de résonance pour les déviances d’individus domiciliés ailleurs, ce qui rend impossible toute tentative de décapiter proprement le web anarcho-autonome francophone.
Les autorités l’ont appris à leurs dépens il y a quelques années en tentant de démanteler le portail au cours d’une vaste manœuvre policière. Si l’opération a pu un temps sembler être couronnée de succès, la victoire n’a été que temporaire et les terroristes se sont bien vite adaptés. Certes, Pierre Lazuly passe aujourd’hui plus de temps à taquiner le bar que la muse et Rezo référence parfois le journal de Laurent Joffrin, mais il ne s’agit que d’arbrisseaux qui cachent la jongle conradienne.

On a cru un instant que la révolution des usages d’internet survenue avec l’avènement des réseaux sociaux allait bouleverser la donne et détourner les lecteurs innocents de la propagande véhiculée par Rezo, en plus qu’ils allaient fournir des données comportementales de première bourre pour affiner une relation 360 avec le prospect.
Il n’a malheureusement pas fallu longtemps pour que les cerveaux du portail réagissent et sortent leur propre réseau social sans publicité et peuplé de per.sonn.es imaginaires.
Bien entendu, cela a fait pleurer les spécialistes du marketing 360, qui commencent à se poser des questions sur l’authenticité des per.sonn.es présentes sur Facebook. Il pourrait après tout bien s’agir de chiens.

JPEG - 19.6 koLa blogosphère est rongée par Rezo.



En attendant de trouver un moyen imparable d’interdire les malfaisants, les acteurs officiels du net se résignent à coopter les trouble-fêtes.
La gratuité du système Rezo ne saurait faire long feu face à cette reprise en main rémunérée : on observe une migration de blogueurs qui naguère se plastronnaient d’intégrité vers diverses entreprises de conseil ou initiatives partisanes. D’autres se mettent au billet sponsorisé. D’autres encore assurent qu’ils vont voter DSK.
Il y aura un Rezo.net que tant qu’il restera des blogueurs déplaisants ou des journalistes ingrats, mais un internet propre est possible si chacun le désire assez.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire.


» Article initialement publié sur Brave Patrie

]]>
http://owni.fr/2009/11/24/le-portail-des-copains-10-ans-de-saloperies-sur-internet/feed/ 1
Le mythe de la désinformation sur internet http://owni.fr/2009/10/27/le-mythe-de-la-desinformation-sur-internet/ http://owni.fr/2009/10/27/le-mythe-de-la-desinformation-sur-internet/#comments Tue, 27 Oct 2009 17:01:17 +0000 Stanislas Jourdan http://owni.fr/?p=4966 L’un des paradigmes de l’internet, c’est l’égalité entre les internautes. Sur internet, tout le monde peut s’exprimer publiquement sans aucunes barrières si ce n’est celle de disposer d’une connexion à internet. De nombreux services gratuits favorisent d’ailleurs cela, et notamment les blogs (et cela devient de plus en plus facile avec des outils comme posterous ou Tumblr). En un mot, internet favorise la liberté d’expression.

CC Dreamsjung

CC Dreamsjung

Cette idée, plutôt positive au départ, fait pourtant peur à de nombreuses personnes. En effet, si l’on donne la parole à tout le monde (et donc n’importe qui), n’y a-t-il pas des dérives possibles? C’est en tout cas le discours d’un certains nombres de détracteurs (et bien souvent non-usagers) du net, Séguéla, Finkielkraut, Olivennes en tête, qui pensent qu’ internet est le paradis de la désinformation et de la diffamation. (bouh!)

Sans aller aussi loin, un ami m’a récemment fait part de ses réflexions sur le sujet :

(…) je pense qu’internet présente aussi des dangers, celui d’une part de pouvoir dire tout et n’importe quoi sans presque craindre de sanction, d’accusation de diffamation surtout si on fait ça anonymement, et d’autre part, tu parles parfois de “blogueurs influents”, et de là vient aussi un danger: Peut être qu’au fur et à mesure, internet va se structurer et des leaders d’opinion, comme en politique, vont émerger, peut être sans toujours dire la vérité! Internet pour moi présente surtout un danger contre la liberté: Le fait qu’une vidéo puisse être vue par des millions de personnes en moins de 24h est très dangereux: Une minorité de blogueurs peuvent détruire quelqu’un juste parce que ce dernier n’a pas les mêmes idées qu’eux.

Je suis persuadé que ces inquiétudes sont infondées, et je vais essayer de vous montrer pourquoi.

Prenons l’exemple d’un blogueur qui écrit un pamphlet infondé contre un homme politique connu. Que se passera-t-il?

Ecrire, c’est bien, être lu, c’est mieux …

Tout d’abord, si le blog est récent ou peu connu, il y a de fortes chances pour qu’il sera totalement ignoré et/ou que le billet ait très peu d’impact. En effet, tout blogueur ne naît pas “influent”! Et j’irai même plus loin : la plupart des blogs n’appartiennent même pas à la blogosphère ! En effet, un blog en fait réellement partie à partir du moment où ce blog est lu, commenté, repris par d’autres etc. Si ce n’est pas le cas, la tentative d’intox ne sera ni plus ni moins qu’un coup d’épée dans l’eau.

L’influence du blogueur : une question de confiance

Devenir “influent” est un (long) processus qui exige :

  • d’écrire des billets intéressants, de bonne qualité rédactionnelle, et bien sourcés.
  • d’être présent sur les réseaux sociaux : twitter, friendfeed ou autres, et y faire preuve de crédibilité.
  • de faire une veille informationnelle intense (pour trouver les bons liens notamment)
  • du temps et de la patience

Tout ce processus permet petit à petit de gagner la confiance des internautes, confiance qui est non seulement très longue à acquérir, mais peut aussi être perdue très rapidement ! A ce titre, même un blogueur connu n’a pas du tout intérêt à mentir à ses lecteurs, car il mettrait sa crédibilité en péril (et perdrait donc son audience).

Au passage, on remarque également que cette perte de confiance peut également affecter ceux qui relaient ces fausses informations via les réseaux sociaux !

L’importance du statut, y compris sur internet

De plus, il faut aussi que le blogueur ait une certaine crédibilité vis à vis du sujet dont il parle : une compétence particulière, des expériences, un statut. Ainsi, le fait d’écrire sous un pseudonyme peut éveiller la méfiance des lecteurs.

Je ne dis pas que le statut de la personne fait tout, mais si le blog est peu connu, cela joue énormément. D’ailleurs, savez-vous que la page “about” d’un blog (en général là où le blogueur se présente) est en général l’une des pages les plus visitée d’un blog ?

Les blogueurs hors d’atteinte de la loi ?

Là encore, une idée trop souvent admise par beaucoup de gens, à tort bien évidemment. La diffamation, comme dans la presse ou n’importe quel autre média est réprimée pénalement. D’ailleurs, le blogueur risque bien plus qu’un journaliste (par exemple) puisque le blogueur est personnellement responsable du contenu du blog, tandis que le journaliste (sauf indépendant) agit dans le cadre de son activité professionnelle (donc responsabilité du journal).

Il y a d’ailleurs déjà eu des exemples de blogueurs inculpés en justice, y compris sous anonymat (et parfois même absurdes) ! En fait, le concept même d’anonymat est à relativiser : il n’y a pas d’anonymat absolu sur internet !

Bon ok, mais admettons quand même qu’une intox se répande ?

De l’importance des commentaires…

Si l’on trouve des incohérences, un simple commentaire permettra de démentir l’information, et (encore une fois), c’est toute la crédibilité du blog qui s’en trouvera affectée. D’ailleurs, plus le blog est visité, plus il y a de chances qu’un lecteur avisé signale l’entourloupe… Et de fait la bombe se désamorce d’elle-même :) …

Et si les commentaires sont censurés, c’est encore pire car cette pratique sera très probablement dénoncée sur d’autres blogs ou les réseaux sociaux comme par exemple ici :

martinon-censure

La désinformation sur internet est donc un faux problème. Le débat est ailleurs.

Lecteur et information : un nouveau rapport

Je crois qu’il faut donc voir le problème d’une manière différente : après des décennies de médias de masses, de messe du JT, bref d’information à avaler telle quelle (sous prétexte de neutralité des médias), le processus et les acteurs générant de l’information ne sont plus du tout les mêmesce qui nécessite de fait que nous nous y adaptions.

Il revient désormais à chacun de prendre ses distances avec ce qu’il lit : l’article est-il sourcé ? Que disent les commentaires ? Qui en est l’auteur ? Autant de questions que nous devons nous poser à chaque fois que nous nous informons.

La bonne nouvelle c’est qu’internet est formidable pour cela : l’abondance d’informations permet de vérifier rapidement l’existence des prétendues sources, ou encore de les croiser avec d’autres.

De plus, je suis persuadé que ce processus est très vertueux pour chacun dans le sens où cela fait davantage appel à notre capacité d’analyse, de recul, et à nos connaissances précédemment acquises. En somme, internet nous amène à devenir acteurs dans ce nouvel écosystème de l’information…

Conclusion

Internet nous amène donc non seulement à repenser la manière dont nous nous informons (comme je l’avais déjà expliqué dans mes premiers billets), mais surtout à repenser notre manière d’appréhender cette information.

Globalement, le système s’autorégule et n’a pas besoin d’intervention externe pour limiter les dérives. Et même s’il y en a (et il y en aura encore), je préfère me réjouir des incroyables avancées que les médias sociaux permettent, et de leurs effets positifs, notamment pour la démocratie :).

Je crois qu’il faut également garder à l’esprit que tout cela reste très nouveau et qu’un temps d’adaptation/apprentissage est donc nécessaire.

Et c’est un véritable défi pour notre société. Êtes vous prêts à le relever ?

Article initialement publié sur Tête de Quenelle !

– — –

A lire ailleurs :

Internet et la fin des intellectuels en perruque – [Enikao]

La transparence est la nouvelle objectivité – Transnets

“Le net est la plus grande saloperie qu’aient jamais inventée les hommes” – BugBrother

]]>
http://owni.fr/2009/10/27/le-mythe-de-la-desinformation-sur-internet/feed/ 3